Parce que le féminisme est de plus en plus prisé par la génération Y, le débat sur l’équilibre entre congé parental et vie professionnelle se fait de plus en plus entendre. Ayant récemment repris un travail à plein temps après la naissance de mon premier enfant, j’ai étudié les raisons pour lesquelles les femmes nouvellement mères reprennent ou non le travail après un congé maternité.
Les raisons motivant une mère à travailler ou à rester à la maison avec son enfant sont bien sûr profondément personnelles et dépendent de chaque situation, mais quelques points communs peuvent cependant apparaître. Si une entreprise souhaite conserver une employée après un congé maternité, il existe 7 notions sur lesquelles l’équipe de direction peut se concentrer afin d’augmenter ses chances d’y parvenir.
1- Établir une généreuse politique de congé maternité
Cela va de soi, et constitue aujourd’hui un sujet de préoccupation populaire parmi la génération Y. Chacun sait que parmi les pays développés, les États-Unis présentent l’une des pires politiques en matière de congé maternité. Cela laisse l’opportunité aux employeurs américains de se rattraper.
Le National Partnership for Women and Families (une association à but non-lucratif basée à New-York) a rapporté que seulement 14% des travailleurs aux Etats-Unis ont accès au congé maternité payé par l’employeur, tandis que le congé non payé n’est une option que pour moins de 50% de la population active, puisqu’il nécessite que le salarié ait été employé par l’entreprise pendant au moins 12 mois avant la naissance, mais aussi que l’entreprise emploie plus de 50 personnes dans un champ de 120 km. Et encore, parmi ceux qui peuvent y prétendre, beaucoup sont ceux qui ne peuvent se permettre de prendre 12 semaines de congé sans solde.
À la lumière de tout cela, les employeurs qui fournissent 12 semaines ou plus de congé payé augmentent largement la probabilité de voir leurs employées reprendre le travail après le congé parental.
« Pour mon premier enfant, j’étais enceinte lors de mon embauche. Je ne pouvais donc pas prétendre au congé maternité payé, n’ayant pas été employée de l’entreprise assez longtemps, » relate Kathy Hann, PDG d’Idyllic Poursuite, une entreprise de coaching d’entreprise. « Je suis retournée au travail après six mois de congé sans solde et y suis restée quelques semaines avant de décider de quitter ce travail pour de l’intérim. Si l’on m’avait offert un véritable congé maternité avec un planning flexible, je serais restée. «
2- Rendez le retour au travail financièrement rentable
D’après un sondage récent, seulement 20% des chercheurs d’emploi ont déjà pris ou comptent prendre un congé maternité. Pas moins de 32% de ceux qui en ont déjà bénéficié désignent la charge de travail comme la raison principale au fait de ne pas prendre de congé, désignant ensuite l’aspect financier puis la faiblesse de la politique d’entreprise à ce sujet.
Compte tenu du nombre important de foyers qui aujourd’hui dépendent des revenus des deux parents, pour beaucoup de femmes ne pas retourner au travail n’est pas même une option. Toutefois, les femmes qui gagnent moins d’argent sont plus enclines à considérer le compromis et ont du mal à trouver un sens à l’obligation de financer les coûts de garderie afin de pouvoir travailler. Plus leur salaire est élevé, plus le compromis consistant à ne pas reprendre le travail pour prendre soin de leurs enfants est coûteux. Il leur est alors difficile de démissionner.
« Mis à part la nécessité de gagner ma vie pour subvenir aux besoins de mon foyer, je ressens également la franche envie de travailler, » affirme Christine Lewis, responsable des comptes à InkHouse Media Marketing, une entreprise de relations presse. « Je suis une meilleure mère et épouse parce que je travaille à plein temps et que j’aime mon emploi. »
3- Se montrer compréhensif pendant la transition
Chaque situation est unique, il est donc important pour les employeurs de comprendre que la politique de l’entreprise concernant le congé maternité et les conditions de travail peut certes fonctionner pour la plupart des employés, mais pas forcément pour tous. Adapter la politique de l’entreprise en prenant en compte les scénarios individuels permet aux jeunes mères de se sentir valorisées et appréciées.
« J’ai eu un emploi génial dans la communication pendant cinq ans, avant la naissance de ma fille, mais j’ai par la suite décidé de revenir au statut de travailleur occasionnel après dix semaines de congé maternité, » raconte Erin Goodnow, fondatrice et PDG de Going Ivy, un groupe de consultants. « Je suis si reconnaissante pour cette opportunité qu’est le travail occasionnel ! Je ne me suis pas faite à la maternité très vite, il m’a fallu un peu plus de temps pour parvenir à établir une routine avec ma fille. La personne qui me supervisait au travail s’est montrée très accommodante, et a commencé à m’assigner des tâches dans une configuration qui ressemblait à du travail à la pige. Je pouvais refuser la tâche si j’étais trop occupée, ce que je n’ai presque jamais fait. »
4- Ne mettez pas un frein à sa croissance professionnelle
De nombreuses mères se trouvant sur le marché du travail tentent de maîtriser tout ce à quoi elles font face: elles veulent pouvoir tout faire, bien que souvent cela ne soit pas possible. Dans beaucoup de cas, proposer à une mère des options d’ajustement des conditions de travail aide à faire redescendre cette pression. Néanmoins, faites attention au fait qu’aucune femme intéressée par l’évolution de sa carrière ne veut s’entendre dire qu’elle est rétrogradée ou que des responsabilités supplémentaires lui échappent à cause de son nouveau statut.
Les jeunes mères veulent conserver la possibilité de s’investir davantage dans leur travail et de gravir les échelons; maintenez donc cette possibilité pour vos meilleures employées, sans souci de leur statut de mère ou non. Si une employée n’est pas prête à plus de responsabilités, elle vous le fera savoir, mais laissez-lui le choix. Si une promotion lui revient et que vous la lui offrez, vous lui manifesterez ainsi votre soutien pendant cette période intense pour elle, tout en rendant possible son investissement plus grand dans votre entreprise.
« Mon employeur est incroyablement généreux et souple en ce qui concerne les arrêts maladie et les créneaux à libérer pour les rendez-vous chez le docteur de mon enfant, » confie Brittney Garneau, principale chargée des comptes à Perpont Communications, une entreprise de relations presse. « En tant que première personne de la génération Y de mon entreprise à avoir un enfant, j’ai le sentiment d’avoir établi un bon exemple de mère qui travaille. J’ai d’ailleurs récemment été promue au poste de manager. »
5- Proposez-lui un emploi du temps flexible
Dans l’ensemble, mis à part un congé de maternité adéquat et un salaire plus élevé, un travail plus flexible est ce que les femmes auxquelles je me suis adressée ont déclaré comme le facteur le plus important de leur retour au travail. Si de nombreuses femmes peuvent se remettre directement au travail et au rythme de 50 heures d’activité professionnelle par semaine, d’autres peuvent se sentir terrifiées à l’idée de laisser leur enfant aux mains de quelqu’un d’autre.
« Il m’a été proposé un arrangement professionnel flexible qui consistait à travailler quatre jours par semaine, » partage Katharina Eggers, directrice de marque à Rêve Consulting, une entreprise de conseil. « Cela a rendu mon retour infiniment plus simple, émotionnellement et concrètement. Travailler quatre jours semble faisable, même en tant que nouvelle maman, cela n’a donc pas été pour moi une grande préoccupation. »
Les femmes de la génération Y sont particulièrement enclines à demander plus de flexibilité après la naissance d’un enfant, car elles savent que beaucoup d’emplois peuvent être adaptés à leur mode de vie aujourd’hui. De fait, si les employeurs ne sont pas suffisamment souples, certaines femmes font appel à leurs ressources personnelles pour monter leur propre entreprise, qui correspond alors parfaitement à leur style de vie.
