Un nouveau rapport, récemment publié par The American Cancer Society, montre que le taux de cancers colorectaux augmente chez les jeunes, mais diminue chez les personnes âgées. Pourquoi le cancer colorectal touche-t-il de plus en plus de jeunes ?
Le rapport prédit que cette année, chez les personnes de moins de 50 ans, il y aura 49 nouveaux cas et 10 morts par jour. Dans les années 1980, l’âge médian du diagnostic était de 72 ans. D’après les statistiques les plus récentes, disponibles à partir de 2016, l’âge moyen est de 66 ans. Aujourd’hui, la moitié des diagnostics s’établit chez les personnes âgées de 66 ans ou moins.
Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus commun aux États-Unis et la troisième cause de décès dus au cancer, chez les deux sexes. Au début des années 2000, on remarque une réduction des malades, des personnes de plus de 65 ans. On estime que c’est le résultat de meilleures méthodes de détection. Entre 2011 et 2016, le taux a baissé de 3,3 % chaque année. Mais, sur cette même période, le taux a augmenté de 1 % par an chez les personnes âgées de 50 à 64 ans.
Cependant, chez les personnes de moins de 50 ans, la croissance de la maladie est plus spectaculaire et augmente depuis le milieu des années 1990, avec 2,2 % de plus chaque année entre 2011 et 2016.
« Bien que le taux global d’incidence et de mortalité du cancer colorectal continue de diminuer, ce progrès est de plus en plus limité aux plus âgés et est assombri par de grandes disparités », d’après Rebecca Siegel, MPH, auteure principale du rapport. « Malheureusement, les outils qui sont bons pour réduire l’incidence de cette maladie ne sont pas pleinement utilisés. Chez les personnes âgées de 50 ans ou plus, une personne sur trois n’est pas à jour sur les tests. Beaucoup d’entre eux n’ont jamais fait l’objet d’un test de dépistage. »
Les facteurs de risque du cancer colorectal sont le tabagisme et le surpoids. Les inégalités d’accès à des soins de qualité, tels que le dépistage, jouent également un rôle important pour déterminer si les personnes sont diagnostiquées à un stade précoce et leurs chances de survivre à la maladie. Mais quelle serait la cause de cette augmentation de cas chez les plus jeunes ?
« C’est une question à laquelle tout le monde essaye de répondre et c’est en grande partie un mystère en ce moment », d’après Kimmie Ng, Md, oncologue au Dana-Farber Cancer Institute et directrice du Young-Onset Colorectal Cancer Center au Dana-Farber/Brigham et le centre de soins du cancer des femmes. « Ces dernières statistiques sur le cancer renforcent véritablement les tendances précédentes et confirment qu’il y a vraiment une augmentation de cancers colorectaux chez les jeunes. »
Sa recherche au Young-Onset Colorectal Cancer Center à Danafarber recueille des données cliniques et des traitements auprès de jeunes atteints d’un cancer colorectal. La recherche s’informe aussi du régime alimentaire et du style de vie de ces jeunes. « On va aussi collecter des échantillons et recoller les morceaux pour essayer de découvrir la cause de ces cancers. »
La recherche au centre fait partie d’un grand investissement de 25 millions de dollars du Cancer Research UK. Le projet Grand Challenge vise à enquêter sur le rôle du microbiote dans le développement de la maladie et le traitement des cancers colorectaux.
« On est train d’analyser des hypothèses, telles que le rôle de l’obésité et le régime alimentaire, mais aussi l’étude du microbiote. Le microbiote est examiné dans le cadre de nombreuses maladies différentes, mais c’est particulièrement important pour le cancer colorectal », d’après Kimmie Ng.
L’équipe de recherche du Grand Challenge, qui inclut des scientifiques provenant du monde entier, a récemment publié des recherches montrant une souche particulière de E. coli trouvée dans le microbiote. Cela pourrait être un facteur de développement du cancer.
« On va recueillir des échantillons de selles de nos patients et examiner des facteurs tels que l’E. coli. On va aussi voir s’il y a une différence entre les jeunes et les personnes âgées atteintes d’un cancer colorectal. »
The American Cancer Society recommande que le test pour le cancer colorectal soit fait à partir de 45 ans. Mais cela va à l’encontre du U.S.. Preventive Services Task Force, qui recommande de faire le test à 50 ans. « À l’heure actuelle, je constate que la grande majorité des compagnies d’assurance couvrent le dépistage à l’âge de 50 ans étant donné que la plupart sont liés au gouvernement », d’après Kimmie Ng.
Quoi qu’il en soit, les personnes de moins de 45 ans ne sont pas régulièrement soumises à un dépistage. Elles doivent avoir une prédisposition génétique connue ou des antécédents familiaux indiquant qu’elles courent un risque plus élevé de développer la maladie.
« Les jeunes sont beaucoup plus susceptibles d’être diagnostiqués à un stade avancé que les patients plus âgés. Il y a des retards dans les diagnostics en raison d’un manque de sensibilisation. Par exemple, les jeunes personnes pourraient ne pas être autant préoccupées par la présence de sang dans leurs selles ou d’autres symptômes alors qu’ils sont par ailleurs en bonne santé », d’après Kimmie Ng. Elle ajoute qu’une meilleure sensibilisation des patients et des médecins ainsi que davantage de recherches sur les facteurs de risque sont nécessaires pour accroître la détection précoce chez les jeunes.
Certains des symptômes possibles du cancer colorectal sont la présence de sang dans les selles, des changements dans les habitudes intestinales, une perte de poids inexplicable et des douleurs abdominales. Mais beaucoup de ces symptômes peuvent être liés à des maladies moins graves, ce qui retarde souvent la recherche d’une intervention médicale.
« Tous ces symptômes sont assez peu spécifiques et, pour une personne jeune, dans la plupart des cas, ils sont causés par des maladies moins offensives. Mais, si ces symptômes persistent et s’aggravent, parlez-en aux professionnels de santé », a déclaré Kimmie Ng.
Le cancer colorectal fait également l’objet d’une certaine stigmatisation, à cause de la nature des symptômes. « Les malades peuvent se sentir très inconfortables à l’idée de parler de leurs symptômes, ou même dire qu’ils ont le cancer colorectal, pour sensibiliser leur entourage. Cette mentalité n’aide pas la cause. Nous devons normaliser les conversations à ce sujet », a déclaré Kimmie Ng.
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