Alexandra Palt, Directrice Générale de la Fondation L’Oréal : « Notre mission est de rendre visible les femmes et de les célébrer »

Après deux ans de reports en raison de la pandémie, la Fondation L’Oréal et l’UNESCO ont rendu hommage le 23 juin dernier à 45 femmes scientifiques éminentes de plus de 35 pays et régions différentes, dans le cadre du Prix International L’Oréal-UNESCO Pour Les Femmes et la Science. Alexandra Palt, Directrice Générale – Responsabilité Sociétale et Environnementale du groupe L’Oréal et de la Fondation L’Oréal, revient pour Forbes sur cet évènement.

Quelle est la genèse de ce prix ?

Alexandra Palt : Le groupe L’Oréal, par son activité de recherche, est intimement lié à la communauté scientifique. Les liens privilégiés que nous entretenons avec les chercheurs et chercheuses, nous ont permis de prendre conscience du déficit de visibilité des femmes scientifiques. C’est ainsi qu’est né, il y a 24 ans, ce prix afin de valoriser l’excellence de leurs parcours et de les célébrer dans le cadre d’un évènement de dimension internationale. La Fondation L’Oréal s’engage aux côtés des femmes à travers trois domaines d’intervention : la recherche scientifique, la beauté inclusive, et le changement climatique.

Qu’est-ce qui fait la particularité de l’édition 2022 ?

Alexandra Palt : Après deux ans d’annulation en raison du COVID, cette édition est un condensé d’excellence, car nous mettons en lumière non pas une promotion, mais trois, celles de 2020, 2021 et 2022. Durant une semaine, les femmes scientifiques sont le centre du monde, avec un total de 15 scientifiques accomplies et 30 Jeunes Talents. Des profils exceptionnels de chercheuses et de dirigeantes d’entreprises ont marqué l’évènement de leur présence, tels que Katalin Karikó, Vice-présidente sénior de BioNTech ou encore Françoise Combes Professeure au Collège de France détenant une Chaire Galaxies et Cosmologie. 

Comment s’opère la sélection des talents ?

Alexandra Palt : Le grand prix international est un prix sur nomination des membres influents de la communauté scientifique. Les dossiers sont ensuite examinés par un jury prestigieux, à l’instar du professeur Raymond N. Dubois, Directeur exécutif de l’Institut de Bio-Conception de l’Université d’Arizona, et de la professeure Brigitte Lina Kieffer, Directrice de recherche à l’INSERM et membre de l’Académie Française des Sciences. Sur les 300 nominations, seules 5 femmes Lauréates par grande région du monde sont retenues. Le second prix récompense quant à lui les Talents Internationaux, qui se composent de doctorantes et post-doctorantes, qui ont fait acte de candidature.

Comment la Fondation L’Oréal accompagne les Lauréates ?

Alexandra Palt : En complément du soutien financier, les Lauréates bénéficient de formations en management, en communication, ces fameux soft skills indispensables pour briser le plafond de verre. L’autre atout de cet évènement est d’offrir aux femmes scientifiques l’accès à un réseau de haut vol. Beaucoup de Lauréates mentorent d’ailleurs les Jeunes Talents. Enfin, nous leur donnons accès à une plateforme d’informations qui centralise les opportunités, les évènements, mais aussi les articles sur l’empowerment au féminin, pour aider les femmes à exprimer tout leur potentiel.

Quel enseignement tirez-vous de la crise que nous avons traversée du point de vue de l’exposition des femmes ?

Alexandra Palt : Les grandes crises sont toujours à la défaveur des personnes qui subissent des inégalités. Les femmes scientifiques n’ont pas échappé à la règle. Il n’y a qu’à voir la place qui leur a été donnée dans les médias ou dans les comités scientifiques, où la parole était essentiellement masculine. Or, nous savons à quel point la visibilité, et la capacité à publier sont clés pour la carrière des chercheuses. C’est bien là tout l’intérêt de notre initiative, aider les femmes à reprendre la main sur leur destin et avoir un impact positif sur la société.