« Je viens de mettre au monde mon deuxième enfant, et suis retournée au bureau lundi pour donner ma démission après mon congé maternité », explique Yana Shellman, propriétaire de Yana Shellman Photograhy. « J’ai pu monter une entreprise de photographie de mariage ces dernières années, ce qui nous permettra d’avoir un peu plus d’aisance financière tout en me laissant la souplesse nécessaire pour m’occuper de mes jeunes enfants. Je réalise que si l’entreprise où je travaillais ne m’avait pas permis d’avoir une certaine flexibilité dans mon emploi du temps, je n’aurais peut-être pas tenté de concrétiser mon projet en parallèle afin d’avoir une carrière de remplacement. Maintenant, je peux associer ma carrière et mon statut de mère avec beaucoup plus de satisfaction et de bonheur. »
6- Donnez-lui l’occasion d’être un modèle pour son enfant
« Je suis retournée au travail après 12 semaines de congés pour mes deux enfants, » nous livre Alissa Carpenter, coach en développement personnel dans une entreprise de coaching auprès de personnes faisant partie de la génération Y. « Il m’était important d’avoir des conversations intellectuelles quotidiennes avec des adultes, d’apporter une contribution financière à ma famille et de travailler avec autrui dans l’accomplissement d’objectifs personnels. Je voulais aussi que mes enfants sachent qu’être un parent qui travaille est une option qu’ils pourront choisir plus tard si elle leur correspond. »
Nombreuses sont celles qui veulent que leurs enfants sachent qu’il existe une multitude d’options pour les mères et leur carrière. Elles retournent au travail pour montrer à leurs enfants que les possibilités sont infinies et qu’ils pourront un jour faire le choix qui leur convient. Les employeurs peuvent agir dans ce sens en donnant de l’autonomie aux mères, par le biais d’opportunités exceptionnelles dans leur travail et en permettant par exemple aux parents d’emmener, une fois par an, leur enfant avec eux au travail afin qu’ils deviennent pour eux des sources d’inspiration.
7- Aidez-les à aimer leur travail
Les mères qui aiment leur travail sont évidemment bien plus intéressées par un retour au bureau après leur congé maternité. Bien qu’il y ait des avantages et des inconvénients à chaque emploi et que vous n’êtes certainement pas censé(e) tout leur servir sur un plateau, avez-vous toutefois demandé récemment à l’une de vos jeunes mères employées ce qu’elle pense de son travail, ou ce qu’elle aimerait faire de sa carrière ? Les conversations au sujet des perspectives professionnelles de ces jeunes mères et femmes actives vous mettent en main les outils favorisant l’intérêt de ces employées pour leur travail.
« Avant mon emploi actuel, je pensais depuis toujours devenir mère au foyer après la naissance de mes enfants, » se souvient Megan Derkey, directrice des comptes à Bellmont Partners. « Je n’avais jamais aimé suffisamment aucun de mes emplois pour être intéressée à l’idée d’être une mère qui travaille. Mais il y a un peu plus de deux ans j’ai trouvé le travail de mes rêves, dans une fabuleuse entreprise qui est un environnement favorable à la vie de famille. Pendant ma grossesse, j’ai prévu de revenir au travail à temps plein après environ 12 semaines de congé, et j’avais une place assurée en crèche. Pendant mon congé, mes pensées ont évolué tandis que je m’adaptais à mon nouveau statut de mère, et je ne me sentais pas prête à laisser ma fille cinq jours par semaine. Quand j’ai abordé le sujet avec mes supérieurs, ils se sont montrés très ouverts à toute sorte d’arrangement. J’ai fini par prendre un congé maternité de 14 semaines, et je travaille à présent trois jours par semaine, ce qui est la combinaison parfaite pour moi. »
Même si certaines jeunes mères ne reviendront pas au travail, ces conseils valent la peine d’être appliqués
Il se peut que vous appliquiez chacun des points énoncés ci-dessus afin de créer un environnement de travail excellent pour les jeunes mères, et que votre employée décide tout de même de démissionner. Certaines personnes peuvent tout simplement ne pas se montrer sensibles même au plus grand nombre de modifications apportées à leur vie professionnelle, et décider de ne pas reprendre le travail en conséquence.
Bien que le choix d’une carrière soit spécifique à chaque mère, les employeurs peuvent conserver les talents dans leur entreprise en appliquant une politique intelligente consistant par exemple, comme nous l’avons dit, à offrir un congé parental adéquat, à rémunérer correctement les employées, à travailler avec elles lors de la transition du retour au travail, à offrir des promotions etc. Tout cela est très judicieux si la direction veut augmenter ses chances de retenir les mères de la génération Y dans l’entreprise, plutôt que de voir ces talents lui filer entre les doigts.
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