Après avoir lancé en France les soirées Mortified et Toast Challenge, la Canadienne à la tête de l’agence Present Perfect crée le label « Certifié sympa ». Son objectif : attribuer ce nouveau label à des entreprises, des commerces, des demandeurs d’emploi et pourquoi pas la CAF.
Cela fait dix ans qu’elle vit en France, mais Annabelle Roberts n’a rien perdu de son enthousiasme canadien. A 34 ans, la pétillante cheffe d’entreprise se plaît à dire qu’elle vient du « pays du bonheur ». Débarquée dans l’hexagone après des études de communication parce qu’elle voulait apprendre le français et ne voulait pas « être conseiller en com dans une boîte de pétrole au Canada », la jeune femme n’est jamais repartie. Entrepreneure dans l’âme, elle a créé son entreprise Present Perfect en 2013. Dans ses nouveaux locaux récemment inaugurés, elle énumère les nombreuses formations que propose désormais son business florissant. Comment pitcher, développer son esprit entrepreneurial, faire son personal branding… « Present Perfect est une agence qui forme des gens pour être plus fort au travail », résume-t-elle d’un ton assuré. Sérieuse dans le business, Annabelle a gardé son côté fun. En 2015, c’est elle qui a importé les soirées Mortified – où les participants lisent leurs journaux intimes sur scène – en France. La même année, elle a aussi inauguré le Toast Challenge, des soirées décalées où les volontaires prononcent un discours en public un verre à la main.
« Déployer le bouclier du bonheur devant ses équipes et ses collègues »
Malgré sa bonne humeur communicative, Annabelle Roberts a fini par trouver un défaut à son pays d’adoption. « Les Français ne sont pas sympas entre eux », lâche-t-elle. Et puisqu’elle n’est pas du genre à râler – ce serait bien trop Français –, la business woman a décidé d’agir pour changer les choses. Le mois dernier, elle a créé une formation permettant de délivrer le label « Certifié sympa ». L’idée ? Labelliser les entreprises qui proposent « un service clients qui rayonne le bonheur ». La formation, résumée dans un fascicule aux couleurs festives, se déroule en trois étapes. Dans un premier temps, les participants apprennent comment « construire leur bouclier de bonheur ». « Ceux qui ne sont pas convaincus ne reviennent pas le lendemain », prévient d’emblée la jeune femme. Pour ceux qui ne sont pas rebutés par le yoga du rire ou les moments confessions, la deuxième étape consiste à « déployer le bouclier du bonheur devant ses équipes et ses collègues ». « Nous apprenons à faire face aux pestes internes », explique Annabelle Roberts. Une fois cette compétence maîtrisée, il ne vous restera plus qu’à valider la dernière étape, à savoir exprimer votre sympathie en dehors de l’open space pour toucher les clients, mais aussi les passagers du métro ou les inconnus que vous croisez dans la rue. A la fin du processus, le label peut s’afficher sur une devanture de magasin, un CV, où le site d’une entreprise. « Si j’avais une liste des commerces où je suis sûre que les gens seront sympas avec moi, j’irais dans ces commerces. Si je cherche un travail et que je vois que cet employeur est certifié sympa, ça veut dire que l’ambiance est sympa », résume Annabelle.
Des demandeurs d’emploi qui brisent le cycle de la négativité
En plus des formations et audits de sympathie dispensés aux entreprises, Present Perfect forme gratuitement des demandeurs d’emplois en soirée, pour leur permettre d’apposer le label sympathie sur leur CV. « Ça nous permet d’arrêter le cycle de la négativité. On peut mettre en pratique des choses toutes simples, comme le fait de dire bonjour en demandant aux gens comment ils vont pour briser la glace », explique Angela, qui a suivi la formation. Pierre, aussi fraîchement certifié sympa, ajoute avec un sourire : « Au final, les gens sont tous un peu frustrés, surtout les Parisiens. Mais tout le monde cherche la même chose : être bien au travail et être bien reçu quand on entre dans un commerce. » Si elle a déjà formé plusieurs équipes de grosses entreprises, Annabelle Roberts a des objectifs ambitieux. « Je veux certifier sympa la Sécu, la CAF, les prisons… », assure-t-elle, avant de conclure sans ciller : « Je veux certifier sympa la France ! »
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