Qu’est-ce que la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) exactement ? Derrière cette institution créée en 1851, il y a la première société de gestion collective dans la musique en France, mais aussi à l’international avec l’explosion des plateformes numériques. Rencontrée à Cannes, en tant que partenaire institutionnel du Festival de Cannes, la directrice générale de la Sacem, Cécile Rap-Veber, a répondu à toutes nos questions.
Quel est le rôle de la Sacem dans un Festival comme Cannes ?
Cécile Rap-Veber : Il ne faut jamais oublier que le compositeur est le troisième co-auteur du film avec le scénariste et le réalisateur. C’est une histoire qui se fait à trois. Parmi nos projets d’accompagnement de nos membres, on aide les festivals mais aussi on accompagne à Cannes les compositeurs de musique de film à travers des rencontres et des prises de parole. Par exemple, La Sacem fait en sorte d’accompagner les projets audiovisuels avec un budget alloué au compositeur et à la musique de film. Cette mise en lumière sur les compositeurs est essentielle parce que la musique arrive souvent en bout de chaîne dans la production d’un film. Pourtant les plus gros succès sont souvent liés à histoires très fortes entre le réalisateur et le compositeur. Si le compositeur était impliqué dès le démarrage du film cela serait beaucoup plus intéressant.
Le Festival de Cannes est-il le plus emblématique à vos yeux ?
Cécile Rap-Veber : Oui, parce qu’il y a des rencontres internationales qui peuvent se faire. Par exemple, notre session « leçon de musique » permet d’avoir les témoignages de très grands compositeurs sur leur collaboration avec les réalisateurs. Mais nous sommes présents quasiment sur tous les festivals importants, que ce soit l’animation à Annecy, que ce soit le documentaire à Biarritz etc…
Cécile Rap-Veber : Le digital est devenu la première source de revenus de la Sacem avec 34 % et ensuite les médias puis l’audiovisuel et le « live »
Le site de la Sacem a fait complètement peau neuve ?
Cécile Rap-Veber : Avec un répertoire de 121 millions d’œuvres et 196 700 membres français et étrangers, l’idée était d’avoir une plateforme -qui regroupe six sites- où tout est fait pour vous simplifier la vie. De façon organique nos 7000 nouveaux membres par an sont passés à 14 000 depuis deux ans. On a simplifié les choses pour que les créateurs et les éditeurs qui travaillent en France puissent s’inscrire en trois clics. Mais je ne veux pas qu’on se transforme en une société où l’accès se fait principalement à travers des interfaces informatiques : nous conservons un accueil physique pour vous guider si besoin.
Peut-on dire que le droit d’auteur est une spécificité française ?
Cécile Rap-Veber : Dans le droit américain, il y a ce qu’on appelle « le Buy out » où le producteur donne une somme forfaitaire à un compositeur qui ne touchera plus jamais d’argent de toute l’existence du film ou de la série. Avec le concours évidemment du ministère et des parlementaires, David El Sayegh (directeur général adjoint de la Sacem) a fait inscrire une loi en France qui rend inapplicable le Buy out : à chaque fois que Netflix ou la télévision diffusera un de ses films, il y aura une exploitation et le compositeur sera payé(e) proportionnellement au succès de l’œuvre. Nous sommes fiers de constater que notre système fonctionne si bien qu’il attire aujourd’hui les compositeurs étrangers. Par exemple Howard Shore ( Le Seigneur des anneaux ) a une partie de ces droits qui est gérée par la Sacem.
Le numérique a mondialisé le marché des droits d’auteur…
Cécile Rap-Veber : Oui, nous sommes les premiers au monde à avoir signé avec Facebook et on a évidemment des accords avec toutes les plateformes digitales. On est devenu une data company et en même temps on a développé un service à la française. On doit analyser toutes les données (YouTube, Netflix, Facebook,…) que l’on reçoit via notre plateforme qui est unique avec toute sa base de documentation. Cette dualité fait qu’aujourd’hui on est numéro un mondial.
Quelle est la première source de revenus de la Sacem ?
Cécile Rap-Veber : Le digital est devenu la première source de revenus de la Sacem avec 34 % et ensuite les médias, et la troisième concerne tout ce qui est audiovisuel, live (concerts et sonorisation dans les lieux publics). Tout à la fin nous avons les supports phono et vidéo qui sont en déclin, mais qui représentent quand même encore 50 millions.
Que signifie concrètement protéger les auteurs et les compositeurs ?
Cécile Rap-Veber : La Sacem a pour premier rôle de de maintenir ou améliorer le degré de protection des droits de nos compositeurs, nos auteurs et des éditeurs de musique. Cela passe par des fonds d’aides ( le RAES pour venir en aide aux membres en difficulté) mais aussi par un accompagnement dès le début de carrière. Ce qui est important, c’est que nos créateurs puissent avoir du travail. Ici à Cannes, notre rôle consiste à permettre des rencontres qui peuvent initier des projets. Le métier de compositeur de musique est assez solitaire, donc nous les aidons énormément en les accompagnant dans des festivals de cinéma. C’est aussi cela la force de la gestion collective à la française.
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