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Pourquoi adopter une consommation du numérique plus sobre ?

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Source : GettyImages

Contrairement à une idée reçue fort répandue, non, une société numérisée et dématérialisée n’est pas plus économe en énergie. Le numérique dépend en effet en grande partie de l’industrie lourde et minière (600 kg de matières premières sont mobilisés pour un ordinateur portable de 2 kg). Il représente d’ailleurs aujourd’hui 10 % de la consommation d’énergie mondiale et 4 % des émissions de gaz à effet de serre (à titre de comparaison c’est plus que l’aviation civile). Si rien ne change, ce chiffre risque de doubler d’ici à 2025. 

 

Née en 2008 avec Frédéric Bordage, ingénieur et fondateur de GreenIT, la sobriété numérique désigne une démarche qui vise à réduire l’impact environnemental du numérique en limitant ses usages. Elle est devenue l’un des principaux ressorts évoqués pour pallier l’aggravation de la situation actuelle. Si l’expression est fort employée de nos jours, elle mérite toutefois d’être approfondie pour la multitude de facettes qu’elle revêt.

 

Sobriété ou moteur de transformation

 

La sobriété numérique est souvent résumée à une liste d’éco-gestes à appliquer en entreprise ou chez soi. Cela ne représente en aucun cas son étendue. Pour le Shift Project, la sobriété numérique, c’est « passer d’un numérique instinctif voire compulsif à un numérique piloté, qui sait choisir ses directions : au vu des opportunités, mais également au vu des risques ».

Souvent associée à tort à une forme d’austérité qui va contribuer à un ralentissement général, elle constitue en réalité un accélérateur de transformation. À noter d’ailleurs que le numérique n’a pas une incidence majeure au niveau de la croissance. « Dans un rapport de 2018, le Shift Project pointait que les impacts attendus de la transition numérique sur la productivité et la croissance ne sont pas visibles dans les pays développés sur les 5 dernières années. Le taux de croissance de la zone OCDE reste stable autour de 2 %. La croissance des dépenses numériques est passée quant à elle de 3 % à plus de 5 % par an. » 

 

Les axes de développement pour une productivité intelligente

 

Si les entreprises refusent de s’adapter au nouveau paradigme auquel nous sommes confrontés, elles viennent freiner la mutation nécessaire à l’équilibre du monde. L’absence de sobriété étant incompatible avec les engagements pris par les Etats. Un changement des usages est donc primordial mais les stratégies à déployer sont multiples : 

  • Faire autant avec moins, ou vendre des solutions qui ont du sens et éliminer ce qui n’a pas d’intérêt; 
  • Faire plus avec moins, ou innover pour des solutions intrinsèquement moins coûteuses et moins énergivores; 
  • Le renoncement à toute infrastructure ou développement dont l’impact environnemental serait trop important. C’est ce que nous faisons à une échelle individuelle en renonçant à certaines pratiques alimentaires par exemple.

 

Une approche globale, des bénéfices pluriels

 

La sobriété numérique oblige à avoir une vision tout en nuance du numérique : « ni débrancher tous nos appareils, ni adopter chaque nouvelle innovation » pour accompagner la transition écologique. 

« Seule une action globale en entreprise et dans la société sur la durabilité des appareils et leur consommation d’énergie pourra permettre des changements globaux.»

Elle offre également l’occasion de se recentrer, de se focaliser sur les rouages et ainsi de gagner en performance. Il y a une corrélation entre sobriété et succès de l’entreprise, de la même manière qu’il y a une corrélation entre diversité et performance. En pensant les choses dans leur ensemble, le superflu est exclu et ce sont des économies qui sont réalisées. Car notre perception est souvent erronée et parcellaire. Prenons un exemple parlant : le prix de l’essence est en réalité bien supérieur au coût affiché, si l’on prend en compte l’ensemble des dépenses réalisées, des coûts liés à la déforestation ou à la santé (il n’est pas de 2 dollars mais de 15…). 

 

Les politiques RSE sont de plus en plus engagées et engageantes mais il s’agit d’aller encore plus loin dans la compréhension fine des utilisateurs, dans le design intrinsèque des solutions afin que n’émergent que celles qui sont nécessaires, toujours dans une optique d’impact environnemental mesuré (en veillant à vérifier l’impact énergétique et carbone) mais aussi inclusive, pour que la sobriété numérique devienne également un vecteur de transformation sociétale.

 

Tribune rédigée par Irène Strajnic, VP Product chez Oodrive

 

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