Rechercher

TRIBUNE | Comment la guerre en Ukraine a forcé l’Europe à accélérer dans sa course aux énergies vertes

Jonathan Aiach, Directeur du développement chez CapMan
Jonathan Aiach, Directeur du développement chez CapMan

Dans cette tribune exclusive pour Forbes France, Jonathan Aiach, Directeur du développement chez le fonds d’investissement européen CapMan, nous propose un tour d’horizon des différentes politiques d’indépendance énergétique en cours au niveau européen, deux ans après le début de la guerre en Ukraine.

 

La politique énergétique de l’Europe doit à nouveau s’adapter aux changements géopolitiques et macroéconomiques, deux ans après le début de la guerre en Ukraine. Aujourd’hui le niveau des investissements mondiaux dans l’énergie continue à être en forte croissance, soutenus par des acteurs publics et privés. Les besoins de modernisation des infrastructures existantes à travers le monde sont persistants, et la décarbonation ainsi que les engagements mutuels des pays pour une baisse d’empreinte carbone en sont le moteur.

L’indépendance énergétique comme moteur

Aujourd’hui, l’indépendance énergétique reste un objectif central pour les pays européens. L’appétit des investisseurs pour les infrastructures éoliennes, solaires, les biocarburants et l’hydrogène, ou encore les solutions de stockage d’énergie et de réseaux de distribution intelligents, se confirme. Le faible coût relatif des énergies renouvelables est devenu un avantage jouant en faveur de la transition énergétique. Le monde est de plus en plus « électrifié » et l’accès à des sources d’électricité plus fiables est devenu un enjeu important de compétitivité.

Il faut rappeler que les marchés de l’énergie dans toute l’Europe n’ont pas été conçus pour résister à la crise actuelle. Par exemple, le Sud et le Nord de l’Europe ont des mix énergétiques différents et des prix différents, et ces combinaisons se sont avérées instables lorsque la guerre en Ukraine a commencé. L’importance de bonnes connexions internationales entre les réseaux de distribution est une réalité que nous pouvons apprendre des pays scandinaves.

Les pays nordiques étaient relativement mieux préparés à la crise ukrainienne car ils ne dépendaient pas du gaz russe pour leur énergie. La Finlande a pu remplacer rapidement les 10% de gaz qu’elle importait par de l’énergie achetée sur le réseau suédois. La guerre n’a donc pas provoqué de perturbations massives et l’énergie produite en Suède et en Finlande reste encore la moins chère d’Europe.

 

Une transition qui se joue sur l’échiquier mondial

Paradoxalement, la guerre en Ukraine a retardé la transition énergétique de l’Europe et a conduit à une augmentation des émissions des pays européens, qui ont besoin de compenser la diminution de leur approvisionnement en gaz par d’autres énergies fossiles, comme le charbon (l’Allemagne a autorisé l’augmentation de la production d’électricité venant du charbon sur une base temporaire). Mais, à plus long terme, le besoin d’indépendance énergétique ajoute un catalyseur supplémentaire pour une transition accélérée.

Un autre facteur à considérer est la dépendance européenne à l’égard de la Chine et l’explosion des investissements en infrastructures aux États-Unis, qui menacent la compétitivité de l’Europe. Les politiques américaines visent de plus en plus à renforcer la résilience (Chips Act, Infrastructure Bill), la sécurité économique (Foreign Entities of Concerns) et à localiser les chaînes de valeur à faible émission de carbone aux États-Unis (Inflation Reduction Act). L’IRA a le gros avantage de fixer des normes pour simplifier largement les régimes d’aides d’État. L’avance de la Chine dans les matières premières, les batteries, l’énergie solaire photovoltaïque et les systèmes numériques est immense et pourrait bien être reproduite dans l’hydrogène, l’éolien offshore et le nucléaire. Une transition sans la Chine est impossible. La transition avec la Chine est potentiellement dangereuse si des garanties suffisantes ne sont pas mises en place. La résilience de l’UE dépendra de sa capacité à établir et à mettre en œuvre des règles du jeu précises et réciproques.

 

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC