Anne-Christelle Pérochon s’apprête à boucler la deuxième levée de fonds de BIM, une application pour réserver les meilleurs restaurants géolocalisés. Portrait de celle qui en avait marre de passer des heures à essayer de réserver une table dans un restaurant.
Quand elle arrive dans ses locaux lumineux rue Saint-Denis, dans le centre de Paris, toute l’équipe se fend d’un « bonjour » enthousiaste. L’esprit start-up est bien là, à voir les sourires, les tenues des salariés et les Mac. Anne-Christelle Pérochon a choisi de se lancer dans l’entrepreneuriat avec une application facilitant les réservations dans les grands restaurants. Elle en a eu l’idée il y a trois ans alors qu’elle était en voyage à Tokyo : « j’ai eu un déclic dans la capitale gastronomique qui compte 150 000 restaurants, soit dix fois plus qu’à Paris. Ces établissements sont difficiles d’accès à moins de parler japonais ou d’avoir réservé des semaines à l’avance. C’était évident, j’allais trouver la solution dans le digital. Je voulais que la technologie permette de trouver les meilleures adresses géolocalisées, avec une information sur la disponibilité en temps réel », se souvient-elle. C’était il y a trois ans. Aujourd’hui, BIM travaille avec 1300 restaurants parisiens, dont 150 avec leurs disponibilités en temps réel, et 65 000 abonnés.
Si 2016 a été l’année de la construction, avec une première levée de fonds de 800 000 € et 2017 celle de l’international (et d’une seconde levée de fonds, en cours de préparation), les débuts n’ont pas toujours été simples pour la CEO de 26 ans, notamment pour trouver des associés. « En tant que femme, c’est la première difficulté à laquelle j’ai été confrontée : réussir à être prise au sérieux par des développeurs qui évoluent dans un milieu très masculin. Il y a une telle distorsion entre l’offre et la demande qu’ils peuvent choisir les projets dans lesquels ils vont s’investir. Au départ, je n’avais rien, je ne venais pas de ce milieu. Il a fallu vraiment s’accrocher. » Mais la jeune entrepreneure a de la ressource, elle est même plutôt du genre obsessionnelle. Au cours de ses nombreuses recherches avant le lancement du premier prototype de l’appli, elle est étonnée de voir que rien de semblable n’existait. « Je me suis lancée parce que je ne supportais pas l’idée que quelqu’un d’autre le fasse à ma place ». Pour preuve, très jeune, elle voulait devenir chirurgien de l’œil parce que ce métier paraissait « être la chose la plus compliquée donc cela m’intéressait ». Un peu plus tard, vers l’âge de 10 ans, elle a créé un jeu de société avec son père, consultant en économie et ancien professeur à HEC, mais elle ne sait pas pourquoi il n’a jamais été commercialisé. « Je lui poserai la question le week-end prochain ». Anne-Christelle avance vite dans la vie. Elle savait déjà lire et écrire en arrivant en classe de C.P. Ses parents lui faisaient la classe lors des nombreux voyages qu’elle faisait avec ses eux, « ce qui me faisait rater l’école ».
Gastronomie et voyage
Quand on a l’idée d’une application de « premium diner », il vaut mieux aimer bien manger. « Mon goût pour la gastronomie est venu progressivement. Mes parents étaient toujours à la recherche du bon restaurant, sans fioritures, où l’on mange bien, avec un accueil sympa, ce qui demande un peu plus de temps que de piocher au hasard dans un guide.» Dix ans à Bordeaux et de nombreux voyages dans le monde ont également penché dans la balance. « Ces deux passions se conjuguent. Voyager, c’est l’opportunité d’être immergé dans une culture et la gastronomie en est souvent la première porte. Il n’y a rien qui me dérange plus que l’idée d’amener des gens dans les pièges à touristes alors qu’ils passent à côté de restaurant plus près de la réalité culturelle, souvent meilleurs et moins chers. »
Une boss exigeante
Anne-Christelle Pérochon n’a pas de bureau attitré au sein des locaux de BIM. Si changer de place ne la dérange pas, elle est assez claire sur la vision de l’entreprise qu’elle a en tête, pointant que c’est son principal rôle. Alors qu’elle laisse de l’autonomie à ses collaborateurs, l’entrepreneure épicurienne a la même exigence envers eux qu’envers elle-même. « Je n’ai pas de problème à dire que la personne aurait pu faire mieux. Je déteste le gâchis. Souvent, la première question que je pose est « est-ce que tu es content de ce que tu as fait ? » Si la réponse est non, on décale la réunion, assume-t-elle. Je suis une boss exigeante, à l’écoute et parfois imprévisible. Les semaines peuvent être mouvementées. » Elle avoue avoir eu quelques déconvenues avec des problématiques R.H., réglées depuis, et lors de recrutement, qui se sont terminées par des licenciements. Quand on lui demande ce qu’elle fait quand elle ne travaille pas, elle répond du tac au tac : « Je cours quatre à cinq fois par semaine, tôt le matin ou tard le soir », précisant que cela lui permet de prendre du recul, puis rajoute qu’elle prend plaisir à travailler. Même quand elle n’est pas derrière son ordinateur, elle pense, mange et dort BIM. La preuve, l’été dernier, alors qu’elle était en vacances à Los Angeles, en vacances. Elle s’est débrouillée pour préparer l’arrivée de son application de réservation en parlant à des chefs, des clients américains pour connaître leurs adresses. « C’est de l’humain après tout », conclut-elle.
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