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Future of sustainibility | Juin sous la pluie : entre précipitations et réalité climatique

climat
Drops of rain falling on the umbrella in raining season

Le moins que l’on puisse dire c’est que ce début d’été n’est pas réjouissant. Je ne parle pas cette fois des élections législatives mais, bien plus terre à terre, de la météo. Après un printemps et un hiver pluvieux, lui succède un mois de juin qui a vu les records de précipitations des trente dernières années largement dépassés pour le plus grand bonheur des nappes phréatiques durement mises à l’épreuve l’année dernière. Nous parlons ici d’un niveau de précipitations supérieur de 20% aux normales saisonnières.

Alors certes les aficionados des vacances précoces n’ont pu faire le plein de vitamines D et les professionnels du tourisme regardent le ciel avec inquiétude, en espérant qu’Eole souffle suffisamment fort pour repousser les nuages vers d’autres contrées. Et bien évidemment, vous aurez forcément entendu quelqu’un articuler cet insupportable poncif “et on nous parle de réchauffement climatique ?”.

Donc, à l’approche de l’été, et parce qu’il est malheureusement encore utile de le faire, rappelons la différence entre climat et météo. La météo se réfère aux conditions atmosphériques à court terme dans une région spécifique, telles que la température, les précipitations, et le vent sur des périodes de quelques heures à quelques jours. En revanche, le climat décrit les tendances météorologiques à long terme d’une région sur des décennies ou des siècles, englobant des moyennes et des variations saisonnières.

Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Malgré les tombereaux de pluie, la France a été très chanceuse durant ce mois de juin, protégée d’une violente canicule qui a fait des ravages dans le sud et l’est de l’Europe. Le reste du monde n’est pas en reste, le Pakistan ayant atteint la température record de 52 C° dès la fin mai. En dehors du parasol français, le monde a connu le mois de juin le plus chaud jamais enregistré.

Et si certains, n’ayant pas peur de l’emphase, qualifieront ce mois de juin français de glacial, il s’agit du premier mois avec des températures dans les normales de saison depuis … 28 mois… Car là aussi, nos perceptions et notre seuil de tolérance évoluent. Désormais habitués aux aléas climatiques, nous voyons un hiver rigoureux à la moindre chute de température et un été pourri alors même qu’il se situe dans la normale. Il s’agit d’une application de la  théorie du “référentiel glissant” ou d’amnésie environnementale mise en lumière en 1995 par le biologiste Daniel Pauly.

La notion de “normales saisonnières” peut également sembler biaisée. Celles-ci sont calculées selon une moyenne de température sur des périodes de 30 ans et actualisées tous les 10 ans. Par conséquent, elles intègrent peu à peu le réchauffement climatique dans leur référentiel.

Alors cessons de nous voiler la face, un début d’été pluvieux n’est toujours pas une bonne raison pour remettre en question la réalité du changement climatique. Autour de nous, le monde continue de brûler et dès la semaine prochaine, nous en ressentirons les effets. La France se réchauffe et, de par sa position, à l’entrée de l’Europe, elle est particulièrement vulnérable aux variations des courants aériens et maritimes et sera probablement l’une des principales victimes du continent. Le Haut Conseil pour le Climat a estimé le réchauffement actuel en France à +1.9C° par rapport à la période 1850-1900, contre +1.1° pour le reste du monde. Cette valeur qui peut paraître anodine entraîne d’ores et déjà des événements climatiques extrêmes tels que les incendies, inondations ou l’augmentation de la fréquence des tempêtes côtières.

Les conséquences pour notre économie et notre modèle agricole seront, et sont déjà, délétères. Les touristes quittent peu à peu la côté méditerranéenne (-10% déjà l’année dernière), victime de canicules, incendies et sécheresses à répétition pour se diriger vers des régions au climat historiquement plus doux. Les vignobles commencent à s’implanter en Bretagne, en Normandie ou dans le Pas-de-Calais y trouvant un climat de plus en plus adapté.

La première chose à faire est d’essayer de limiter au maximum le réchauffement climatique, et cela passe par des efforts communs, à tous les niveaux de la société. Pour l’inéluctable, il est essentiel de prévoir le jour d’après et de mettre en place dès maintenant des actions d’adaptation au changement climatique. Le GIEC prévoit une hausse globale des températures de l’ordre de 2.2C° d’ici 2040 mais ses experts soulignent également que « Les bénéfices économiques et sociaux d’une limitation du réchauffement climatique à 2°C dépassent le coût des mesures à mettre en place ».

Ce temps pluvieux est propice à la réflexion, profitons-en donc pour nous mettre autour de la table et agir ensemble.


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