Dans un monde frappé par des ruptures foudroyantes, il est impératif pour les organisations de retrouver le chemin de la raison et de revenir aux fondamentaux, en adoptant de nouvelles stratégies de gouvernance qui protègent les valeurs sociétales et permettent de sauver une planète en péril.
De manière à matérialiser une véritable trajectoire de progrès, les systèmes ESG (Environnement, Social, Gouvernance) instaurent une démarche structurée et progressiste, incarnant la vision des entreprises et les actes posés pour garantir leur croissance basée sur un modèle d’affaires vertueux et ouvert aux différentes couches de la société.
S’inscrivant aux antipodes d’un capitalisme immoral et inhumain, les facteurs ESG facilitant une analyse extra-financière, se veulent plus engageants en offrant un cadre d’évaluation standardisé et reconnu. Cependant, nous assistons à une certaine course effrénée à la surenchère réglementaire, qui complexifie la tâche pour les acteurs souhaitant sincèrement s’impliquer dans l’investissement socialement responsable et réellement bénéfique pour les citoyens. C’est pourquoi, il parait fondamental de mieux former les administrateurs aux nouveaux enjeux ESG, de contextualiser les frameworks, de maîtriser les données ESG, de lutter contre les conflits d’intérêts et de mutualiser les référentiels émanant des organismes et régulateurs sur le plan international.
Dans une logique de coopération convergeant vers une finance plus durable, l’Autorité Marocaine des Marchés des Capitaux et l’International Financial Corporation affiliée à la Banque mondiale, se mettent en ordre de marche pour une croissance soutenable par la fabrication de programmes conjoints incluant la formation, l’évaluation et l’accompagnement à destination des entreprises en vue de booster leurs capacités en matière de reporting et de donner in fine un coup d’accélérateur aux investissements verts. Résolument investie dans une économie inclusive et résiliente en ligne avec sa politique ESG, la Caisse de Dépôt et de Gestion au Maroc (CDG) est engagée dans le programme Climate Facility initié par l’International Development Finance Club (IDFC), une plateforme partenariale agrégeant les connaissances et les expertises, poussant vers une optimisation de l’opérationnalisation d’initiatives climatiques partagées et influentes.
D’un autre côté, le Fond d’Investissement Privé Africain AL Mada doté d’un conseil de surveillance composé en quatre comités spécialisés (Stratégie, RSE, Audit et Nominations), place le Positive Impact au coeur de sa doctrine, en introduisant dans son modèle de financement, les Principes d’Investissement Responsable (PRI) impulsés par les Nations Unies. Ce fil conducteur permet de donner la priorité aux projets d’envergure de décarbonation des systèmes énergétiques via la filiale Nareva et d’accélérer l’émergence d’une économie circulaire portée par Sonasid. En outre, AL Mada promeut l’innovation entrepreneuriale et s’appuie sur sa Fondation pour mener des actions culturelles et socio-éducatives significativement impactantes au service d’une économie collaborative.
Aux quatre coins du monde, ces nouvelles tendances sont en passe de se généraliser au sein des entreprises et institutions financières. Dans cette dynamique, le gouvernement Australien s’implique dans un grand mouvement de transparence et de responsabilité vis-à-vis des investisseurs, en envisageant de rendre obligatoire dès l’année 2024, la divulgation des risques financiers liés au climat, tout en mettant l’accent sur l’importance d’aligner les exigences de reporting sur les cadres internationaux élaborés notamment par l’International Sustainability Standards Board (ISSB).
De l’autre côté de l’atlantique, la polémique enfle autour de la politisation de l’ESG particulièrement lors des campagnes électorales. Dans ce contexte, les modalités de notation retenues par un certain nombre d’agences spécialisées sont clairement remises en cause. Au coeur de cette controverse, plusieurs grands acteurs du monde de la finance dont le Mastodonte de la gestion d’actifs BlackRock (10 000 milliards de dollars), s’opposent farouchement à l’exploitation politicienne des dispositifs ESG qui risque de mettre à mal la sérénité du marché et la réputation des opérateurs.
En phase avec sa stratégie de neutralité carbone, le Groupe Français Accor opte pour des choix à fort impact social et environnemental, en rejoignant le programme Business Ambition for 1.5°C et l’initiative Pathway to Net Positive Hospitality. Ce géant de l’hôtellerie a procédé notamment au placement d’émission obligataire – Sustainability-Linked Bond, indexée sur ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui permet de dégager des financements en faveur d’un secteur de tourisme protecteur et contributeur, en embarquant toute la chaîne de valeur. Les dispositifs « School For Change » et le réseau « SEED » figurent parmi les mesures phares, et visent respectivement à mieux former les collaborateurs aux enjeux du développement durable et à améliorer le bien-être au travail.
Certains pays asiatiques se positionnent fortement sur ces critères différenciants, qui donnent une bouffée d’oxygène à la relance de l’économie mondiale, à l’image de Singapour dont l’Autorité Monétaire a lancé une consultation publique pour l’élaboration du code de conduite industriel, qui poursuit l’objectif d’établir des normes unifiées de qualité des notations ainsi que des produits de fournisseurs de données ESG. En renforcement de cette mesure, le Singapore Exchange – SGX a construit un guide-line comportant les conditions et recommandations en matière de reporting ESG, favorisant l’harmonisation des frameworks, l’évaluation de l’importance relative, ainsi que la structuration des politiques, stratégies de gouvernance et engagements relatifs au développement durable.
Conscients de la nécessaire transition vers des modèles économiques responsables et circulaires, les cabinets d’audits et de conseil s’adaptent et s’arment pour faire face aux nouveaux challenges, en soutenant les entreprises dans leurs différentes phases d’implémentation des systèmes durables via la constitution de « Practice Sustainability & ESG Services », à l’instar de BDO qui place les critères ESG au coeur de son action, et met sur pied une offre innovante de bout en bout déployée dans l’ensemble de son réseau international, et qui concerne une multiplicité de secteurs d’activités.
Incontestablement, les orientations économiques et les décisions d’allocation stratégique d’actifs sont profondément liées aux exigences environnementales. Cette nouvelle donne occupant une place centrale, recalibre les positions des fonds d’investissements et impose la modélisation de scénarios climatiques en vue d’évaluer les risques physiques pouvant impacter les performances et le rendement. D’un autre angle, les systèmes ESG qui gagnent en maturité au fil des années, sont considérés comme un moteur incontournable de la transformation des organisations. Précisément, il est de la responsabilité collective des acteurs publics et privés de joindre leurs forces, pour consolider l’écosystème ESG et relever les défis qui façonneront un avenir meilleur, et créeront de nouveaux avantages concurrentiels, donnant accès à de grands gisements de croissance ré générative.
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