J-3 1er TOUR | Le GIEC a publié ce lundi le troisième et dernier volet de son sixième rapport sur le changement climatique. Et le constat est alarmant. Cœur du programme pour certains, ou thème accessoire pour d’autres, comment les candidats de la campagne considèrent-ils l’urgence climatique ?
Les scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont évalué comment réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette lutte contre la crise climatique est l’un des enjeux de cette campagne présidentielle. Le constat est un peu décourageant car aucun des programmes des 12 candidats ne remplit totalement les objectifs de l’accord de Paris de 2015.
Mais s’ils ne comptent pas respecter complètement l’accord, tous ont quand même des propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Notamment sur la manière de produire notre énergie.
À droite, Valérie Pécresse, Éric Zemmour, Jean Lassalle ou encore Nicolas Dupont-Aignan ont la solution pour produire de l’énergie décarbonée : le nucléaire. « Contre le réchauffement climatique, la principale mesure, c’est le nucléaire parce que c’est l’énergie la moins émettrice de CO2 », avance notamment le candidat de Reconquête!. « Je suis pour le nucléaire parce je ne vois pas comment on pourrait se débrouiller aujourd’hui », développe Jean Lassalle. « Nous n’atteindrons pas le zéro carbone en 2050 sans un plan de relance du nucléaire qui lui donne un avenir », argumente la candidate républicaine.
Parmi les « pro » nucléaire, il y a aussi Marine Le Pen, et Emmanuel Macron, qui souhaite poursuivre la construction de centrales nucléaires nouvelle génération. Mais aussi Fabien Roussel du Parti communiste français, qui veut créer de nouvelles centrales. Les « anti » nucléaire, en revanche, on les trouve tous à gauche. Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Philippe Poutou qui, par exemple, propose son arrêt d’ici dix ans à cause de la dangerosité de cette technologie. Ceux qui veulent se débarrasser du nucléaire misent tout sur le renouvelable. Yannick Jadot promet 340 km² de panneaux solaires d’ici la fin de son mandat. Le candidat écologiste, comme Jean-Luc Mélenchon, veut développer aussi les projets d’éoliens off-shore.
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Une réduction des émissions de gaz à effet de serre par le transport et le logement
Tous les candidats sont d’accord pour que les voitures thermiques, c’est-à-dire à essence ou diesel, disparaissent. C’est normal puisque l’Union européenne va de toute façon interdire leur vente à partir de 2035. Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon vont plus loin avec l’interdiction des vols intérieurs quand il y a possibilité de faire les mêmes trajets en train en moins de quatre heures. Emmanuel Macron, en revanche, veut investir pour que la France produise le premier avion bas carbone. Lutter contre la crise climatique passe aussi par l’isolation des logements. Il est nécessaire d’éviter les « passoires thermiques » qui consomment beaucoup d’énergie. Pratiquement tous les candidats proposent donc de grands plans de rénovation énergétique.
L’écologie au service de l’économie
Valérie Pécresse affirme vouloir « être une Présidente écologiste », mais elle préfère préciser, celle d’« une écologie des solutions et non une écologie punitive ou antisociale ». Car la représentante de la droite à l’élection souhaite avant tout aborder le réchauffement climatique sous le prisme d’« une opportunité pour nos emplois ». Sur les questions énergétiques, Valérie Pécresse mise fortement sur l’atome et projette même « un plan de relance gaullien de l’énergie nucléaire« . Elle promet d’arrêter immédiatement le plan de fermeture des 12 réacteurs, de supprimer le plafond de 50% de nucléaire dans le mix électrique en 2035 (comme le projette la loi sur la transition énergétique de 2015) et de construire 6 EPR dont 4 à démarrer d’ici 2035. Par ailleurs, la candidate souhaite investir dans les biocarburants et le biogaz.
Fer de lance pour les Verts
L’environnement est naturellement au cœur du projet politique du parti d’Europe Écologie Les Verts. Toutes les thématiques de son programme sont reliées aux perspectives de transition écologique ou de défi climatique. Yannick Jadot pense que le défi écologique n’est pas dissociable d’une justice sociale : « les 10 % les plus riches émettent 5 fois plus de CO2 que les 50 % les plus modestes » rappelle-t-il sur son site de campagne. Il souhaite pour cela mettre en place un impôt sur la fortune climatique. Par ailleurs, le candidat des Verts souhaite inscrire la protection du climat dans la Constitution, mettre fin aux pesticides et engrais de synthèse, en divisant par deux l’usage des engrais et des pesticides de synthèse d’ici 2027 et supprimer les pesticides en Europe en 2035. Mettre fin à la chasse le week-end et pendant les vacances scolaires, c’est un autre fer de lance du programme écologie des Verts.
