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COP26 : Malgré un nouveau plan zéro émission, l’Arabie saoudite ne recevra pas un accueil chaleureux au sommet sur le climat

COP26
L'Arabie saoudite s'est engagée à atteindre l'objectif zéro émission nette d'ici 2060. Pour autant, l'accueil réservé à Mohammed ben Salmane lors de la COP26 ne sera pas des plus chaleureuses. | Source : Getty Images

Climat et COP26 | Le secteur pétrolier semble davantage impliqué dans la lutte contre le changement climatique, comme en témoignent les nouveaux plans zéro émission adoptés par les pays du Moyen-Orient producteurs de pétrole et de gaz naturel. La question est désormais de savoir si le mouvement pour le climat est prêt à collaborer avec l’industrie pétrolière pour assurer une transition organisée et avantageuse vers une énergie plus propre.


 

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU), deux pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), se sont fixé des objectifs climatiques ambitieux. En effet, ces deux pays souhaitent supprimer la totalité de leurs émissions de gaz à serre (GES) d’ici 2060 pour l’Arabie saoudite, et d’ici 2050 pour les EAU. La Russie, pays membre de la puissante alliance OPEP+ depuis sa création en 2017, a également annoncé son intention d’atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici 2060.

De tels objectifs auraient été impossibles il y a encore quelques années, tant ces économies dépendent des revenus de l’industrie du pétrole et du gaz naturel. Cela montre à quel point la pression climatique est devenue intense. Les producteurs de pétrole et de gaz comprennent désormais cette urgence et semblent prêts à s’attaquer au problème.

Par ailleurs, il est important de rappeler que le monde traverse actuellement une crise énergétique et que les pays du Moyen-Orient membres de l’OPEP ainsi que la Russie sont maintenant invités à fournir davantage de pétrole et de gaz pour calmer la flambée des prix de l’énergie. Les États-Unis, le Japon et l’Inde souhaitent que l’OPEP, actuellement dirigée par l’Arabie saoudite, augmente l’offre de pétrole alors que les prix dépassent les 85 dollars le baril. Parallèlement, l’Europe demande à la Russie d’ouvrir les vannes pour fournir davantage de gaz et ainsi réduire la flambée sans précédent des prix du gaz et de l’électricité.

Les pays consommateurs commencent à se rendre compte des dangers que représente une transition énergétique à faible émission de carbone trop rapide. Quant aux pays producteurs, ils commencent à comprendre que pour rester des acteurs crédibles sur la scène mondiale ils doivent réduire leurs émissions de GES et atteindre l’objectif zéro émission nette.

La COP26, qui doit se tenir à Glasgow à partir du 31 octobre, devrait donc voir se confronter différents intérêts en matière de climat et de sécurité énergétique. L’objectif sera avant tout de travailler à une transition énergétique organisée et avantageuse pour tous.

Pour autant, les activistes climatiques ne semblent pas prêts à accueillir l’industrie pétrolière dans la lutte pour le changement climatique. Selon eux, les objectifs zéro émission nette sont un exemple parfait d’écoblanchiment de l’industrie.

Ils n’ont pas forcément tort. En effet, ces pays producteurs de pétrole et de gaz n’ont fourni que très peu de détails quant aux moyens d’atteindre cet objectif de zéro émission nette. Par ailleurs, ces producteurs, qui disposent de dizaines d’années de réserves de pétrole et de gaz, voudront préserver le rôle de leur industrie dans l’économie mondiale aussi longtemps que possible.

Cependant, ce sont les GES émis par la combustion d’énergies fossiles qui contribuent au changement climatique, et non les combustibles eux-mêmes. Si ces producteurs, qui disposent de réserves de pétrole à faible émission de carbone, peuvent réduire leurs émissions et se rapprocher de l’objectif zéro émission nette d’ici 2050 (objectif que les États-Unis, l’Europe et la Chine se sont fixé), ils devraient être considérés comme un élément essentiel à la résolution du problème climatique, et non comme des ennemis.

D’après plusieurs sources, les pays du Moyen-Orient producteurs de pétrole et de gaz s’appuieront sur une combinaison de différents programmes pour réduire leur empreinte carbone. Pour ce faire, ils souhaitent notamment s’attaquer aux fuites de méthane, investir dans les énergies renouvelables et l’hydrogène ainsi qu’utiliser des stratégies différentes comme le captage et le stockage du carbone (CSC) ou la compensation naturelle (planter des arbres, la reforestation, etc.).

Néanmoins, les activistes climatiques ne voient pas l’intérêt de tels objectifs, car les producteurs de pétrole et de gaz continueront d’utiliser des combustibles fossiles. En d’autres termes, les activistes climatiques souhaitent débarrasser le monde des combustibles fossiles, alors que l’enjeu est de réduire avant tout les émissions de GES qui contribuent au changement climatique.

Pourtant, même le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, l’a reconnu : « Les pays atteindront l’objectif zéro émission nette par des voies différentes. […] Les engagements des principaux producteurs de combustibles, et leur mise en œuvre, sont essentiels pour atteindre les objectifs climatiques internationaux ». Par ailleurs, le CSC occupe une place importante dans la feuille de route de l’AIE pour atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici 2050.

Il ne faut donc pas s’attendre à un accueil chaleureux de l’Arabie saoudite et des EAU à la COP26 le 31 octobre.

Après tout, les plus grandes compagnies pétrolières européennes, qui ont été les premières du secteur à s’engager à atteindre l’objectif zéro émission nette, ne participeront pas à la COP26. Ces grandes compagnies européennes, comme Shell, BP et TotalEnergies, sont même allées au-delà de leurs engagements, promettant de réduire les émissions de scope 3, c’est-à-dire les émissions liées à l’utilisation finale de leurs produits par les consommateurs. Que pourraient leur demander de plus les organisateurs de la COP26 ?

L’Arabie saoudite et les EAU ne reviendront pas sur leur projet d’augmenter leur capacité de production de pétrole (un million de barils par jour avant 2030), malgré leurs engagements à supprimer la totalité de leurs émissions de GES. Par ailleurs, face à la crise énergétique mondiale, revenir sur un tel projet serait impossible.

La COP26 mettra en lumière la dualité de la mission des pays producteurs de pétrole et de gaz : fournir une énergie abordable dans les années à venir, tout en travaillant à atteindre l’objectif zéro émission nette. Si l’on continue d’ignorer cette dualité, la crise énergétique actuelle pourrait se prolonger encore plusieurs années.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Dan Eberhart

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