En 2010, les gouvernements ont convenu que les pays développés s’engageraient à verser 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement à financer les mesures d’adaptation nécessaires pour mieux gérer les effets du changement climatique.
Il s’agit notamment des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations, et de soutenir les efforts d’atténuation visant à éloigner les pays des combustibles fossiles et à les orienter vers les énergies renouvelables.
C’était lors de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques COP16, il y a sept ans. Alors que la COP28 débute cette semaine à Dubaï, la question apparemment éternelle du respect de l’engagement de 100 milliards de dollars se pose à nouveau.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) suggère, sur la base de données non vérifiées, que l’objectif a finalement été atteint. Mais même si c’est le cas, l’Agence internationale de l’énergie indique clairement que des billions, et non des milliards, de dollars sont nécessaires pour que le monde atteigne l’objectif « zéro émission nette », en éliminant autant de gaz à effet de serre qu’il n’en émet. Compte tenu de ce fait, les gouvernements doivent, lors des négociations sur le climat à Dubaï, faire beaucoup plus pour mobiliser le financement privé afin de combler cet énorme déficit de financement.
L’idée était que ces 100 milliards de dollars pourraient provenir d’un mélange de sources privées et publiques basées sur des accords bilatéraux ou multilatéraux, comme le Fonds vert pour le climat, mis en place pour mobiliser le financement de l’adaptation. Cependant, il n’y avait pas de montant distinct fixé pour l’adaptation ou l’atténuation, juste une somme annuelle unique qui devait être atteinte.
Lors de la COP21 en 2015, l’Accord de Paris a établi que les pays développés continueraient à mobiliser 100 milliards de dollars de financement par an jusqu’en 2025 et qu’avant 2025, les nations conviendraient d’un nouvel objectif pour les années suivantes.
Il y a deux ans, lors de la COP26 à Glasgow, il est apparu clairement que les pays n’avaient pas atteint l’objectif de 2020 pour un certain nombre de raisons, dont le manque de financement privé.
Il n’est donc pas surprenant que l’objectif de 100 milliards de dollars n’ait pas été atteint alors que ni les gouvernements ni les investisseurs privés ne savent exactement dans quoi ils investissent ou quels investissements doivent être considérés comme des « financements pour le climat ».
Si, par exemple, un financement est consacré au renforcement d’un pont, s’agit-il d’un financement climatique puisque le pont sera soumis à une plus grande usure en raison des ondes de tempête, ou s’agit-il simplement d’un financement général d’infrastructure ?
Les experts se penchent sur ce problème, mais, même sans cette confusion supplémentaire, on peut affirmer que le financement de la lutte contre le changement climatique doit être renforcé.
Selon l’OCDE, le montant total des financements pour le climat fournis par les pays développés en 2021 s’est élevé à 89,6 milliards de dollars (81,6 milliards d’euros), soit une augmentation de 7,6 % par rapport à 2020. Le pourcentage d’augmentation est bien plus élevé que celui des années précédentes, et il est réjouissant de voir le financement privé mobilisé revenir aux niveaux de 2019, atteignant 14,4 milliards de dollars (13,1 milliards d’euros) en 2021 après un creux en 2020.
Cependant, deux questions méritent une attention particulière. La première est que sur ce chiffre, seul un montant relativement faible, 24,6 milliards de dollars (22,4 milliards d’euros), a été consacré à des mesures d’adaptation, la majorité de l’argent allant à des projets d’atténuation. De plus, ce chiffre a diminué au cours des dernières années. Deuxièmement, la majorité de ce financement provient de sources publiques.
S’attaquer à ces deux problèmes représente un défi de taille, mais il est certainement possible, lors de la COP28, de mettre en place des mesures qui entraîneront des changements.
Tout d’abord, l’idéal serait qu’il y ait un accord à Dubaï pour augmenter de manière substantielle le financement de l’atténuation et de l’adaptation, encouragé par des objectifs individuels.
Deuxièmement, les participants doivent reconnaître officiellement que les fonds publics ne suffiront pas à financer les besoins en matière d’atténuation et d’adaptation, et ils doivent convenir d’une marche à suivre pour débloquer d’urgence des fonds privés.
Le Cambridge Institute for Sustainability Leadership a récemment publié un document intitulé « Everything, everywhere, all at once », qui examine les défis et les solutions proposées pour débloquer les capitaux privés. Il propose des options pour renforcer la gestion des risques et les garanties, améliorer la transparence des données, encourager le secteur privé et soutenir des modèles de financement diversifiés et innovants.
La promotion de divers modèles de financement peut diversifier les risques, rendre les investissements climatiques plus bancables et plus attrayants, accélérer potentiellement le rythme du financement climatique et renforcer son efficacité dans la promotion du développement durable. Ces structures pourraient inclure des modèles dans lesquels les banques, au lieu de conserver les prêts sur leurs bilans jusqu’à l’échéance, les distribuent, ce qui pourrait libérer des milliards de dollars de financement supplémentaire.
L’initiative de Bridgetown est un modèle prometteur pour débloquer davantage de financements privés. Cette proposition a été présentée par Mia Mottley, première ministre de la Barbade, avant la COP27 qui s’est tenue en Égypte en 2022. Elle définit les moyens de réformer le système financier mondial afin qu’il puisse accroître la résilience climatique et financer les objectifs de développement durable, tout en s’attaquant aux crises de la dette et de l’inflation auxquelles sont confrontés les pays les plus pauvres.
L’Initiative de Bridgetown demande une augmentation des prêts pour le climat et pour les Objectifs de développement durable (ODD) de la part des banques multilatérales de développement afin d’aider à stimuler les investissements dans des domaines tels que la résilience climatique, la sécurité de l’eau et l’accès aux énergies renouvelables.
Le document du Cambridge Institute for Sustainability Leadership indique également clairement que la collaboration doit être au cœur de toutes ces actions si l’on veut atteindre les objectifs climatiques conformément à l’Accord de Paris.
Si l’objectif des 100 milliards de dollars a finalement été atteint en 2022, c’est un marqueur de progrès, qui devrait permettre de faire avancer les négociations sur le climat lors de la COP28. Pourtant, ce chiffre est, en vérité, dérisoire par rapport aux 1 000 milliards de dollars ou plus qui seront nécessaires chaque année d’ici 2025 pour répondre aux besoins climatiques des nations les plus pauvres.
La pression est forte à Dubaï pour débloquer la multitude d’opportunités que le financement privé peut offrir et augmenter de manière substantielle l’apport de financement à toutes les économies émergentes et en développement.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Nina Seega
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