Adoptée en 2020, la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) avait pour ambition de transformer en profondeur les modes de production et de consommation. Ses objectifs, tels que la réduction du plastique à usage unique, l’amélioration du recyclage et la lutte contre le gaspillage, ont pour but d’accélérer la transition vers un modèle plus responsable. Cinq ans après son adoption, l’heure est au bilan, et celui-ci reste plutôt mitigé…
Une contribution de Tanguy de Cottignies, co-fondateur de Stokelp
Si les entreprises ont pris conscience des enjeux et affichent une volonté de changement, la mise en œuvre concrète de la loi AGEC reste souvent freinée par des contraintes opérationnelles et des défis réglementaires. Ainsi, les avancées, bien que présentes, peinent à suivre l’ambition de la loi.
Un bilan en demi-teintes, entre prise de conscience et limites
La loi AGEC a indéniablement favorisé une prise de conscience nécessaire des enjeux liés aux déchets et au gaspillage. Toutefois, malgré les objectifs vertueux affichés par cette loi, force est de constater que son impact global reste limité. Les chiffres parlent d’eux-même : la production des déchets, par exemple, continue d’augmenter en France. Alors que la loi vise une réduction des déchets par rapport à 2010 pour atteindre 502 kg/habitant d’ici 2030. Ce chiffre atteignait déjà 611 kg par habitant en 2021 selon l’ADEME.
Ces résultats interrogent : la politique actuelle est-elle suffisamment contraignante pour garantir l’application des mesures ? Bien que des efforts aient été faits, certains contournements par les industriels ralentissent l’impact réel de la loi. Toutefois, ce n’est pas seulement une question de sanctions renforcées, mais aussi de l’absence de solutions concrètes et efficaces pour faciliter la transition.
En 2025, la loi AGEC prévoit de renforcer ses exigences en fixant un objectif de réduction par deux des déchets. Toutefois, pour que ces objectifs soient atteints, il ne suffit pas d’imposer des contraintes et des sanctions, mais de mettre en place des solutions réelles et efficaces qui soutiennent réellement la transition.
Face au gaspillage industriel, des alternatives concrètes émergent
Les associations environnementales alertent sur le fait que la prévention des déchets en amont est encore trop peu encouragée, et elles ne peuvent à elles-seules absorber l’ampleur des surplus. En France, 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été générés en 2022 sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, dont 25 % issus des industries agroalimentaires (Source : données du Ministère de l’Agriculture). Ces dernières sont particulièrement concernées lors des phases de production et de transformation, qui représentent une part significative du gaspillage. À l’échelle européenne, cela se traduit par 1,6 million de tonnes de surstocks de matières premières alimentaires, souvent incinérées.
D’autres solutions émergent également : les industriels collectent des données tout au long de la chaîne de production et utilisent l’intelligence artificielle pour optimiser les stocks, limitant ainsi les invendus grâce à des prévisions plus précises. Par ailleurs, la valorisation des coproduits, qui consiste à transformer les déchets plutôt que de les incinérer, permet de les réutiliser dans des secteurs tels que l’industrie cosmétique, la production d’énergie ou la fabrication de fertilisants. Cependant, ces méthodes permettent d’améliorer la durabilité, mais elles restent encore trop marginales.
Des solutions de revalorisation existent pour optimiser la réallocation des ressources déjà disponibles, comme la gestion des invendus et du surstock, permettant ainsi de réduire la destruction de denrées encore consommables. Ce système a un double impact : il diminue le gaspillage et les émissions de CO2. Il est crucial de poursuivre et d’amplifier ces initiatives pour en maximiser l’impact à l’échelle de l’industrie.
Par ailleurs, d’autres solutions existent : les industriels peuvent collecter des données tout au long de la chaîne de production et utiliser l’intelligence artificielle pour optimiser les stocks, réduisant ainsi les invendus grâce à des prévisions plus précises. La valorisation des coproduits, qui consiste à transformer les déchets plutôt que de les incinérer, permet également de réutiliser ces ressources dans des secteurs comme l’industrie cosmétique, la production d’énergie ou la fabrication de fertilisants. Cependant, bien que ces méthodes améliorent la durabilité, elles restent encore trop marginales.
Pour atteindre les objectifs fixés par la loi AGEC, il est indispensable de soutenir les solutions existantes et de développer de nouvelles approches adaptées aux réalités et contraintes industrielles. Imposer des contraintes sans accompagner les entreprises dans leur transition risquerait de créer davantage d’obstacles, freinant ainsi un changement systémique nécessaire.
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