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Villes du futur | Quelles méthodes novatrices pour accélérer la transition et impulser des modèles plus durables ?

Sandrine Damour, fondatrice de Urban Perspective © Laurent Chiu

Avec 30% à 40% d’émissions carbone générées lors de l’aménagement des quartiers, la gestion de la ville est un défi. Un challenge certes, mais également un levier d’action pour la transition écologique. Œuvrer pour la résilience urbaine, générer l’action commune et les co-bénéfices, soutenir la décarbonation du secteur de l’immobilier, telle est l’expertise de Sandrine Damour, fondatrice d’Urban Perspective, bureau d’architecture et de stratégie urbaine. Aujourd’hui, pouvoirs publics et entreprises privées du secteur l’immobilier et de la finance durable la sollicitent pour déployer les innovations GETHERplan qui produisent des résultats spectaculaires pour optimiser les processus de projets urbains et adopter des modèles plus durables. Au bénéfice du plus grand nombre. Entretien.

 

Dans le paysage des innovateurs du domaine urbano-architectural, Sandrine Damour est une inventrice hors norme au service de la résilience urbaine. Loin du green washing, il s’agit d’agir maintenant, mais surtout de proposer des outils opérationnels pour implémenter la transition écologique. Tous les aspects sous-jacents à cette impérieuse mission sont passés au crible par cette empêcheuse de tourner en rond. Dans le contexte d’urgence que nous connaissons aujourd’hui – générant une recherche désespérée de solutions efficaces pour accélérer la transition – de nombreux acteurs émergent, mais ses innovations, protégées, se démarquent par leur pertinence et intéressent tous azimuts. La Française a hérité du pragmatisme suisse, mais a intégré l’ambition écologique de son pays d’origine.

Sandrine Damour était encore récemment à Lausanne – en tant que conférencière – aux Rencontres Internationales de l’Urbanisme où des chercheurs du monde entier se sont réunis pour repenser les territoires au prisme de la co-construction de la ville durable. Influencés par les Accords de Paris, les politiques publiques et les acteurs privés sont engagés dans la transition écologique. Ces dernières années, nous assistons à une prise de conscience grandissante de la population quant aux risques liés à l’urgence climatique, d’autant que ceux-ci deviennent de plus en plus observables. Au-delà des gros titres du 20h, quand on parle de transition, de quoi s’agit-il ?

« La transition est un changement de paradigme dont le processus est indubitablement marqué par l’incertitude. Le rôle de la transition est de repenser certains principes de base qui ont guidé nos sociétés jusqu’à présent afin réorienter les sociétés, les économies et les systèmes de production et de consommation vers des modèles plus durables, équitables et respectueux de l’environnement. La transition appliquée à l’urbanisme consiste à agir pour la résilience urbaine, soit la capacité des acteurs, organisations et systèmes d’une ville à s’adapter et évoluer malgré les chocs majeurs. », introduit Sandrine Damour.

La ville du futur, une ville résiliente © Damour Creation-Architecture

 

Revoir son logiciel de pensée, donc. Un « shift » nécessaire, car « toute inertie nous coûtera plus cher que l’action » selon Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies. Définir une vision à long terme, organiser des actions cohérentes et partagées. Vite, le temps presse…

 

Le phénomène est mondial, les actions se doivent d’être coordonnées autour d’une vision partagée. L’experte en stratégie urbaine nous invite à nous intéresser au travail du collectif « 100 Resilient Cities (100RC) », financé par la Fondation Rockefeller. Ce collectif a établi des principes de résilience, principes-guide pour l’aménagement des villes. La ville de Paris est d’ailleurs devenue membre du collectif en 2015. Le projet « cours Oasis » se veut une référence d’application, valorisé par l’ADEME. Il a consisté à réaménager les cours d’écoles pour anticiper le changement climatique. Inspirée par cette vision partagée, Sandrine Damour défend une ville co-construite, intégrée, démocratique et résiliente.

La ville co-construite doit se doter de cadres et d’outils permettant à chaque partie prenante de collaborer, s’exprimer, échanger et apporter sa contribution de manière simple et adaptée à ses compétences. La ville intégrée, quesako ? Il s’agit de définir une culture et des processus utiles à un maximum d’acteurs de l’écosystème. Ils valorisent les co-bénéfices de l’ensemble des contributeurs. La ville démocratique, ce sont des projets urbains qui correspondent aux volontés majoritaires des citoyens et associations d’intérêts de la zone à bâtir ou à transformer. Enfin, la ville résiliente poursuit l’objectif d’améliorer la performance durable des quartiers. Elle absorbe les perturbations climatiques, limite ses impacts environnementaux et favorise la résilience économique des acteurs.

