logo_blanc
Rechercher

Future of Sustainability | Baisse des émissions de GES françaises : triomphe ou trompe-l’œil ?

émissionsEmissions from a steel works in Ijmuiden, Netherlands, at sunset.

Les émissions de gaz à effet de serre françaises ont diminué de 5,8% en 2023 par rapport à 2022. Cette nouvelle donnée dépasse les premières estimations de mars de la Citepa, qui prévoyaient une réduction de 4,8 %.

Ce résultat est une excellente nouvelle, en parfait alignement avec les objectifs de l’État français : réduire les émissions de GES de 5 % par an pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, comme prévu dans le cadre des Accords de Paris.
Alors chroniqueurs exaltés ou oiseaux de mauvaise augure y vont forcément de leur commentaire. Toutefois, avant toute chose, il me paraît important de se réjouir de cette réussite, même si elle doit être analysée à l’aune de nombreux facteurs. En ce qui concerne les commentaires, je ne dérogerai pas à la règle.

Alors certes, ce bon résultat doit être relativisé. Une croissance en berne, un hiver très doux accompagné d’une hausse des prix de l’énergie, et la relance du parc nucléaire ont fortement influencé nos niveaux d’émissions de gaz à effet de serre. Mais pour la première fois, l’ensemble des secteurs d’activités, depuis l’industrie aux transports, en passant par l’agriculture ont contribué à cette baisse des émissions. Une analyse sur les 5 dernières années permet également d’affirmer que cette baisse, ou tout du moins une partie, est bien structurelle et non conjoncturelle.

Le seul bémol dans ce flot de bonnes nouvelles concerne nos puits de carbone, qui stockent le CO2 dans les sols et la biomasse. Sécheresses, maladies et augmentation des récoltes de bois ont durablement réduit nos capacités d’absorption nette de carbone, passant de 45 millions de tonnes de CO2 dans les années 2000 à 20 millions de tonnes en 2023. Cette information est cruciale, car les premières conséquences du changement climatique risquent de continuer à dégrader ces écosystèmes. Il nous faudra alors redoubler d’efforts pour atteindre la neutralité carbone. Preuve en est, en prenant en compte l’UTCAF (Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie), nous dépassons notre budget carbone 2019-2023 de 1,4Mt de CO2.

A cette exception près, les nouvelles sont donc globalement bonnes et la trajectoire est suivie. Mais prudence est mère de sûreté et mieux vaut prendre de l’avance que de se retrouver au pied du mur en 2030 ou 2050. Car le démarrage est chose facile.

Après des années de gaspillage, il suffit de réduire les excès pour obtenir rapidement des résultats positifs. La vraie difficulté réside dans les changements essentiels, structurels, ce dont nous n’avons jamais pu nous passer depuis le début de l’ère industrielle puis son expansion. Ces chantiers, souvent abordés tardivement, devraient pourtant être notre priorité. Priorité car ils nécessitent un changement complet de paradigme et seront nous seulement les plus complexes à mettre en œuvre mais également les plus complexes à faire accepter par l’opinion publique. Cela demandera un courage politique indéfectible, nécessaire pour leur mise en œuvre. Ce courage ne doit pas se retrouver noyé dans l’autosatisfecit et un usage immodéré de la méthode Coué. La situation ne peut malheureusement plus souffrir d’aucun compromis.

Cependant, il est encourageant de voir qu’un mouvement de fond semble émerger. Cette annonce a suscité une émulation, là où, il y a quelques années, elle n’aurait provoqué qu’une indifférence générale, sauf chez les écologistes les plus fervents. Le changement climatique est désormais au centre des préoccupations, et ceux qui nient son existence ou la nécessité d’agir sont marginalisés.

A nous tous de surfer sur cette vague, de maintenir nos efforts et d’accompagner et soutenir nos partenaires européens dans cette voie. Car n’oublions pas que, si nos résultats sont encourageants, seuls des efforts globaux permettront d’atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale, et l’Union européenne a les moyens de devenir un exemple en la matière.


À lire égalementL’hydrogène blanc, le potentiel d’une révolution énergétique pour la France ?

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC