Elle faisait partie du cru 2023 du palmarès des Femmes Forbes. La directrice générale d’Engie est entrée en poste en pleine crise du gaz russe et s’est vue propulsée en pleine lumière. Aujourd’hui, c’est elle la patronne, missionnée pour développer les énergies renouvelables et les infrastructures gazières.
Au moment de sa nomination à la tête d’Engie, le leadership de Catherine MacGregor n’a rien d’évident. En octobre 2020, la nouvelle directrice générale souffre de deux handicaps. D’abord, elle est inconnue du microcosme parisien, la quasi-totalité de sa carrière s’étant déroulée à l’étranger. Ensuite, cette mère de deux filles n’a travaillé jusqu’ici que dans des groupes parapétroliers. Pas le meilleur profil pour relever le défi de la transition énergétique. À Engie, elle suivra le même mode opératoire en consultant plus d’une centaine de responsables en interne comme en externe. Sa mission est claire. Elle doit développer les énergies renouvelables et les infrastructures gazières conformément à la feuille de route qui a été établie par le conseil d’administration avant son arrivée. Elle doit aussi travailler en bonne intelligence avec le président du conseil d’administration Jean-Pierre Clamadieu.
La guerre, aussi, a donné un momentum à la femme d’affaires, rare patronne du CAC 40. Quelques jours après l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, Catherine MacGregor alerte les pouvoirs publics sur la nécessité d’anticiper si jamais l’Europe décidait d’un embargo sur le gaz russe. Dans un contexte compliqué, la femme d’affaires enregistre contre toute attente des résultats records.
Avec Macron en Algérie
Elle gère avec ses équipes la possibilité de ne plus pouvoir livrer ses clients et le risque d’exposition financière, conséquence de l’envolée des prix du gaz. En août, Catherine MacGregor accompagne Emmanuel Macron en Algérie et conclut un contrat de fourniture de gaz naturel liquéfié avec le fournisseur local Sonatrach. Au même moment, d’autres accords similaires sont signés avec les Etats-Unis et la Norvège. Des achats qui permettent non seulement de sécuriser les approvisionnements en remplissant les stocks à 100%, mais aussi de vendre au prix fort des hydrocarbures aux autres pays. Finalement, l’Europe n’a pas manqué de gaz durant l’hiver, et grâce à la hausse des prix de l’énergie et à la manne du trading, 30% de son bénéfice opérationnel l’an dernier, Engie a dégagé des résultats impressionnants, alors que dans le même temps son concurrent allemand Uniper, plus exposé sur le gaz russe, faisait faillite. « Le groupe a très bien géré cette crise », assure Catherine MacGregor. Comme patronne exécutive d’Engie, elle applique une stratégie définie par le conseil d’administration présidé par Jean-Pierre Clamadieu. Elle négocie notamment la vente d’Equans à Bouygues, avec une promesse du repreneur de maintenir l’emploi pendant cinq ans. Elle réorganise l’organigramme mais ne parvient pas à fermer les deux dernières centrales nucléaires belges, dont la durée de vie est prolongée jusqu’en 2035 par décision du gouvernement belge. Mais elle maintient l’objectif de développer les énergies renouvelables dont la part dans la production de ENGIE devrait passer à 58% en 2030.
Parents profs de maths
Née Catherine Fiamma, la directrice générale d’Engie naît au Maroc il y a 51 ans. Ses parents, professeurs de maths, lui transmettent des valeurs de rigueur, de travail et d’indépendance. Elle étudie au lycée Lyautey à Casablanca jusqu’à ses 14 ans, lorsque sa mère décide de s’installer à Paris. La jeune française rêve alors de travailler dans le secteur aéronautique avant de finalement opter pour l’École Centrale. À sa sortie, elle rejoint le géant Schlumberger et part rapidement travailler sur une plateforme pétrolière au Congo. Là-bas, à Pointe-Noire, Catherine MacGregor dirige les activités de forage.
Quelques années plus tard, elle part travailler à Aberdeen en Écosse, avant de s’envoler en direction de Houston, au Texas, puis Lafayette, en Louisiane. Chez Schlumberger, elle occupera tous les postes, à l’exception de la direction financière. Au milieu des années 2010, les cours du pétrole s’effondrent et dans la tourmente, Schlumberger supprime 16.000 postes. En 2018, Catherine MacGregor claque la porte du parapétrolier. L’heure est alors au changement et, surtout, au challenge, et elle s’engage avec l’énergéticien britannique TechnipFMC où elle aura pour mission de mener la scission de la division Énergie. Le projet, retardé pour cause de Covid, l’aura alors définitivement placée sur le radar des chasseurs de têtes recrutant pour le CAC 40. Au même moment, Engie s’apprête à effectuer un virage stratégique considérable, visant à recentrer l’entreprise sur les infrastructures, le gaz, les renouvelables et certains services énergétiques. Alors CEO, Isabelle Kocher est en rupture totale avec son conseil et ne fait plus partie des plans. Son mandat n’est pas renouvelé et le géant de l’énergie se met en chasse d’un nouveau patron qu’il trouvera en 2020 en la personne de Catherine MacGregor.
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