Diplômée de Centrale Paris, Aurore Malherbes s’est spécialisée dans le cloud et la cybersécurité. Passée par Theodo et BAM, elle co-fonde Padok en 2018, à seulement 26 ans, avec l’objectif de développer pour ses clients les infrastructures digitales les plus performantes. En tant que CTO, elle s’illustre notamment en lançant, en 5 jours, avec son équipe, la plateforme officielle du Prêt Garanti par l’Etat (PGE) aux côtés de BPI France. Engagée sur le sujet des femmes dans la tech, elle partage sa vision de ce que doit être une politique RH au service du développement des équipes, féminines comme masculines.
De Centrale Paris à entrepreneure dans la tech
Avec un père informaticien et une mère dans la chimie, Aurore Malherbes a grandi dans un environnement où le goût pour les matières scientifiques se transmet avec passion. « J’ai aussi eu la chance de recevoir une éducation non biaisée, par exemple aux anniversaires, je recevais des costumes de princesse mais aussi des voitures dont il fallait monter le moteur ou encore des jeux de logique » explique l’entrepreneure. Très à l’aise en mathématiques comme en physique, Aurore Malherbes s’oriente vers une carrière d’ingénieure et intègre la prestigieuse école de Centrale Paris.
Son diplôme en poche, la jeune femme débute sa carrière chez Theodo, une société de conseil et de réalisation dans le digital, puis explore le développement d’interfaces mobiles chez BAM, filiale du groupe. Elle y manifeste un désir entrepreneurial qui trouve un écho auprès de Benoît Charles-Lavauzelle et Fabrice Bernhard, les fondateurs du groupe. Soucieux d’accompagner le développement de leurs équipes et de répondre aux demandes de leurs clients sur des expertises nouvelles qu’ils n’ont pas en verticale, les dirigeants innovent en lançant M33, un start-up studio spécialisé dans la création de produits tech B2B et B2C, au service des entreprises. L’idée ? Donner à tous les employés qui le souhaitent, grâce à une formation accélérée en interne, l’opportunité de devenir CEO ou CTO d’une nouvelle startup positionnée sur un nouveau segment d’activité et évoluant au sein de l’écosystème M33. Avec son associé Clément David, ils échafaudent le business plan de Padok, la start-up qu’elle co-fonde en 2018 au sein de M33 et qui se positionne dans le cloud et la cybersécurité. « La spécificité de Padok est de construire et d’opérer des infrastructures dans le cloud. Notre mission consiste à configurer des flottes de serveurs qui permettent le bon fonctionnement des applications et qu’elles soient accessibles au plus grand nombre. Par exemple, pour un de nos clients comme Frichti, nous sommes garants de l’interopérabilité des interfaces des livreurs, des clients et celle du site ».
Évoluant au contact de 8 start-up, la CTO se sent-elle plus entrepreneure ou intrapreneure ? « Entrepreneure sans hésiter, car nous avons fondé une société indépendante juridiquement de Theodo et nous en avons la responsabilité, tout en ayant l’avantage de bénéficier de l’accompagnement et de l’expertise de Benoît Charles-Lavauzelle et Fabrice Bernhard. »
Son rôle de CTO et son engagement auprès des femmes
La croissance rapide de l’entreprise oblige les associés à relever un nouveau défi, celui d’accompagner l’essor de l’activité par le recrutement et l’intégration de nombreux collaborateurs. En 2 ans, Padok passe de 2 à 40 salariés. Interrogée sur les bonnes pratiques managériales qui lui ont permis de relever ce défi RH, la CTO avance tout d’abord des valeurs: « On veille à faire grandir l’entreprise dans un climat d’exigence et de bienveillance. L’exigence sur les compétences est indéniable, cependant nous avons mis en place un processus de recrutement RH qui permet à chaque collaborateur d’être coaché par un membre plus senior de l’équipe. Cet interlocuteur dédié intervient aussi bien auprès du collaborateur pour l’aider à dénouer des problématiques clients que pour le renseigner sur les process RH interne. Ce coach est aussi appelé à jouer un rôle dans la carrière du collaborateur en l’aidant à identifier ses points forts et ses points faibles, et à poser les jalons de sa progression » explique Aurore Malherbes.
Les deux dirigeants ont mis en place une méthode inspirée de la culture d’entreprise de M33. « Une large place est donnée aux collaborateurs qui identifient des pistes d’amélioration en leur donnant la possibilité de proposer des plans d’actions et de prendre le leadership sur certains sujets ». Un espace de liberté qui permet aux salariés de progresser tout en ayant le cadre rassurant d’une équipe dirigeante qui insuffle une vision. Et cela fonctionne, en 2 ans, la société n’a connu aucun départ. En parallèle de son rôle de CTO, Aurore s’investit dans la communauté tech en partageant ses connaissances lors de conférences, notamment lors du tech.rocks summit ou du DevOps REX.
Très engagée sur le sujet des femmes dans la tech, Aurore figure parmi les fondatrices des programmes de mentoring auprès de salariées du start-up studio M33. « Il y a un vrai sujet de prise de confiance en soi et d’affirmation de sa personnalité. Mon rôle est d’aider les femmes à passer ce cap en se libérant de leurs propres freins ».
Le défi du Prêt Garanti par l’État : un challenge relevé grâce au collectif
En mars 2020, la crise du COVID donne à l’entreprise un nouveau challenge, celui de construire en 5 jours la plateforme officielle du Prêt Garanti par l’Etat (PGE) aux côtés de BPI France. Un défi de taille puisqu’il s’agit d’élaborer une plateforme dont l’infrastructure permet de tenir 500 000 demandes de prêt par heure. En pratique, cela signifie d’être en capacité d’encaisser « des pics de trafic de 3 millions de vues en 5 minutes sur le frontend et de 50 000 requêtes en 1 minute pour le backend » précise Aurore Malherbes. Quelle organisation a-t-elle mise en place pour tenir les délais impartis ? « Une des clés est de choisir la bonne équipe : suffisamment conséquente pour délivrer tout en restant peu nombreux pour avancer en ordre serré ».
Si la technologie est maîtrisée par ces profils tous séniors, reste à mettre en place une organisation millimétrée et fluide entre les partenaires (Pôle digital BPIfrance ou encore l’Agence Nationale de la Sécurité des Informations) pour éviter le rework et bénéficier de leurs compétences. Après 5 jours de travail acharné, la plateforme est officiellement lancée le 25 mars 2020 par Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances. « L’expérience a été intense mais on en garde un très bon souvenir. Le challenge était d’autant plus motivant qu’on savait que la plateforme allait être utile à des centaines de milliers d’entreprises ».
D’après les chiffres de France Stratégie, 659 000 entreprises ont souscrit un prêt et 134 milliards d’euros ont été générés. Une réussite qui contribue à la notoriété de l’entreprise qui dévoile un plan ambitieux pour les années à venir. En 2020, Padok a réalisé un chiffre d’affaires de 3 millions et prévoit de doubler ses effectifs en 2021, passant de 40 à 80 collaborateurs. Pour grandir et adresser de nouveaux marchés, Padok a fait le choix de créer des pôles business autonomes. « L’année dernière, nous nous sommes concentrés sur l’infogérance, cette année sur la cybersécurité ». Le pôle Business, nouveau modèle de croissance ? « C’est la solution que nous avons trouvée pour grandir dans un cercle vertueux qui préserve la culture d’entreprise ». Un maillage agile pour capter un marché en pleine croissance.
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