Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche signe un basculement radical de la politique climatique américaine. Dès son premier jour à la tête du pays, le Président a acté la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris ; un geste aux allures de coup de tonnerre, mais dont l’impact réel mérite d’être questionné. D’autant qu’il place l’Europe face à de nouvelles responsabilités.
Une contribution de Léo Genin, directeur associé I Care by Bearing Point
« America is All in » : le contrepoids de la société civile et des États fédérés
En juin 2017, Donald Trump annonçait déjà le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Le monde avait alors assisté à une levée de boucliers sans précédent. Des États fédérés, des métropoles et des milliers d’entreprises américaines avaient pris le contrepied de la décision présidentielle, affirmant haut et fort leur engagement en faveur de la transition écologique.
Sous l’initiative « America is All In« , une coalition de 5 000 leaders économiques, 3 000 organisations et 360 collectivités, représentant 60 % du PIB américain et 160 millions d’habitants, s’est ainsi structurée pour poursuivre l’effort climatique. En 2025, la situation a évolué : cette résistance est plus organisée, plus affirmée, et mieux armée pour contrer la nouvelle offensive climatosceptique de la Maison-Blanche.
Un leadership mondial en crise : l’Europe face à ses responsabilités
Le retrait américain place l’Europe face à un défi crucial. Lors du premier mandat de Trump, Emmanuel Macron avait tenté d’affirmer un leadership climatique avec son slogan « Make Our Planet Great Again ». Mais, cette ambition n’a pas été pleinement traduite en actes.
Aujourd’hui, le défi est d’une autre ampleur. L’Europe ne peut plus se contenter d’une posture symbolique : elle doit prouver que la transition écologique est une nécessité autant qu’un levier de souveraineté. Contrairement aux États-Unis, qui disposent de ressources fossiles abondantes, et d’une capacité à réorienter rapidement leurs investissements énergétiques, l’Europe est structurellement dépendante d’une transition vers des énergies décarbonées.
Pour elle, ce n’est pas seulement un impératif climatique : c’est un enjeu de compétitivité industrielle et de sécurité énergétique. Si l’Europe ne prend pas la tête du mouvement, elle risque de subir de plein fouet les fluctuations des marchés et les pressions géopolitiques. Le débat actuel autour du potentiel allégement de la CSRD via une directive dite « omnibus » illustre cet enjeu, avec une partie des acteurs économiques qui estiment que les règles de durabilité renforcent la souveraineté européenne en créant des conditions de concurrence plus équitables.
Décarbonation, anticipation et coalition : 3 impératifs à gérer de front
Les entreprises et les territoires ont un rôle clé à jouer dans la transition écologique. Si la décarbonation est désormais un objectif bien intégré par de nombreuses organisations européennes, celle-ci doit continuer d’accélérer pour assurer notre souveraineté et notre compétitivité.
En parallèle, la multiplication des catastrophes liées au réchauffement – à l’image des inondations en Espagne, des incendies en Californie ou des tempêtes à répétition en Europe – montre que nos acteurs économiques ne peuvent plus se contenter d’une approche partielle. Ils doivent évaluer sérieusement et sans attendre leur exposition aux risques climatiques et anticiper les perturbations économiques qui en découleront.
Enfin, l’Europe doit soutenir les coalitions engagées, à l’image de « America is all in », en mettant en lumière ceux qui continuent à avancer, aux États-Unis comme ailleurs. Une triple prise de conscience, donc, que l’élection de Donald Trump pourrait, paradoxalement, favoriser.
Un monde en tension, un arbitrage complexe
Le retour de Donald Trump s’inscrit dans un contexte international marqué par des tensions économiques, des crises énergétiques et une polarisation politique croissante. Les conséquences de son orientation climatosceptique sur les investissements dans la transition énergétique, sur les stratégies d’investissement des banques et des entreprises, seront sensibles.
Toutefois, cette situation ne doit pas être un prétexte à l’inaction. L’Europe a une opportunité unique de s’affirmer comme un leader crédible et pragmatique. Les entreprises et les territoires doivent, eux aussi, affirmer leur rôle en renforçant leurs engagements, mais surtout en se transformant durablement, pour anticiper les défis à venir. Ce qui se joue aujourd’hui dépasse une simple décision politique : c’est la crédibilité même de la transition écologique dont il est question. Et, dans cette bataille, si chaque acteur compte, il faudra surtout apprendre à jouer collectif !
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