Lorsqu’Emmanuel Laurin arrive à Aix-en-Provence en 2015, il est subjugué par la beauté de la Méditerranée et du parc national des calanques, mais surtout, il est frappé par la pollution en mer et la quantité astronomique de déchets. C’est de là que naît Sauvage Méditerranée, l’association qui transforme les déchets marins en bijoux. Décryptage.
En 2017, Emmanuel Laurin décide de faire Marseille-Toulon à la nage, ramassant tous les déchets qu’il trouve sur son passage. Un projet qu’il appelle Le Grand Saphir, plus tard retransmis sous la forme d’un documentaire. C’est de là qu’émerge l’idée de créer l’atelier Sauvage. « À partir de là, je me suis demandé ce que j’allais faire de ces déchets que j’ai ramassés pendant ces 120 km et c’est à ce moment-là que j’ai créé l’atelier Sauvage », explique Emmanuel Laurin. L’association, qui développe des techniques pour recycler les différents types de déchets, organise également un événement qui réunit ceux qui veulent ramasser des déchets sur les plages de manière ludique.
C’est Le Grand Défi, la première compétition de ramassage de déchets. Sur huit kilomètres, 120 participants, dont des champions olympiques de nage ou encore des acteurs de la série Plus Belle La Vie, sont divisés en équipes de quatre. Au total, trois prix à gagner : un pour le plus de déchets ramassés, un pour le déchet le plus insolite, et le dernier pour l’équipe qui trouve Le Grand Saphir, un saphir en plastique recyclé caché sur le parcours. « Chacun de ces prix était un prix monétaire que les gagnants reversaient à l’association de protection de l’environnement de leur choix », explique Emmanuel Laurin. Si la première édition est un succès, l’événement est suspendu depuis 2019 à cause de la crise sanitaire. Depuis, l’association s’adonne à son activité principale : l’atelier recyclage.
Sauvage, pour donner une nouvelle vie aux déchets marins
Lorsque Sauvage Méditerranée naît en 2018, c’est dans un esprit de revalorisation des déchets sauvages. Ces déchets, essentiellement ramassés sur le littoral méditerranéen et sur les plages, sont avant tout des déchets plastiques, des filets de pêche, du verre poli ou encore du plomb. Ces matières sont remaniées dans l’atelier de l’association, à Aix-en-Provence. Pour se fournir, elle fait appel à 25 associations qui organisent des collectes de déchets régulières. « L’idée, c’était d’éviter que ces associations ne remettent tout à la poubelle et que ça parte à l’enfouissement ou à l’incinération et de trouver une solution pour valoriser ces déchets afin de leur donner de la valeur », analyse Emmanuel Laurin. Ainsi, Sauvage Méditerranée récupère et transforme les déchets, et les transmet à Sauvage, marque associative dont une part des bénéfices est reversée à ces associations de protection de l’environnement qui fournissent les déchets. Les créations de Sauvage, ce sont principalement des bijoux : des bracelets en filet de pêche, des colliers ou encore des boucles d’oreilles en plastique recyclé. « À côté, on travaille aussi avec des entreprises d’événementiel qui nous demandent des médailles ou des trophées en plastique recyclé, ou encore avec des savonniers qui souhaitent des porte-savons. On peut à peu près tout faire à partir de cette matière qui a été ramassée sur les plages ».
Un partage éco-responsable
La casquette associative, c’est quelque chose de très important pour le fondateur de l’association. « On s’est créé sous forme d’association, et non d’entreprise, parce que l’on voulait que ce que l’on fait soit reproductible. On ne brevette rien. Au contraire, on expérimente des moyens de recycler le plastique ou encore le plomb, et on apprend constamment. On a ce désir de partager les connaissances que l’on a acquis avec le temps ». Dans la réalisation des bijoux, le plus gros du travail pour la vingtaine de membres de l’association est de nettoyer, trier, faire sécher et broyer le plastique afin de concevoir des plaques. L’amas de plastique obtenu est mis dans un moule, chauffé puis pressé. Ensuite, les différents motifs sont découpés et le bijou est prêt. « Avant la conception du bijou, il y a tout un travail manuel et fastidieux », éclaire Emmanuel Laurin, qui se réjouit du succès de la boutique en ligne, mais également des stands que l’association met en avant sur les marchés. L’été, elle est présente tous les soirs sur le marché de la Ciotat, à côté de Marseille. « Ça suppose une certaine production en amont mais ça fait beaucoup de ventes parce que les gens sont assez sensibles à ce qu’on leur montre, en plus de l’aspect local ». Pour le fondateur de Sauvage, c’est cette activité de partage de connaissances qui est très importante, à travers une vision de base : donner de la valeur à ces détritus qui flottent ou trainent autour de nous et auxquels on ne prête même plus attention.
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