 

La méthode de concertation démocratique GETHERplan pour en finir avec les « ZAD » 

Sandrine Damour ne s’arrête pas à une simple rhétorique de surface. « Générer l’action commune, valoriser les co-bénéfices » : énoncer les valeurs est certes important, mais le défi se situe dans la mise en œuvre. Enrichie par dix ans de pratique du secteur de l’architecture et l’analyse des écosystèmes urbains, la fondatrice construit des outils qui relie les disciplines pour des processus plus efficients et engage des pratiques qui offrent plus de résilience.

« Pour un futur souhaitable, la valorisation économique de l’ensemble des acteurs engagées dans un processus ou un projet doit remplacer la logique obsolète du capitalisme actuel, orienté vers le seul intérêt individuel. C’est une vision individualiste de l’économie qui a mené notre système aux risques planétaires que nous connaissons aujourd’hui, ce principe fondateur du capitalisme doit évoluer. La conscience de nos interdépendances nous amène inévitablement à penser des modèles écosystémiques plus vertueux. » résume-t-elle.

Concrètement, pour la finance durable et son rôle clé dans la transition, elle propose un référentiel de ciblage des « Innovations de Transition » ou « Innovations d’intérêt public », soit les solutions transformatrices du système vers des modèles plus durables. Inédit, ce référentiel, développé en collaboration avec le secteur de la recherche académique, permet aux acteurs de la finance de cibler les solutions les plus novatrices et d’évaluer leur potentiel de transformation pour la transition. L’objectif visé est de soutenir cet univers dans sa mission stratégique de financement de l’économie privée et lui permettre d’activer les schémas les plus intéressants pour les mutations sociétales qu’implique cette révolution verte.

 

Des interactions win-win qui permettent aux porteurs de projets urbains de légitimer leur démarche.

Soutenus par les fonds européens et nationaux, les collectivités publiques françaises, expérimentent de nombreuses innovations sur leur territoire. « Les études soulèvent qu’en l’absence de méthode-type de ciblage et de suivi, la capitalisation sur les expériences territoriales ainsi que la mise à l’échelle des pilotes réussis est difficile. Se pose également la question du déploiement de ces expérimentations sur d’autres territoires pour une utilité plus globale. Grâce au référentiel de ciblage des ‘Innovations de Transition’ proposé par Urban Perspective, les politiques publiques disposent d’un cadre commun qui répond à ces problématiques. De plus, les collectivités publiques disposent d’un outil pratique pour évaluer les innovations les plus utiles à leur engagement pour la transition afin de les implémenter sur leur territoire et évaluer, si nécessaire, les impacts bénéfiques générées, soit l’efficience de l’action publique. », éclaire Sandrine Damour.

Afin de limiter les risques de blocage des projets urbains, les fameuses ZAD, « zones à défendre », ou encore les manifestations autour du climat, l’instigatrice met en place – avec les aménagistes – une innovation de processus intitulée « méthode de concertation démocratique GETHERplan ». Elle permet une gouvernance équitable des parties prenantes d’un projet urbain en intégrant les propositions citoyennes majoritaires au projet du concepteur. Une première phase de concertation offre aux citoyens concertés un cadre propice à l’échange et la recherche de compromis grâce à un outil adapté. Les résultats de la seconde phase, l’analyse, rendent opérationnel le traitement des propositions diverses et variées issues de la population. Si bien que l’intégration des propositions majoritaires facilite le processus de planification et le travail du concepteur.

Ces interactions win-win permettent aux porteurs de projets urbains de légitimer leur démarche. Ils limitent ainsi les coûts et les délais relatifs aux oppositions et enfin maximise la marge de leur placement immobilier. Expérimenté en partie en Suisse avec un grand succès et actuellement proposé en tant que service, Urban perspective permettra prochainement à tout acteur de la concertation, qu’il soit du secteur public ou privé, de mettre en place cette méthode.

Cet aéroport polémique voulu à Notre-Dame-Des-Landes – abandonné depuis – a déchaîné les passions, qu’en aurait-il été si le projet avait suivi cette voie ?

Des méthodes qui ont de quoi ramener la sérénité, le consensus et accélérer la délicate mission qu’est la ‘transition’. A quand une adoption dans l’Hexagone ?

 

Pour aller plus loin :  

Urban Perspective

GETHERplan Action Climat

www.getherplan-actionclimat.com

 

<<< À lire également : « Malgré La Crise, Les Français Toujours Conscients De L’Urgence Écologique »>>>

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