« Un tournant décisif » : L’UE accepte de décarboner le transport aérien

L’Union européenne (UE) a conclu un accord provisoire visant à décarboner le transport aérien et à « créer des conditions de concurrence équitables » pour les carburants durables pour l’aviation (CDA).

L’initiative ReFuelEU Aviation vise à mettre le secteur européen du transport aérien sur une trajectoire permettant d’atteindre les objectifs climatiques de l’UE pour 2030 et 2050. Adina-Ioana Vălean, commissaire européenne aux Transports, a qualifié l’accord de « tournant pour l’aviation européenne ».

Avant d’avoir force de loi, l’accord doit être approuvé par les différents États membres de l’UE, mais cette étape est considérée comme une formalité. Une fois adoptée, les compagnies aériennes devront se conformer à cette nouvelle règlementation et utiliser des carburants qui mélangent des CDA avec du kérosène dans des quantités progressivement plus importantes, en commençant par 2 % du carburant total en 2025, puis 6 % en 2030 et 70 % en 2050.

Ces quotas devraient contribuer à stimuler la demande et l’offre de CDA, ce qui entraînera une baisse des coûts. Jusqu’à présent, le développement des CDA a été entravé par la faiblesse de l’offre et par des prix encore considérablement plus élevés que ceux des combustibles fossiles.

L’initiative ReFuelEU Aviation est présentée comme une solution gagnante à la fois pour l’environnement et pour l’économie. « Le passage à des CDA améliorera notre sécurité énergétique, tout en réduisant la dépendance aux importations de combustibles fossiles », a déclaré Adina-Ioana Vălean. « Ce type de mesures contribue à faire de l’Europe un leader mondial dans la production de carburants propres innovants. Nous estimons que le marché des CDA créera plus de 200 000 emplois supplémentaires dans l’UE, principalement dans le secteur des énergies renouvelables. »

Depuis 2021, l’UE et les États-Unis se sont mis d’accord pour parvenir à des émissions nettes de carbone nulles d’ici 2050. Cependant, leurs approches ont été différentes.

Début septembre 2021, le gouvernement Biden a annoncé un nouvel objectif en matière de CDA visant à en augmenter la production à hauteur d’au moins trois milliards de gallons par an d’ici 2030. Ce plan prévoit un crédit d’impôt pour les CDA et le lancement d’un nouveau grand défi pour les CDA afin d’accélérer la production nationale à l’aide d’une feuille de route conçue de manière globale par une équipe interinstitutionnelle comprenant les départements américains de l’Énergie, des Transports et de l’Agriculture, ainsi que des parties prenantes issues de laboratoires américains, d’universités, d’organisations non gouvernementales et des secteurs de l’aviation, de l’agriculture et de l’énergie.

Mercredi 26 avril, l’Association internationale du transport aérien (IATA), le lobby mondial des compagnies aériennes, a exprimé des réserves quant à l’approche fondée sur des mandats décrite dans le plan européen. Les mandats envoient « un signal aux producteurs et au marché » et « risquent d’entraîner une augmentation considérable des coûts et une autorisation d’imprimer de l’argent pour les fournisseurs de carburant, tout en augmentant le prix de la mobilité dans toute l’UE », a déclaré Conrad Clifford, directeur général adjoint de l’IATA.

« La loi sur la réduction de l’inflation aux États-Unis montre le pouvoir d’incitations importantes pour stimuler la production », a déclaré Conrad Clifford. « Si l’UE ne déploie pas une puissance de feu similaire, elle risque de devoir importer des CDA pour atteindre ses propres objectifs, ce qui entraînera une augmentation des coûts et une diminution des gains environnementaux. »

Article traduit de Forbes US – Auteure : Suzanne Rowan Kelleher

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