Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les scientifiques ont découvert que les abeilles tendent à vivre en meilleure santé dans les milieux urbains que dans les ruraux – elles se reproduisent plus, ont plus de stocks de nourriture, rencontrent moins de parasites, et vivent plus longtemps.
Les pesticides sont un sujet délicat – bien qu’il soit efficaces pour les champs qu’ils sont censés protéger, ils peuvent néanmoins nuire aux abeilles dont l’agriculture dépend. Leur usage avait déclenché un débat lors du Sommet AgTech 2019 de Forbes, où des apiculteurs avaient discuté de l’impact de ces produits chimiques sur les abeilles, de la potentielle recherche encore nécessaire pour comprendre leurs effets, et de la façon dont la technologie, les milieux urbains et la régulation affectera le futur des pollinisateurs. Voici tout ce qu’ils ont dit – et que vous devez savoir – sur les effets des pesticides sur les abeilles.
Que sont les pesticides, et comment affectent-ils les abeilles ?
Les agriculteurs ont toujours utilisé des pesticides pour contrôler les parasites tels que les mauvaises herbes, les insectes, la moisissure, le mildiou, et les animaux tels que les rats et les souris, selon l’Institut Américain des Sciences de la Santé Environnementale. Mais ils n’étaient pas supposés avoir des effets sur les abeilles, qui sont essentielles à notre système alimentaire – leur pollinisation possède un impact sur un tiers de notre nourriture, selon le Pesticide Action Network, une organisation à but non lucratif qui remet en question l’usage de pesticides dans l’agriculture.
Les produits chimiques les plus dangereux pour les abeilles sont appelés pesticides néonicoticoïdes. Les scientifiques ont remarqué que les abeilles peuvent être empoisonnées si elles volent à travers un champ ayant été aspergé de ces produits chimiques ; mais habituellement, les abeilles sont touchées à force de boire du pollen, du nectar et de l’eau contaminés, selon le PAN. L’exposition à ces pesticides peut être néfaste aux abeilles sur le long terme, en affaiblissant leur système immunitaire, en raccourcissant leur cycle de vie adulte et en augmentant leur désorientation, et cette exposition pourrait être la cause du Syndrome d’Effondrement des Colonies d’Abeilles. Bien que l’Agence de Protection de l’Environnement américaine ait interdit 12 types de néonicoticoïdes en mai – produits par Syngenta, Valent et Bayer – il en existe toujours 47 autres sur le marché.
La technologie peut-elle améliorer l’usage des pesticides ?
Beaucoup de start-ups sont à la recherche d’une technologie pour changer l’utilisation des pesticides et leur définition, en particulier en Europe, selon le Dr. Fiona Edwards Murphy, co-fondatrice et PDG de ApisProtect. Sa société, basée en Irlande, utilise le machine learning pour rassembler des données sur la santé des essaims d’abeilles. Mais Carly Stein, fondatrice de Beekeeper’s Naturals, affirme que dépendre entièrement de ces nouveaux moyens pour les pesticides ne serait pas nécessairement la bonne solution. « L’idée qu’il y aura un jour un pesticide qui ne sera pas nocif d’une manière ou d’une autre est juste un peu naïve, » dit-elle.
Au contraire, retirer complètement les pesticides pourrait pousser les agriculteurs à avoir de nouveau recours aux anciennes méthodes de contrôle des nuisibles, ce qui pourrait potentiellement être plus dangereux pour les abeilles, selon Stein, qui avait été nominée au classement Forbes 30 Under 30 de 2019. À la place, plus de recherches devraient être effectuées pour comprendre comment les pesticides interagissent avec d’autres produits chimiques, et l’effet subséquent sur les abeilles. Son entreprise – dont la mission est de réinventer l’armoire à pharmacie avec des produits à base d’abeilles – sous-traite sa production dans des régions où l’utilisation de pesticide est absente comme le Canada, et effectue des tests de pesticides tiers sur toutes ses matières premières pour produire ses produits bio.
Comment l’apiculture urbaine peut-elle aider les abeilles ?
Mais il y a des endroits moins favorables à l’apiculture, cependant, et ce ne sont peut-être pas ceux auxquels vous pensez. L’association à but non lucratif de Timothy « Paule » Jackson, Detroit Hives (les Essaims de Détroit), construit des fermes apicoles urbaines sur les terrains vagues de Détroit dans le Michigan. En plantant des fleurs sauvages, l’association fournit aux abeilles un endroit sécurisé pour se nourrir avec peu voire sans aucun pesticide. « Nous avons tellement d’abeilles là où poussent les fleurs sauvages, et nous ne pulvérisons aucun produit chimique sur ces fleurs qui stimulent la population d’abeilles indigènes, » annonce Jackson.
Stein attire notre attention sur le fait que les abeilles urbaines sont souvent en meilleure santé que les abeilles sauvages, et ce grâce à des fermes apicoles urbaines comme Detroit Hives. Bien qu’elle affectionne rencontrer des apiculteurs urbains, le problème est qu’ils sont trop peu nombreux pour maintenir une production commerciale aux États-Unis, déplore-t-elle.
Comment les agriculteurs peuvent-ils aider les apiculteurs ?
Bien qu’il n’y ait pas de solution immédiate aux pesticides, des liens de communications plus forts sont nécessaires entre les apiculteurs et les agriculteurs, nous dit Ellie Symes, PDG de The Bee Corp et gagnante du THRIVE Sustainability Award. Elle a remarqué que son entreprise avait en fait commencé à travailler en plus étroite collaboration avec les agriculteurs, aidant à combler l’écart des savoirs entre les deux groupes de travailleurs agricoles. C’est utile au moins pour les apiculteurs de savoir quels champs sont aspergés de pesticides et quand, ajoute-t-elle.
« Nous commençons à voir les différents acteurs travailler ensemble, les entreprises de produits chimiques s’investir et s’intéresser, et c’est ce qui compte, » conclue Symes. « Nous finirons par résoudre ce problème, mais tout le monde doit s’impliquer. »
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