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Microsoft Veut Retirer Le CO2 De L’Atmosphère

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D’ici 2030, Microsoft s’est engagé à présenter un bilan carbone négatif. Le géant américain a fait l’annonce de plusieurs axes de travaux en janvier. Entretien avec Shelley McKinley, Vice President Microsoft Technology and Corporate Responsibility Group. 

Au début des années 2010, Microsoft avait été épinglée par Greenpeace : parmi les géants de l’IT, la firme de Bill Gates était, d’après l’ONG écologiste, loin d’être un exemple dans le combat contre les émissions de gaz à effet de serre. En 2012, Microsoft avait fait la promesse, tenue depuis, de présenter un bilan carbone neutre, notamment en achetant des « crédits carbone » pour compenser la consommation d’énergie issue du charbon. En janvier 2020, Microsoft veut aller plus loin : l’entreprise annonce un plan ambitieux pour réduire encore davantage, et, à terme, annuler complètement, son empreinte carbone. Ce plan va s’appuyer sur plusieurs leviers : la création d’un fonds d’innovation doté de 1 milliard de dollars sur 4 ans, pour financer des nouvelles technologies capables de capturer le CO2  qui se trouve dans l’atmosphère  ; la compensation des émissions en CO2 sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’entreprise  : depuis l’alimentation des datacenters jusqu’aux activités de ses fournisseurs et aux déplacements de ses collaborateurs ; la publication d’un rapport annuel pour suivre les progrès sur les engagements de l’entreprise ; et pour ses clients, la création du Microsoft Sustainability Calculator, un outil qui leur permettra d’évaluer les émissions de COliées à leur consommation de services Microsoft Azure. 

Extraire le CO2 de l’environnement 

D’ici 2030, Microsoft espère avoir retiré de l’atmosphère davantage de CO2 que ses activités n’en produisent directement et indirectement. Et en 2050, la firme fait le vœu d’avoir extrait de l’environnement tout le CO2 émis par ses opérations depuis la création de l’entreprise en 1975. A l’occasion du salon Change Now, Forbes s’est entretenu avec Shelley McKinley, Vice-Présidente, Microsoft Technology and Corporate Responsibility Group. 

Forbes France : Vous avez fait début janvier un certain nombre d’annonces sur des engagements pris par Microsoft pour réduire son impact carbone. Qu’est-ce qui vous a poussés à prendre ces engagements ? 

Shelley Mckinley : Nous sommes « Carbon neutral » depuis 2012. Grâce aux avancées scientifiques, et comme on peut le voir partout dans le monde, la situation climatique devient de plus en plus urgente et préoccupante. C’est pour cela que le 16 janvier dernier, nous en sommes venus à faire ces annonces concernant le projet d’avoir un bilan d’émission de gaz à effet de serre « négatif » d’ici 2030. 

Vous vous appuyez sur un consensus scientifique en matière de réchauffement climatique. Ce consensus n’est pas neuf. Pourquoi ne pas avoir pris ces décisions plus tôt ? 

Nous l’avons fait comme dit précédemment mais pas de manière si poussée. Nous avons, par exemple, une taxe carbone interne à l’entreprise pour tout le carbone utilisé. Cette taxe est payée par chacune des divisions de Microsoft et les fonds ainsi récupérés sont utilisés pour financer des améliorations écologiques pour l’entreprise. Tout cela, nous permet donc d’investir pour avoir une empreinte carbone négative d’ici 2030. On a décidé que c’était le moment d’en faire plus. 

Comment allez-vous compenser vos émissions carbone ? 

On devrait au moins pouvoir les réduire de 50% d’ici 2030 même si l’objectif est de faire beaucoup plus. Ce qu’on ne peut pas réduire, on va l’éliminer. Nos investissements sont là pour trouver des moyens de retirer le CO2 de l’atmosphère d’une manière naturelle, et de trouver des solutions technologiques exploitables. 

 Pensez-vous pouvoir arriver à une émission de carbone quasi nulle à terme ? 

Je l’espère ! Aujourd’hui nous n’avons pas encore l’ensemble des solutions exactes mais nous espérons en trouver un maximum via nos investissements. Notre engagement est de réduire de plus de 50 % nos émissions d’ici à 2030. Pour l’instant, la technologie ne nous permet pas encore de le faire,c’est pour cela que l’on investit énormément dedans.

Si vous ne parvenez pas à tenir vos objectifs, qu’est-il prévu ? 

L’échec n’est pas une option. Tout le monde doit faire son travail pour réduire les émissions dans le monde. On ne doit pas dépasser la limite de 1,5 degrés. Je ne pense pas que la planète ait un plan B pour empêcher le réchauffement climatique, si tout le monde n’est pas concentré là-dessus, nous n’avancerons pas.

Vous êtes l’un des leaders du marché de l’IT. Est-ce que vos concurrents dans la tech se lancent dans des projets similaires ?

Beaucoup d’entreprises essaient de faire au moins quelque chose. Mais nous sommes la première entreprise à nous engager dans cette démarche de négativité carbone. Il y en a d’autres qui l’ont fait depuis, comme Ikea. Quand on montre notre leadership pour aller dans une direction, notamment celle de la réduction des gaz à effet de serre, d’autres suivront notre chemin. Aux États-Unis, les gens sont beaucoup plus focalisés sur ce problème qu’avant. Le changement que je vois aujourd’hui, c’est que ces problématiques touchent nos collaborateurs, nos clients et nos partenaires. Parvenir à cet objectif est une bonne chose autant sur le plan du business que sur le plan environnemental.

Est-ce que vous voyez une différence entre la mentalité des US comparé à l’Europe par rapport à ce souci environnemental ? 

Je pense que les Européens sont préoccupés depuis plus longtemps par ce problème. C’est une bonne chose, car on peut voir que l’Europe apparaît comme une locomotive sur la thématique du développement durable. Mais aux Etats-Unis le problème de l’environnement est devenu récemment une inquiétude générale.

Propos recueillis par Charlotte Mauduit, avec Maurice Midena 

 

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