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Des Centaines D’Espèces Menacées Attendent Toujours D’Être Protégées Du Commerce International

Espèces Menacées
Image par christels de Pixabay

Alors que le commerce illégal d’ivoire d’éléphant, de cornes de rhinocéros et d’écailles de pangolin fait souvent la une des journaux, des milliers d’espèces sont vendues chaque jour, ce qui les place en danger d’extinction.

 

Par exemple, en Chine et en Indonésie, en 2012, le calao à casque rond était communément trouvé à l’état sauvage, mais trois ans plus tard, il était au bord de l’extinction en raison d’une augmentation soudaine de la demande pour son bec en ivoire. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) existe pour protéger ces espèces. En imposant des restrictions au commerce international, la CITES vise à prévenir la surexploitation des animaux et des plantes. Bien que la CITES soit l’organe directeur, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) est reconnue comme l’autorité scientifique chargée d’évaluer les risques d’extinction et tient à jour une « Liste rouge » des espèces potentiellement menacées.

Le constat est qu’il y a trop souvent des écarts entre les connaissances scientifiques sur les menaces d’extinction liées au commerce international et les mesures politiques de protection des animaux. Des centaines d’espèces sauvages sont ainsi menacées d’extinction, les deux tiers d’entre elles attendant près de deux décennies pour être protégées. Alors que les autorités internationales de la faune se préparent à se réunir en mai, il existe des possibilités pour mieux synchroniser les communautés scientifiques et politiques et de veiller à ce que les espèces sauvages menacées reçoivent la protection dont elles ont besoin.

Il est difficile de classer les menaces et le degré de risque d’extinction. Une étude a analysé 958 espèces de la Liste rouge qui sont menacées par le commerce international. Elle souligne qu’il n’y a pas de restrictions commerciales pour 28% des espèces. Hormis celles-ci, l’étude montre fort heureusement que la quasi-totalité des récoltes les plus abondantes sont interdites au commerce. Cependant, 30 à 40 % des autres, dont beaucoup sont encore très exploités, ne sont pas protégés.

La protection des espèces inscrites sur la Liste rouge est un moyen efficace d’évaluer le chevauchement entre les communautés scientifique et politique. Il est également important de constater le délai qu’il faut aux espèces menacées pour être protégées. De nouvelles tendances dans le commerce des espèces sauvages peuvent se développer rapidement, certaines espèces passant de l’abondance à la quasi-extinction en quelques années seulement.

Quand on voit le temps qu’il faut aux espèces faisant l’objet d’un commerce international pour être protégées par la CITES, on constate que pour les 35% protégées, il a fallu en moyenne une décennie environ après leur évaluation de la Liste rouge pour obtenir cette protection. Dans certains cas, les animaux ont attendu près de 20 ans pour être protégés. Les 28% des espèces qui ne sont pas encore protégées par la CITES attendent en moyenne environ 12 ans avant d’être inscrites, et dans certains cas plus de 20 ans.

Bien que dans la majorité des cas les politiques aient pris du retard par rapport aux évaluations des communautés scientifiques, il est également important de noter qu’environ 37 % des espèces étudiées ont été protégées avant leur inscription sur la Liste rouge. Dans bon nombre de ces cas, la CITES a inscrit des espèces qui sont similaires aux animaux et aux plantes commercialisés afin d’éviter les erreurs d’étiquetage qui contournent les restrictions commerciales. Il y a deux autres raisons possibles pour lesquelles le processus politique a précédé la connaissance scientifique. Premièrement, la communauté politique peut avoir accès à de l’information qui n’est pas encore disponible à la communauté scientifique. Deuxièmement, le personnel scientifique de l’UICN est confronté à des contraintes de financement et de personnel qui limitent le nombre d’évaluations qu’il peut effectuer. Ces deux raisons reflètent les défis qui se posent au sein de la communauté scientifique et qui nécessitent une attention particulière.

Compte tenu de ces écarts entre la communauté politique et la communauté scientifique, il est important que les pays n’attendent pas que des mesures politiques soient prises pour protéger les animaux en voie de disparition. La Liste rouge peut servir de guide important, indépendamment de la coordination internationale que le traité offre.

En outre, il est impératif que les autorités internationales chargées de la faune sauvage à la CITES commencent à rattraper le retard en proposant de protéger les espèces actuellement non protégées. En fin de compte, la voie à suivre pour y parvenir devrait être presque automatique, car les autorités ont la possibilité de voter simplement pour protéger toutes les espèces faisant l’objet d’un commerce international considérées comme menacées et inscrites sur la Liste rouge.

La CITES et l’UICN ont toutes deux des missions difficiles, car elles travaillent à protéger des centaines de milliers d’espèces qui font l’objet d’un commerce transfrontalier quotidien dans le monde entier. Tous deux s’efforcent sincèrement d’atteindre leurs objectifs, mais en mesurant et en suivant la manière dont on applique les informations de la Liste rouge aux efforts mondiaux de protection, les recherches montrent clairement qu’il existe des moyens d’améliorer la manière dont les connaissances scientifiques sont utilisées pour imposer des restrictions au commerce des espèces sauvages.

Il est essentiel d’utiliser les meilleures données scientifiques disponibles pour éclairer rapidement les mesures stratégiques afin de protéger notre faune. Cela dit, les recherches peuvent aussi servir à rappeler que ces lacunes existent dans tout le spectre. Il existe une multitude d’exemples d’actions politiques qui vont de l’avant sans fondement scientifique. Permettre aux deux communautés de mieux travailler main dans la main améliorerait certainement l’efficacité des stratégies à l’échelle nationale et mondiale.

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