Il existe une pandémie dont personne ne parle, qui tue pourtant plus de 8 millions de personnes chaque année, et qui pourrait aggraver le Covid-19. Si vous n’en avez jamais entendu parler, c’est normal, la pollution de l’air n’est pas aussi populaire que le coronavirus. Cependant, elle cause plus de décès que la guerre, le paludisme, la tuberculose, le sida et la grippe réunis.
La combustion de combustibles fossiles et de matières organiques libère non seulement des gaz à effet de serre, mais aussi des polluants dangereux. Ainsi, la réduction d’émissions peut ralentir le réchauffement climatique, et améliorer la santé mondiale.
Un cauchemar pour la santé
La pollution de l’air provoque des maladies respiratoires graves, notamment l’asthme et la pneumonie, mais les poumons ne sont pas les seuls organes vitaux que la pollution attaque. La mauvaise qualité de l’air augmente la probabilité d’accidents vasculaires, cérébraux et de crises cardiaques, car la pollution endommage le système circulatoire. Elle peut même entraver le développement du cerveau des enfants, et altérer le fonctionnement cognitif.
Ce n’est que récemment, que les scientifiques ont pu mesurer le véritable coût de la pollution sur la santé humaine. Une étude de Cardiovascular Research estime, que les polluants atmosphériques réduisent l’espérance de vie mondiale de trois ans en moyenne. D’après les récentes recherches sur le Covid-19, les taux de pollution atmosphérique seraient la cause d’un taux de mortalité plus élevé du au virus. En France, en Allemagne, en Italie et en Espagne, près de 80 % des décès dus au Covid-19 se sont produits dans les régions les plus polluées.
Un brouillard de pollution
Chaque année, des millions de personnes se déplacent vers les villes à la recherche d’opportunités. Cependant, ces métropoles surpeuplées sont souvent remplies d’usines, de centrales électriques et de circulation automobile. En conséquence, 80 % des citadins du monde entier sont exposés à des niveaux de pollution dépassant les directives de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Dans les pays en développement, 98 % des villes ne répondent pas aux normes de sécurité de l’OMS en matière de pollution atmosphérique.
Dans un certain nombre de villes industrielles, la pollution de l’air dépasse les limites de l’OMS de niveau 8. À ce niveau, de nombreux médecins considèrent que le fait de sortir de chez soi constitue un risque pour la santé. L’année dernière, à Delhi, les niveaux de pollution ont dépassé la norme. Il n’est donc pas surprenant que ces villes soient confrontées à une crise sanitaire permanente. Les pays développés ne sont pas à l’abri. En Amérique du Nord, la pollution atmosphérique provenant principalement de l’utilisation de combustibles fossiles cause 130 000 décès supplémentaires par année.
Freiner le développement
Alors que la pollution de l’air extérieur peut envelopper une ville dans un épais brouillard sur des kilomètres, la pollution de l’air intérieur est presque aussi dangereuse. Dans les bidonvilles urbains aussi bien que dans les communautés rurales isolées, plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Sans autres sources d’énergie, beaucoup dépendent de la matière organique pour cuisiner et se chauffer. Cependant, la combustion du bois et de déchets, en particulier dans les maisons mal ventilées, libère de grandes quantités de particules dangereuses. En conséquence, la moitié des décès par pneumonie chez les enfants de moins de cinq ans sont dus à la pollution de l’air domestique.
Souvent les premières exposées à la pollution de l’air intérieur, sont les femmes. Sans équipement moderne de chauffage et de cuisson, l’éducation des femmes souffre également, car les filles peuvent passer des heures à chercher du bois de chauffage. Les initiatives visant à promouvoir des cuisinières propres et modernes sont essentielles pour la santé publique, le développement économique et l’égalité des sexes.
Ces deux types de pollution sont exacerbés par les défaillances de la société. Dans les villes où il n’existe pas de normes environnementales adéquates, les entreprises polluent à volonté. Quant aux villages non reliés aux réseaux électriques, les individus sont plus susceptibles de brûler des combustibles sales. Et dans les communautés dépourvues de services de gestion des déchets et d’assainissement, les décharges remplacent l’élimination des déchets. Ces facteurs contribuent à entretenir la relation étroite entre pauvreté et pollution.
Lorsque le brouillard se dissipe
La pandémie du Covid-19 a mis en lumière le problème de la qualité de l’air urbain. Pendant le confinement, le brouillard de pollution permanent de Los Angeles a disparu, révélant une vue dégagée des gratte-ciels du centre-ville. Dans la zone industrielle de Jalandhar, le sommet enneigé de l’Himalaya est devenu visible pour la première fois depuis des décennies. Les habitants des villes du monde entier ont réalisé que le ciel clair pouvait coexister avec les commodités urbaines.
Que ce soit dans une métropole étincelante ou dans un petit village, l’accès à l’air pur devrait être un droit humain fondamental. Suite aux conséquences catastrophiques du Covid-19, les gouvernements du monde entier ont une occasion unique de s’attaquer à nos émissions incontrôlées : la pollution atmosphérique et le changement climatique. Une reprise durable consisterait à investir dans les énergies renouvelables, les infrastructures vertes et les technologies propres, tant au niveau national qu’international. Il en résulterait non seulement une économie plus saine, mais aussi une planète plus saine.
Article traduit de Forbes US – Auteur : David Carlin
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