Favoriser le bien-être des citoyens, lutter contre le réchauffement climatique, limiter le ruissellement des eaux de pluie, assurer la préservation de la biodiversité… les plantes ont de nombreux bienfaits. Fortes de ce constat, les collectivités s’emparent progressivement de cet enjeu de société qu’est la Nature en ville. Mais, si nous ne pouvons que s’en féliciter, il faut aujourd’hui aller plus vite et plus loin ! Pour ce faire, c’est désormais au niveau national, voire européen, que des mesures doivent être prises.
À quelques mois des élections présidentielles en France, il est donc essentiel que les futur.e.s candidates et candidats prennent pleinement part à la Révolution Verte. La (re)végétalisation urbaine doit faire partie intégrante de leurs programmes, pour réellement faire bouger les lignes au niveau national et verdir les territoires. Tentons d’être force de proposition, avec quelques actions simples mais fondamentales.
1er axe : Valoriser et protéger l’environnement
Au-delà de son apport esthétique, le végétal permet non seulement d’assurer un cadre de vie agréable aux citadins, mais aussi de répondre de manière efficace aux risques climatiques grandissants. Il est donc plus que jamais essentiel que la valorisation et la protection de l’environnement fassent partie intégrante des programmes des candidats à la présidentielle. Une des premières actions concrètes qui pourrait être menée vise ainsi à tirer parti du patrimoine naturel existant. Pour ce faire, le gouvernement pourrait exiger des collectivités de dresser un état des lieux recensant la biodiversité locale, de protéger les zones humides dans lesquelles celle-ci se développe majoritairement, et d’obtenir un certain pourcentage de zones labellisées (Ecojardin par exemple) pour in fine valoriser leurs espaces verts.
Mais alors que, partout sur le territoire national, nos villes sont (trop) bétonnées, il n’est pas suffisant, au cours du quinquennat à venir, de se concentrer sur les espaces existants. Ainsi, pour accélérer le développement du végétal en milieu urbain, l’État doit établir – toujours en concertation avec les collectivités – un programme de plantation d’arbres et de végétalisation des bâtiments, en imposant par exemple le choix d’une palette végétale mellifère visant à favoriser la biodiversité, l’obligation de 30% d’espaces verts pour chaque nouveau projet immobilier, ou encore en fixant des objectifs de désimperméabilisation des sols. Des aides gouvernementales peuvent également être envisagées pour permettre le déploiement local de mesures concrètes, à l’instar de la mise en place d’une charte de non-utilisation des produits phytosanitaires destinée aux habitants, de l’installation de ruches ou de lâchers de coccinelles.
Cette valorisation sera également possible grâce au soutien accru des startups dans leur démarche écologique. Concrètement, pourquoi ne pas multiplier les dispositifs dédiés partout en France, en créant notamment un fonds d’investissement pour la transition écologique qui viendrait soutenir et surtout défendre économiquement le modèle urbain de demain !
2ème axe : Concilier éco-construction et rénovation
Pour atteindre l’objectif du législateur de réduire d’au moins 40% les gaz à effet de serre d’ici 2030, les émissions des bâtiments doivent être divisées par 2 par rapport à 2015. Or, si de nombreux leviers incitatifs ont été mis en place, cela ne suffit pas : le léger ralentissement de la progression des émissions de CO2 étant en grande partie effacé par l’augmentation du nombre de constructions neuves ainsi que la hausse de la surface moyenne des logements. Alors que faire ? Pour réduire les surfaces urbanisées comme l’étalement urbain, il est impératif que soient mises en place des mesures coercitives pour stopper les aménagements des zones commerciales périurbaines très consommatrices d’espaces , ou au moins pour obliger les promoteurs à penser différemment ces projets pour qu’ils s’intègrent dans leur environnement naturel. Par ailleurs, de nouvelles règles d’urbanisme peuvent être imaginées, incitant tout à la fois à la révision des PLU (Plan Locaux d’Urbanisme) ; la rénovation, notamment des centres anciens ; le réemploi de matériaux ou l’utilisation de matériaux biosourcés ; la reprise et la réhabilitation d’espaces en friches ; ou encore la surélévation de bâtiments existants. Plusieurs lois votées récemment (Loi ALUR, Loi sur la biodiversité…) vont d’ailleurs dans le bon sens en matière de Nature en ville et d’espaces constructibles, obligeant les villes à justifier leur besoin d’utiliser des zones naturelles et agricoles.
3ème axe : Repenser la culture urbaine
Si les différentes mesures évoquées plus haut sont importantes en bien des points, force est de constater que le développement de la Nature en ville ne se fera pas sans l’implication de l’ensemble des citoyens. C’est pourquoi les futurs candidats doivent dès à présent repenser la culture urbaine, faire de la ville un espace de bien-être pour tous, et permettre à chacun de s’approprier ces lieux de vie, clé du respect des espaces publics comme privés. Une démarche qui démarre par un changement de paradigme – en prônant l’habitat collectif et non l’accès à la propriété individuelle, aujourd’hui encore gage de réussite sociale – et qui passera tout à la fois par la sensibilisation, la concertation, l’éducation et la formation autour des enjeux liés à la Nature en ville.
Prenons l’exemple des établissements scolaires : ils ont un rôle clé à jouer en termes d’engagement environnemental. En ce sens, il est nécessaire de leur apporter un soutien, ce par la promotion du concept de cantine locavore, mais aussi à travers la végétalisation des cours d’écoles, la mise en place d’ateliers de sensibilisation à la biodiversité au sein des programmes de l’Éducation Nationale et via l’obtention de labels prouvant le bien-fondé de leur démarche (Eco-école, E3D…).
Aussi, le gouvernement a un rôle à jouer en incitant au développement des chantiers et habitats participatifs et des éco-lieux accessibles à toutes et tous, ce en favorisant l’émergence de nouveaux projets comme en soutenant les projets actuels. Ces tiers-lieux où l’on coproduit la ville de demain aident à la création et au renforcement de liens sociaux et permettent à chacun de contribuer à rendre nos villes plus végétales.
Nous sommes convaincus que c’est par la co-construction, mais aussi par la mise en place de politiques nationales ainsi que par des pouvoirs locaux élargis, que les territoires de demain verront le jour. Enfin, nous sommes persuadés qu’ils devront être impérativement verts, pour répondre aux aspirations de leurs habitants comme aux impératifs liés à l’Environnement. Futur.e.s candidates, candidats, il est plus que jamais essentiel que ces initiatives – à l’impact immédiat et significatif – soient portées au plus haut niveau de l’État.
Tribune rédigée par Par Hugo Meunier, fondateur de Merci Raymond et défenseur du vert en ville .
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