Le poumon de la Terre s’essouffle. 9 166 km2, c’est la surface touchée en 2019 par la déforestation en Amazonie brésilienne. D’après les données recueillies par l’Institut de recherches spatiales INPE, il s’agit d’une augmentation de 85% par rapport à 2018. Une catastrophe pour la biodiversité, minimisée par le président brésilien Jair Bolsonaro.
L’élevage de masse, catalyseur de catastrophes
En 2018, le système Deter de l’INPE, basé sur des alertes de déforestation détectées par satellite, avait identifié 4946 km2 de forêt déboisée. Bilan un an plus tard : la surface touchée a presque doublé et ce malgré les appels à la prise de conscience qui semblent résonner peu à peu dans le monde entier. Dans ces 85%, on retrouve les terres qui ont brûlé lors des incendies spectaculaires, mais aussi les parcelles qui ont disparu à cause de la déforestation. A la source de ces deux phénomènes, une même pratique : la culture sur brûlis, dont le principe est de mettre le feu à une partie de la forêt. Les cendres vont alors enrichir la terre et permettre de la cultiver plus rapidement. Elle est ensuite transformée en pâturages, pour les élevages. Si plusieurs facteurs sont responsables de la déforestation massive, on estime que 65% est due à l’élevage. La pratique de la culture sur brûlis présente une première conséquence sur la biodiversité puisque la forêt amazonienne contient près de 10% des espèces mondiales, mais également sur le climat, la forêt maintenant le régime des pluies.
Un pas en arrière pour la planète
La déforestation est un sujet sensible au Brésil, où le président d’extrême droite Jair Bolsonaro avait tenté de minimiser la recrudescence d’incendies de forêt qui avaient choqué le monde entier cet été. La catastrophe amazonienne avait soulevé de vives critiques dans la communauté internationale, notamment en France, à l’encontre de l’administration du dirigeant brésilien, favorable dans la forêt à des projets de développement économique, notamment minier. En août, l’ex-président de l’INPE, Ricardo Galvao, avait été limogé par le gouvernement Bolsonaro après avoir été accusé d’exagérer l’ampleur de la déforestation. Pour Jair Bolsonaro, climato-sceptique assumé, les campagnes internationales de défense de l’Amazonie sont des atteintes à la souveraineté du Brésil qui masquent une volonté de la part de certains pays de se saisir de ces richesses. Dans son rapport annuel, l’ONG Human Rights Watch a ainsi pointé du doigt la politique environnementale actuelle du Brésil : « Le gouvernement Bolsonaro doit arrêter d’affaiblir les protections environnementales et adopter des mesures contre les groupes criminels qui détruisent la forêt amazonienne, menaçant et attaquant les défenseurs de la forêt. Sans aucune preuve, le gouvernement a incriminé les ONG pour les incendies en Amazonie, tout en échouant dans le combat contre des groupes criminels qui déboisent et brûlent la forêt pour installer à sa place des champs et des pâturages ».
C’est dans le Pantanal, plus grande zone humide de la planète et sanctuaire de la biodiversité, que la hausse de la déforestation a été la plus marquée, avec six fois plus d’incendies en un an. Un total de 89 178 foyers d’incendie a été détecté en Amazonie brésilienne en 2019, par rapport aux 68 345 de 2018, selon les données de l’INPE. A l’heure où la prise de conscience écologique est au cœur des préoccupations, l’état de la forêt amazonienne, qui abrite le plus grand patrimoine de la biodiversité, continue de dégringoler et de menacer la survie des espèces.
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