NEUTRALITÉ CARBONE | Début mai, l’Espagne a adopté une loi sur le changement climatique et la transition énergétique dont le but est de revitaliser l’économie du pays, ravagée par la pandémie. Cette loi met en place une feuille de route de développement plus vert et plus durable.
La loi espagnole sur le changement climatique et la transition énergétique prévoit notamment une réduction de 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 1990), l’interdiction de vendre de nouveaux véhicules à moteur à combustion interne à partir de 2040, l’extension des zones à faibles émissions et l’augmentation du nombre de stations de recharge de véhicules électriques (VE). Le groupe Switch a donc décidé d’investir 100 millions d’euros sur dix ans pour ouvrir une usine de fabrication et de technologie avancée pour les bus électriques (e-Bus) et les véhicules utilitaires légers électriques (e-LCV) en Castille-et-Léon.
Une philosophie zéro carbone
Plusieurs questions se posent : est-ce que les véhicules neutres en carbone peuvent réellement concurrencer les moteurs traditionnels à combustion interne en termes de coût et de commodité ? Avec leurs processus de production à forte émission, les VE peuvent-ils réellement être considérés comme plus respectueux de l’environnement que des moteurs à combustion interne ? Qu’en est-il des défis infrastructurels importants auxquels sont confrontées les grandes flottes commerciales électriques ?
Toutes ces questions sont légitimes. Tout d’abord, en termes de coût et de commodité, il est désormais évident que le coût total des opérations pendant la durée de vie d’un véhicule commercial neutre en carbone sera bien inférieur à celui d’un véhicule équivalent à moteur à combustion interne. En outre, au fil du temps, l’on observera une réduction des coûts d’entrée et de production, une amélioration de l’autonomie et une plus grande autonomie. D’ici 2027, les VE seront plus abordables que les véhicules à moteur à combustion interne.
Concernant la production intensive d’émissions de GES dans le cadre de la fabrication des VE, si l’on considère les émissions des véhicules sur toute leur durée de vie, les VE finissent par être nettement plus respectueux de l’environnement que les moteurs à combustion interne.
Plus précisément, les nouvelles usines de Switch Espagne, dont la construction commencera début janvier, s’inscriront pleinement dans le cadre de la philosophie « zéro carbone » du groupe. Au sein de ses nouvelles installations, Switch privilégiera la neutralité carbone tout au long de la chaîne d’approvisionnement et pas seulement au point d’utilisation. Des sources d’énergie renouvelables, soutenues par un système avancé de contrôle et de gestion de l’énergie, alimenteront les opérations de l’usine.
Les fournisseurs ayant un plan clair de gestion du carbone seront préférés aux autres. Switch collaborera également avec les fournisseurs de batteries afin de les aider à mettre en œuvre des stratégies d’approvisionnement environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) ainsi qu’à explorer les applications de deuxième et troisième vie des batteries.
Enfin, dans la mesure du possible, les VE effectueront des tâches logistiques. Les émissions de carbone inévitables seront compensées par l’achat de crédits carbone volontaires Gold Standard. En résumé, l’accent sera mis sur la réalisation d’une empreinte carbone neutre pour l’entreprise et ses produits.
Pourquoi l’Espagne ? Pourquoi la Castille-et-Léon ?
Aujourd’hui, le transport routier est responsable d’environ 25 % des émissions de GES en Espagne. Sur ces 25 %, les autobus ne génèrent que 0,42 % des émissions totales de CO2 et, avec 68 grammes d’émissions de CO2/passager/km, ils sont le deuxième mode de transport motorisé le moins polluant après le train.
Outre l’aspect environnemental, il faut également souligner l’aspect économique. En Espagne, l’industrie des autobus représente près de 95 000 emplois, la plupart des 3350 entreprises actives dans ce secteur étant des petites et moyennes entreprises. Avant l’arrivée du covid, près de trois millions de passagers utilisaient annuellement les autobus pour se déplacer.
Les bus électriques représentent actuellement 3 % de la flotte totale de bus en Espagne, selon l’autorité nationale des transports routiers, la Dirección General de Tráfico (DGT). En avril dernier, le gouvernement espagnol a annoncé investir 13,2 milliards d’euros pour l’électrification des véhicules, dans le cadre d’une série de mesures visant à moderniser l’économie à l’aide des fonds de relance de l’Union européenne. Parallèlement, CONFEBUS, la Confédération espagnole du transport par autobus, prévoit que les autobus électriques représenteront 20 % du marché total des autobus.
En termes de volumes de production de véhicules, l’Espagne arrive en deuxième position en Europe, après l’Allemagne. La région de Castille-et-Léon produit à elle seule 15 % des véhicules fabriqués en Espagne. La région compte 35 000 travailleurs du secteur automobile et représente 25 % du PIB industriel espagnol et 56 % des exportations du pays. Cependant, les ventes automobiles, principale source d’exportations de la région, ont plongé en 2020 au lendemain de la pandémie.
La prochaine usine de Switch marquera donc un retour en force en termes d’investissement et de renouveau régional, grâce aux véhicules à énergie alternative. L’usine devrait permettre de créer 2000 emplois directs et 5000 emplois indirects. En outre, elle permettra de fabriquer des e-Bus ainsi que des e-LCV et disposera d’un centre de R&D qui développera des produits spécifiquement pour le marché européen. Cette usine, la première de Switch en Europe continentale, facilitera l’accès du groupe aux principaux marchés européens. À plus long terme, elle soutiendra une expansion potentielle vers les marchés d’Amérique du Sud.
Appréhender l’avenir avec plus d’intelligence
Il y a certainement plusieurs défis à relever pour l’électrification des véhicules commerciaux : développer l’infrastructure nécessaire pour soutenir l’exploitation des flottes de bus électriques, construire un réseau de recharge robuste et concevoir des applications viables pour les batteries de deuxième vie.
Aujourd’hui, Switch possède plus de 300 VE qui circulent sur les routes du monde et qui ont parcouru plus de 50 millions de kilomètres. Environ huit millions de kilomètres ont été parcourus en utilisant les options de mobilité en tant que service (MaaS). D’ici la fin de l’année prochaine, cette flotte de VE aura plus que doublé, une fois que l’usine Switch en Castille-et-Léon sera opérationnelle.
Les premiers e-Bus seront produits par l’usine Switch de Castille-et-Léon au quatrième trimestre 2022. Le groupe espère que cela renforcera les nombreuses manières dont les flottes de VE peuvent améliorer l’efficacité, promouvoir des pratiques respectueuses de l’environnement et générer des résultats économiques positifs.
Dans l’optique d’un avenir neutre en carbone, une victoire pour les uns et une victoire pour tous.
Traduit de Forbes US – Auteur : Sarwant Singh
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