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Future of Sustainibility | Crédits carbone et SBTi : une trahison pour la décarbonation ?

crédits carbone
coin on table background and business saving money

La SBTi, pour Science Based Target Initiative, a récemment changé sa politique vis-à-vis des crédits carbone et provoqué de fait un scandale au sein des experts de la comptabilité carbone.

Pour les néophytes, la SBTi est un organisme international qui aide les entreprises à élaborer des stratégies de décarbonation. Elle propose une méthodologie visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en se fixant des objectifs fondés sur des données scientifiques (les Science Based Targets).

À l’instar de nombreuses organisations et experts internationaux des sujets carbone, la SBTi, historiquement, considérait que les crédits carbone ne devaient pas être pris en compte par les entreprises dans leur stratégie de décarbonation.

Pour le dire simplement, tout le monde s’accordait sur le fait que planter des arbres ne vous donne pas le droit de polluer davantage.

Mais, surprise, la SBTi a récemment décidé de prendre en compte ces crédits dans le calcul des émissions des entreprises. Cette décision a créé, au sein même de l’institution, une crise entre ses experts et ses administrateurs, les premiers accusant les seconds de céder aux pressions de lobbyistes.

Au-delà du sentiment de trahison, partagé par de nombreux acteurs du secteur, cette polémique a relancé le débat sur la viabilité des crédits carbone fournis aux entreprises finançant des projets de réduction ou séquestration de carbone.

Bien que la nécessité de créer de nouveaux puits de carbone ne soit pas contestée, le système des crédits a rapidement suscité des tensions et des accusations de greenwashing. De nombreux acteurs économiques s’en sont emparés pour réduire artificiellement leur bilan carbone ou revendiquer une supposée neutralité carbone de leurs activités, entrant souvent dans un mécanisme de “compensation”. Plusieurs scandales ont également éclaté, soulignant les problèmes de fiabilité de ces crédits, certifiés par des entreprises peu regardantes sur la qualité des projets menés ou surévaluant la quantité de carbone séquestrée. Récemment, Shell a même été accusé de vendre des “crédits fantômes” via son programme de captage de CO2.

Si le mécanisme d’émissions de crédits carbone se veut vertueux (et il l’est !), les abus dont il a été victime l’ont durablement discrédité. La grande majorité des porteurs de projet ont à cœur d’agir concrètement contre le réchauffement climatique et l’usage dévoyé de leurs crédits carbone les a incités à mieux contrôler les usages qui en sont faits. Du côté législatif, il n’est plus possible dans l’UE de prétendre à une neutralité carbone en se basant uniquement sur des systèmes de compensation.

La plupart des standards de reporting extra-financier et des organismes régissant les reportings climat dans le monde refusent également d’intégrer ces mécanismes dans le calcul des émissions de GES des entreprises. Car penser que l’on va lutter contre le réchauffement climatique en plantant des arbres est un miroir aux alouettes. Le problème doit être traité à la source. Il s’agit bien d’agir en priorité sur nos niveaux d’émissions, de changer structurellement notre modèle de croissance. C’est la seule méthode efficace pour atteindre les objectifs nécessaires à notre survie.

Le système de crédits carbone doit agir en complément. Il s’agit alors de passer de la compensation carbone à un mécanisme de contribution carbone. Ces actions doivent permettre d’absorber nos émissions résiduelles, c’est-à-dire celles que nous ne pouvons ni réduire, ni éviter. Les crédits carbones sont un bonus qui vient compléter une stratégie environnementale qui doit être ambitieuse.

Il ne reste plus qu’à espérer que la SBTi révise sa copie car, cet organisme, considéré par beaucoup comme un acteur majeur de la décarbonation des entreprises au niveau mondial vient, au travers de cette décision, de perdre considérablement en crédibilité.

 


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