Les scientifiques ont lancé un avertissement très important il y a quelques jours. La glace de la planète est gravement menacée par le réchauffement climatique. Les scientifiques ont demandé une redéfinition radicale de l’ambition climatique avant la COP28 qui débutera à la fin du mois.
Affirmant que « 1,5 degré Celsius est la seule option », l’Initiative internationale Cryosphère Climat (ICCI) avertit dans un nouveau rapport, publié jeudi dernier, qu’une augmentation de la température mondiale de seulement 2 degrés Celsius au cours de ce siècle causera des dommages irréversibles aux nappes glaciaires, aux glaciers, à la neige, à la glace de mer et au pergélisol, et accélérera l’élévation du niveau de la mer.
Le rapport appelle les nations participant à la COP28, qui débutera le 30 novembre à Dubaï, à définir 1,5 degré comme limite supérieure du réchauffement de la planète, et rappelle : « Nous ne pouvons pas négocier avec le point de fusion de la glace ».
Il s’agirait d’une décision radicale : l’accord de Paris de 2015 n’engage la communauté internationale qu’à limiter la hausse des températures « à un niveau nettement inférieur à 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels » et à « poursuivre les efforts » pour limiter l’augmentation à 1,5 degré. Mais les chercheurs affirment qu’une limite plus stricte est nécessaire pour empêcher une perte de glace « irréversible », et espèrent qu’une telle ambition contribuera à stimuler les efforts de réduction des émissions de combustibles fossiles et de financement de l’action climatique.
« Nous pouvons et devons faire beaucoup plus, en nous dirigeant vers un avenir où les énergies non renouvelables ne seront plus une option », affirment les auteurs. « Le seul moyen de sortir de cette crise climatique est d’abandonner définitivement les combustibles fossiles et de résister à l’écoblanchiment. « Après tout, le point de fusion de la glace ne tient pas compte de la rhétorique, mais seulement de nos actions. »
Notant que les températures moyennes mondiales pourraient être proches d’un réchauffement de 1,5 degré cette année, ils avertissent : « Honnêtement, même 1,5 degré Celsius est trop élevé ».
James Kirkham, l’un des auteurs du rapport et le conseiller scientifique en chef et coordinateur du groupe consultatif Ambition on Melting Ice, explique : « La cryosphère est à la fois une bouée de sauvetage pour des milliards de personnes qui en dépendent pour l’eau potable, l’irrigation agricole et la production d’énergie hydroélectrique. Elle représente également une menace considérable ».
M. Kirkham explique que, tout au long de l’histoire de l’humanité, la glace a joué un rôle stabilisateur dans le climat, permettant à la civilisation humaine de prospérer. Aujourd’hui, cependant, les émissions de gaz à effet de serre, provenant principalement des combustibles fossiles, font grimper les températures mondiales à un niveau que l’homme n’a jamais connu.
« Bien que ces régions soient incroyablement éloignées et difficiles d’accès, l’impact des changements qui s’y produisent se répercute sur l’ensemble de la planète et n’épargne aucun pays », explique M. Kirkham.
Environ deux tiers de l’élévation actuelle du niveau de la mer sont dus à la fonte des glaciers et des nappes glaciaires, explique-t-il. Comme plus de 600 millions de personnes vivent à moins de 10 mètres de la mer, chaque centimètre supplémentaire d’élévation du niveau de la mer expose 2 à 3 millions de personnes de plus aux inondations.
L’élévation du niveau de la mer a également des conséquences économiques considérables. Pour ne citer qu’un exemple, les experts ont constaté que celle-ci était responsable de 13 % de pertes économiques supplémentaires, soit 8 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros) de dégâts, lorsque l’ouragan Sandy a frappé la côte est des États-Unis en 2012. Les scientifiques s’attendent à une élévation du niveau de la mer de 0,5 mètre d’ici 2100, même si les gouvernements respectent les engagements actuels en matière de climat, ce qui pourrait mettre 150 millions de personnes en danger.
Mais l’élévation du niveau de la mer n’est qu’un des effets de la disparition de la glace. En Asie, près de 2 milliards de personnes dépendent des eaux de fonte des glaciers de montagne et de la neige pour l’irrigation, l’eau potable et la production d’électricité. Selon la trajectoire actuelle du réchauffement climatique, jusqu’à 75 % de la glace de l’Himalaya pourrait disparaître au cours de ce siècle.
Par ailleurs, M. Kirkham souligne que la fonte du pergélisol est « incroyablement inquiétante ». Le pergélisol émet désormais environ la même quantité de gaz à effet de serre qu’un des dix principaux pays émetteurs, ce qui réduit en fait la quantité que les pays peuvent émettre si le monde doit rester à 1,5 degré Celsius de réchauffement. « Si nous continuons à dégeler de vastes zones de pergélisol, ces émissions pourraient atteindre le même niveau que celles des États-Unis ou de la Chine aujourd’hui si des objectifs climatiques cruciaux ne sont pas atteints », explique M. Kirkham.
Dans ses recherches, l’ICCI montre que les conséquences de chacun des effets observés s’aggraveraient pour chaque dixième de degré supplémentaire d’augmentation de la température, et qu’une fois que la perte de glace s’accélère, elle ne peut être inversée avant des milliers d’années, même lorsque les températures se stabilisent.
C’est pourquoi le rapport souligne l’urgence d’une réduction rapide des émissions et considère la COP28, qui se tiendra aux Émirats arabes unis, comme la plateforme d’un nouveau niveau d’ambition mondiale.
La Première ministre islandaise, Katrín Jakobsdóttir, a réagi au rapport aujourd’hui : « 1,5 degré Celsius n’est pas simplement préférable à 2 degrés ou plus. C’est la seule option possible. À l’occasion de la COP28, nous devons dresser un bilan mondial honnête et faire preuve d’une nouvelle urgence, notamment en raison de ce que nous avons appris sur les rétroactions de la cryosphère, qui s’aggravent pour chaque dixième de degré supplémentaire d’augmentation de la température. Nous avons besoin de résultats tangibles et de lignes directrices claires pour l’élimination progressive des combustibles fossiles et l’élaboration de projets budgétaires pour financer l’action climatique. »
Pema Gyamtsho, directeur général du Centre international de mise en valeur intégrée des montagnes (ICIMOD), qui étudie les incidences climatiques dans l’Himalaya, a déclaré : « L’Hindou Kouch-Himalaya est à l’épicentre de la crise mondiale de la cryosphère : nos glaciers, notre neige et notre pergélisol subissant déjà des changements sans précédent et irréversibles. Ces changements bouleversent la vie des communautés montagnardes en augmentant l’incertitude quant au calendrier, à la disponibilité et à la répartition saisonnière des ressources en eau des montagnes, menaçant ainsi la sécurité de l’eau, de l’alimentation et de l’énergie. Le rapport sur l’état de la cryosphère est un avertissement aux dirigeants mondiaux : l’inaction lors de la COP28 sera désastreuse. »
La COP28 se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.
Article traduit de Forbes US – Auteur : David Vetter
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