Jean-Luc Mélenchon a choisi de faire de l’environnement un élément central de son programme, « L’avenir en commun ». « L’exigence d’une société d’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature doit être inscrite au sommet de la hiérarchie des normes » écrit-il dans ce dernier. Il souhaite donc, lui aussi, inscrire l’urgence environnementale dans la Constitution, par le biais d’une « règle verte » selon laquelle « on ne prélève pas davantage à la nature que ce qu’elle est en état de reconstituer. »
Après avoir déclaré sa candidature bien plus tardivement que les autres, Emmanuel Macron dévoile un programme peu détaillé, avec une partie sur l’environnement plus mince que la majorité de ses adversaires. En introduction, le président sortant se félicite cependant de « l’arrêt des grands projets obsolètes comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou le centre commercial géant EuropaCity« , de « la fin des centrales au charbon et des permis d’exploration des hydrocarbures » ou encore de « l’accélération des énergies renouvelables. » Défenseur du nucléaire, Emmanuel Macron prévoit par ailleurs de poursuivre la construction de six centrales nucléaires nouvelle génération. Côté énergies renouvelables, le président sortant annonce « la multiplication par 10 de notre puissance solaire et l’implantation de 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050« .
Parmi les « 22 mesures pour 2022 » de Marine Le Pen, aucune ne se rattache à la thématique de l’écologie. Dans l’onglet « Agriculture » de son programme, on peut y découvrir des mesures telles que « lutter contre l’artificialisation des terres agricoles » ou « soutenir l’agriculture biologique« , rattachées cependant à des perspectives de développement économique du secteur.
Cependant, la candidate d’extrême droite consacre un thème entier, à l’instar de la défense ou de l’école, à la protection des animaux. Elle souhaite entre autres « accorder une reconnaissance constitutionnelle au statut juridique des animaux » ou encore « doter l’État des outils nécessaires à la protection animale ». Concernant l’énergie, Marine Le Pen rejette l’idée de toute transition énergétique. Elle parle alors de « fléau des éoliennes et des parcs solaires » et souhaite « relancer la filière nucléaire, hydroélectrique et investir dans la filière hydrogène.«
L’écologie au service du public pour les communistes
Objectif numéro 4 du programme communiste, le défi écologique engendré « par les logiques de rentabilité financière et de profit « n’est plus contournable. « C’est tout notre mode de développement qui est en cause« , précise Fabien Roussel. L’environnement n’est pas le dossier de prédilection du candidat d’extrême-droite qui se démarque avec ses propos polémiques sur l’immigration et la sécurité. Éric Zemmour compte par ailleurs significativement sur l’atome dans sa politique de l’énergie et propose de supprimer le plafond de 50% de nucléaire dans le mix électrique en 2035, d’assurer le renouvellement du parc nucléaire français, de relancer la recherche du nucléaire du futur et « permettre à tous les consommateurs français de bénéficier de la compétitivité du parc nucléaire existant« .
L’écologie prise au sérieux au parti socialiste
L’environnement fait l’objet du deuxième volet du programme de la candidate socialiste et ex-maire de Paris. Anne Hidalgo souhaite faire de l’écologie « le combat du siècle« , peut-on lire sur son site de campagne. Ainsi, comme Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, la candidate socialiste souhaite inscrire dans la Constitution « le principe de non régression dans la protection de l’environnement et l’obligation de lutter contre le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité.«
Fils de berger, et maire à ses 21 ans de son village natal, Lourdios-Ichère (Pyrénées-Atlantiques), Jean Lassalle met un point d’honneur à la valorisation des campagnes françaises. À défaut d’une partie sur l’écologie, le candidat sans étiquette promet dans son programme politique d’affecter 3 milliards d’euros aux campagnes, grande cause nationale, d’entretenir les paysages, chemins et cours d’eau en biens communs, et de mettre en place le « ticket paysan » pour soutenir les circuits courts ou élargir l’usage des « tickets restaurants » aux agriculteurs locaux et régionaux.
Le plaidoyer des acteurs locaux pour une dotation climat
A l’approche de l’élection présidentielle, les associations d’élus ont formulé toute une série de propositions aux candidats. En haut de la liste, figure la demande de moyens supplémentaires pour financer ces nouvelles missions liées à la nécessaire transition écologique, à travers la création d’une « dotation climat ».
La thématique de la transition écologique a bien du mal à s’imposer dans la campagne pour l’élection présidentielle, mais elle occupe une part importante des programmes des associations d’élus. Selon France Urbaine, il est temps que la transition écologique devienne vraiment « transversale », « solidaire », qu’elle « infuse tous les champs des politiques publiques » et qu’elle se fasse en co-construction avec les citoyens. Afin d’accélérer, plusieurs associations – Intercommunalités de France, France Urbaine – appellent à la création du statut d’autorité organisatrice de la transition écologique avec, bien évidemment, de nouveaux moyens financiers pour la mettre en œuvre. Il existe une quasi-unanimité pour demander la création d’une dotation « climat » alimentée par une partie des recettes de la fiscalité énergétique et environnementale qui, selon Intercommunalités de France, devrait aller crescendo.
Les élus des intercommunalités souhaitent que soit établie une « programmation pluriannuelle des dépenses des collectivités liées au climat » et que ce type d’investissements ne soient pas comptabilisés dans leurs dettes. Autre outil plébiscité : Amorce veut « systématiser progressivement l’exercice du budget vert dans les collectivités ». De son côté, France Urbaine va jusqu’à demander de « permettre aux collectivités volontaires de lever une fiscalité écologique propre pour relier les efforts demandés aux résultats obtenus ».
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