Conscient de la complexité de parvenir à concilier rentabilité et durabilité, Maisons du Monde souhaite dépasser sa logique de simple distributeur de meubles et limiter drastiquement son impact dans les années à venir. Rémi-Pierre Lapprend, directeur RSE & Engagement du groupe, nous détaille les différents objectifs durables fixés par l’organisation d’ici 2025.
Quel est votre rôle chez Maisons du Monde ?
Je suis le directeur de l’engagement RSE depuis deux ans et mon rôle est d’animer la transformation du groupe sur ces sujets de transition environnementale et durable avec pour objectif de réussir à en faire un atout pour notre marque. L’enjeu est à la fois de devenir une entreprise responsable en réduisant notre propre impact mais aussi promouvoir une consommation durable et citoyenne.
Depuis quand votre programme “Good is beautiful” existe ?
Nous avons lancé ce programme il y a un an et cela a permis à notre engagement RSE de prendre une nouvelle dimension. Cela intègre tout ce que nous avons entrepris depuis 10 ans. L’objectif était de recréer une dynamique, mobiliser tous nos métiers et collaborateurs autour de ces enjeux et faire connaître nos engagements à nos clients.
Concernant l’offre, notre objectif est d’allier le beau et le bon dans des produits les plus responsables possibles, fabriqués en Europe ou préservant à tout prix des savoir-faire.
Quels changements par rapport à 10 ans en arrière ? Comment cela se traduit-il dans l’évolution de votre responsabilité ?
Historiquement, ces sujets étaient très opérationnels et concernaient essentiellement les offres produits ou bien la maîtrise des risques – notamment sur l’éthique de nos fournisseurs et le sourcing de matières premières. Petit à petit, c’est devenu un vrai facteur de transformation d’envergure et les collaborateurs ont partagé leur souhait que ces enjeux soient clairement portés par l’entreprise. Ainsi, nous avons signé un acte fondateur il y a un an qui a permis la formulation de notre raison d’être autour de 5 engagements :
- Le premier engagement est de déployer davantage notre sélection responsable “Good is beautiful” : elle occupe 30% de notre offre et l’objectif est d’atteindre les 40% d’ici 2025.
- Le second est de soutenir des associations en visant notamment la création de 100 lieux de vie Good is beautiful d’ici 2025. Nous entretenons par exemple des partenariats locaux avec des associations – comme celles dédiées à la lutte contre les violences faites aux femmes – pour leur fournir des meubles et aménager des espaces chaleureux. Cet objectif rejoint aussi le fait d’assumer qu’en tant que fabricants de meubles, nous avons un impact direct sur les forêts. L’enjeu n’est pas seulement de faire de la compensation carbone mais surtout d’oeuvrer pour la préservation de la biodiversité. Les projets holistiques que nous soutenons sont destinés à la fois au stockage de carbone mais aussi aux projets bénéfiques aux populations locales.
- Le troisième engagement est de favoriser l’égalité des chances. Nous avons déjà atteint la parité au global et comptons 50% de femmes dans le top 100 de notre entreprise. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes exemplaires. Il faut aussi s’améliorer sur l’inclusion de la diversité, du handicap et de la jeunesse. C’est pourquoi nous souhaitons assurer le mentorat de 500 jeunes d’ici 2025 et chercher de nouveaux talents, y compris ceux qui sont éloignés de l’emploi.
- En matière d’économie circulaire, nous avons l’objectif de réparer 25 000 produits dans nos ateliers par an. Depuis 7 ans environ, nos experts ébénistes et textile s’occupent déjà des petits défauts de produits renvoyés par nos clients. Mais afin de proposer un cycle de vie plus responsable, nous souhaitons nous engager dans le marché de la seconde main. Ainsi, cette année, nous lançons une nouvelle offre de produits issus de cette activité de réemploi.
- Le cinquième engagement est directement lié à notre impact carbone et nous avons fixé l’objectif de réduire de 25% nos émissions de CO2 d’ici 2025. À cela s’ajoute le fait d’alimenter tous nos magasins à 100% en énergie renouvelable.
Quelle est votre position sur le débat autour du rapport entre rentabilité et durabilité ?
C’est le plus grand défi à mes yeux : celui de parvenir à une décarbonation de nos modèles tout en conservant une activité rentable. C’est d’autant plus un enjeu majeur pour un acteur comme Maisons du Monde qui vend des produits sourcés à travers le monde. Nous avons réussi à réduire notre intensité carbone de 19% par rapport à 2018 et cela s’est entre autres fait par l’accompagnement des fournisseurs vers d’autres manières de se sourcer.
De la même manière, pour répondre aux objectifs climatiques de l’Accord de Paris, nous aurons besoin de poursuivre l’évolution de notre offre et délaisser notre rôle de distributeur de meubles pour une logique de designer spécialisé en éco-conception en amont de la chaîne. Il faut avoir conscience des limites de notre modèle, c’est d’ailleurs notre responsabilité de les reconnaître pour espérer continuer générer du chiffre d’affaires sans mobiliser de nouvelles ressources naturelles.
Il faut avouer qu’il est très dur aujourd’hui de communiquer de manière humble sur ce sujet sans que la critique du “greenwashing” ne revienne sur la table. Il faut simplement être transparent et admettre que l’entreprise parfaite n’existe pas et c’est bien l’honnêteté qui jouera en fin de compte.
<<< À lire également : À SUIVRE | MedSmart simplifie les remboursements de complémentaire santé >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits