L’une des principales qualités de la nouvelle génération de technologies sans fil, appelée 5G, est de rendre nos smartphones plus rapides. Elle mettra en relation des dizaines de milliards d’appareils et capteurs en tous genres. La réaction de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) est donc surprenante, puisque l’agence américaine estime que cette technologie pourrait nuire à sa capacité à recueillir des données météorologiques.
Pourtant, c’est loin d’être le cas. Grâce à la 5G, les prévisions météorologiques seront plus précises. Depuis des décennies, les agences gouvernementales ont jalousement, et parfois hypocritement, gardé leur spectre de radiofréquence sans fil, souvent sous-exploité. Les réclamations de la NOAA sont probablement liées à ce phénomène, qui l’empêchait de tirer pleinement parti de ladite ressource.
Situons le contexte : il y a trois semaines aux Etats-Unis, la Commission fédérale des communications (FCC) terminait sa vente aux enchères pour les fréquences du spectre sans fil de 24 GHz. Des fréquences aussi hautes seront essentielles à la mise en place de la 5G, et ces enchères n’étaient que le début d’une longue série, destinée à accroître considérablement l’infrastructure sans fil aux États-Unis.
Ces ventes aux enchères peuvent durer des années et font souvent l’objet de nombreux commentaires publics de la part des experts, y compris des agences gouvernementales, qui font des suggestions ou formulent parfois des plaintes. Ce n’est qu’à la fin des enchères que la NOAA a averti que la détection météorologique du pays était en danger. Selon l’agence américaine, le déploiement de la technologie 5G dans la gamme des 24 GHz pourrait interférer avec ses dispositifs de détection. Mais son argument ne tient pas la route, notamment puisque les fameux dispositifs de détection n’existent pas. La NOAA affirme que la 5G pourrait réduire l’efficacité de sa collecte de données de 77 %, mais l’étude citée par l’agence concerne un dispositif beaucoup moins sensible, qui n’a d’ailleurs jamais été déployé. En fait, ce projet a même été annulé en 2006.
Contrairement aux soi-disant capteurs imaginaires, les capteurs passifs qui existent bel et bien sont plus sensibles et moins sujets aux interférences. Ils fonctionnent à 23,8 GHz, à des mégahertz du nouveau spectre mis aux enchères, qui possède un seuil de 24,25 GHz. Les règles sur l’interférence de la FCC apportent une couche supplémentaire de protection. Celles-ci sont bien connues et s’appliquent à toutes les technologies sans-fil afin de protéger les spectres et la fonctionnalité du réseau.
Les administrations ont déclaré que le lancement du spectre 5G était primordial pour l’innovation et la croissance économique. De nombreuses agences gouvernementales, telles que la NOAA et le Pentagone, ont des droits spéciaux sur le spectre, afin de promouvoir la sécurité publique et nationale, des missions clefs. Mais après des décennies de tergiversations, nous pouvons enfin mettre sur le marché des fréquences inutilisées. Il ne faut pas que la bureaucratie se mette en travers du chemin et nous empêche de déployer ce spectre inutilisé sur le marché : cela ralentirait les progrès de la 5G et donc de la croissance économique, freinant par ricochet le développement de technologies militaires et de prévisions météorologiques toujours plus sophistiquées.
Autre point important : seule la 5G pourra nous permettre d’atteindre ces objectifs d’ordre public. La dernière vente aux enchères des fréquences de 24 GHz va permettre à elle seule d’ajouter 700 mégahertz à la bande passante. Rendez-vous compte, cela correspond à plus de la totalité du spectre déployé pour les réseaux mobiles aujourd’hui aux États-Unis (soit moins de 600 MHz). Ces enchères vont donc doubler le spectre disponible aux équipements commerciaux sans fil. D’autres ventes restent encore à venir, comme celles pour les fréquences de 37 et 39 GHz, prévues pour le mois de novembre.
Grâce à ces ventes aux enchères et au déploiement de centaines de milliers, voire de millions de nouvelles cellules, ainsi qu’au respect de paramètres bien précis, la couverture sans-fil sera multipliée au moins par 10. La 5G et les milliards de nouveaux appareils qu’elle connecte viendront compléter les efforts de la NOAA (et d’autres organismes publics, plus ou moins importants). La 5G permettra bien d’alimenter la réalité augmentée, les voitures connectées et des smartphones toujours plus rapides. Mais elle offrira également une large gamme de capteurs et autres dispositifs actifs ou passifs, qui seront un outil formidable pour le travail des organismes publics, pour la recherche et les services cruciaux que ces acteurs fournissent à la population.
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