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L’industrie automobile européenne face aux défis de la décarbonation

véhicules thermiquesAerial view by drone of the Ecoduct De Borkeld for the wildlife, crossing above multiple highway with bicycle lane bridge and people commuting in the green Netherlands during springtime.

Une contribution de Soraya Anrar, Directrice des Activités de Guichet Carte Grise

Le secteur automobile européen se trouve à un tournant critique. Face aux défis posés par les politiques ambitieuses de décarbonation, les constructeurs doivent s’adapter à une transformation inéluctable. Mais alors que l’Union européenne impose des objectifs écologiques de plus en plus stricts, il est essentiel de trouver un équilibre entre la protection de notre environnement et la pérennité de notre industrie.

 

L’objectif louable de l’UE : sauver la planète

La volonté de l’UE de réduire les émissions de gaz à effet de serre est en ligne avec les engagements pris à l’échelle internationale, notamment ceux issus des accords de Paris. Le dernier rapport du GIEC nous rappelle que les actions doivent être immédiates et substantielles pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Dans ce contexte, l’industrie automobile est un levier crucial de la transition énergétique, représentant environ 15 % des émissions de CO2 en Europe.

Le plan de l’UE vise à éliminer progressivement les véhicules thermiques d’ici 2035. Cela signifie qu’à partir de 2025, 20 % de la production automobile devra être composée de véhicules électriques. Cependant, cette transition, bien que nécessaire, pose d’importants défis pour les constructeurs.

 

Des objectifs ambitieux, mais des contraintes à revoir

La difficulté majeure réside dans le fait que la demande pour les véhicules électriques ne suit pas la cadence imposée par Bruxelles. En août 2024, seulement 12,5 % des véhicules vendus en Europe étaient électriques, bien en deçà des attentes. Les consommateurs hésitent encore à franchir le pas, en raison des coûts d’achat élevés, des infrastructures de recharge jugées insuffisantes et de l’inflation qui grève leur pouvoir d’achat.

Les constructeurs se retrouvent donc face à un dilemme : produire des véhicules qu’ils auront du mal à vendre, ou subir de lourdes amendes. Or, cette situation pourrait être évitée avec une plus grande flexibilité dans les règlements européens.

 

Des ajustements possibles pour un avenir durable

Plutôt que de voir les règles de l’UE comme une menace, il est possible de les adapter afin de mieux soutenir l’industrie sans compromettre les objectifs écologiques. Voici quelques pistes de réflexion :

 

  1. Inclure les véhicules hybridesdans le calcul des 20 % de production non thermiques. Ces véhicules représentent une étape de transition réaliste pour de nombreux consommateurs et pourraient aider à combler l’écart vers l’électrique pur.
  1. Harmoniser les efforts de décarbonation à l’échelle internationale. En collaborant avec d’autres grands marchés, tels que les États-Unis et la Chine, via des accords sur la réduction des émissions, l’UE pourrait créer un cadre globalement cohérent, évitant ainsi une concurrence déloyale.
  1. Imposer des taxes plus élevées sur les véhicules importésqui ne respectent pas les normes environnementales européennes. Cela inciterait les constructeurs étrangers à adopter des pratiques plus durables et protégerait l’industrie locale contre une concurrence déséquilibrée.
  1. Renforcer les infrastructures de recharge. Une adoption massive des véhicules électriques ne pourra avoir lieu sans un réseau de recharge accessible, rapide et harmonisé à travers tous les pays d’Europe.

 

L’avenir de l’industrie européenne : des pistes de transformation

Les constructeurs européens ne sont pas sans option. Pour se préparer à cette transition, ils doivent non seulement s’adapter, mais aussi innover. Plusieurs leviers peuvent être actionnés :

 

  1. Renforcer la position internationale des marques européennes. À l’instar de Tesla aux États-Unis ou BYD en Chine, les constructeurs européens peuvent accélérer le développement et l’exportation de véhicules électriques de qualité, en particulier sur les marchés émergents. 
  1. Communiquer davantage sur les avantages des véhicules non thermiques. En sensibilisant les consommateurs aux économies à long terme, à la réduction de leur empreinte carbone et aux nouvelles avancées technologiques, les constructeurs peuvent encourager une adoption plus rapide des véhicules électriques.
  1. Rendre les véhicules électriques plus abordables. En réduisant les coûts de production, via des économies d’échelle et des innovations technologiques, les constructeurs pourraient rendre ces véhicules plus accessibles à une plus grande partie de la population.

 

Conclusion : une transformation nécessaire, mais réalisable

L’industrie automobile européenne ne disparaîtra pas. Elle est à la croisée des chemins et doit s’adapter pour relever les défis imposés par la décarbonation. Si les règles européennes sont inflexibles aujourd’hui, il est possible de les ajuster pour mieux accompagner cette transition. Les constructeurs doivent, de leur côté, innover et saisir l’opportunité de redéfinir leur place sur le marché mondial.

Ensemble, œuvrons pour un avenir où l’Europe reste à la pointe de l’industrie automobile, tout en respectant les impératifs écologiques du XXIe siècle.

 

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