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Confinement Et Pollution : Le Bilan Paradoxal

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L'absence de trafic routier en France permet un sursis à l'environnement (Photo : Getty Images)

Deux semaines après le début du confinement, des baisses notables des concentrations de dioxyde d’azote ont été constatées dans quasiment toutes les régions de France. Si l’arrêt ponctuel de nombreuses activités humaines est bénéfique pour l’environnement, le fléau de la pollution parvient tout de même à se frayer un chemin dans certaines régions.

C’est une information qui a de quoi surprendre : les cinq départements des Hauts-de-France ont connu ce samedi un épisode de pollution aux poussières en suspension. Et ce, malgré les mesures de confinement qui, depuis maintenant deux semaines, ont réduit le trafic routier et l’activité économique de l’hexagone.

Un bilan pollution mitigé

La concentration moyenne dans l’air des particules PM10 atteint dans les Hauts-de-France les 50 µg/m3, niveau de pollution qui correspond au « niveau d’information et de recommandation« . L’indice de qualité de l’air est de 8 sur une échelle de 10 dans les principales agglomérations de la région. Comment expliquer ce phénomène alors que le trafic routier est au plus bas ?

Les conditions anticycloniques amenées par le beau temps rendent plus difficile l’évacuation des polluants. Selon l’agence ATMO Hauts-de-France, en charge de la surveillance de la qualité de l’air, « cet épisode de pollution s’explique vraisemblablement par une production importante de particules dans l’atmosphère à partir de polluants provenant de sources multiples (agriculture, activités économiques, chauffage, etc.), combinée à un import de particules provenant d’une partie de l’Europe ». Outre les conditions météo, c’est donc aux conséquences du chauffage au bois et des épandages agricoles, émettant du nitrate d’ammonium et de l’ammoniac, qu’est du ce pic de pollution. Il reste cependant clair que sans le confinement, la pollution aux particules fines dans ces régions aurait été bien au-dessus de ce seuil. 

Si les mesures de confinement n’ont pas empêché ce pic de pollution de survenir, les relevés effectués depuis le 17 mars indiquent une tendance à l’amélioration de la qualité de l’air dans les Hauts-de-France. En effet, tandis que les poussières en suspension persistent, d’autres concentrations de polluants sont en diminution. « On constate une baisse de l’oxyde d’azote, polluant lié au trafic routier. En comparant avec les mois de mars des trois dernières années, on constate que cette baisse est essentiellement liée à la diminution des activités et notamment du trafic routier », indiquait la semaine dernière Céline Derosiaux, porte-parole de l’agence ATMO Hauts-de-France. 

 

Le confinement : une aubaine pour l’environnement

Le 27 mars, ATMO France a publié un rapport détaillé, région par région, des effets du confinement sur la qualité de l’air. Il en ressort que les concentrations en NO2 diminuent drastiquement au niveau des axes routiers principaux, entraînant une amélioration globale de la qualité de l’air en milieu urbain comme en milieu rural. Les baisses les plus importantes ont été mesurées dans les Pays de la Loire et en Occitanie, avec une baisse de 70% des concentrations en NO2 à proximité d’axes routiers. À noter également moins 45% en Auvergne-Rhône-Alpes, moins 50% sur les axes routiers bretons et sur ceux de la région Centre-Val de Loire, et moins 40% sur les axes routiers des Hauts-de-France. En Ile-de-France, on respire beaucoup mieux. La qualité de l’air est meilleure de l’ordre de 20 à 30% selon ATMO France. La raison ? Il n’y a plus personne ou presque sur le périphérique, la circulation y a baissé de 90%. 

La qualité de l’air n’est pas sans conséquences en pleine épidémie de COVID-19. En 2003, lors d’une autre épidémie de coronavirus en Chine, des études ont montré que les patients contaminés dans les zones polluées mouraient beaucoup plus que ceux qui contractaient la maladie dans une région où la qualité de l’air était bonne.

Alors que les français sont confinés depuis maintenant deux semaines, la baisse de l’activité humaine améliore la qualité de l’air et ravit la faune sauvage. Plus de dauphins dans les calanques de Marseille, un air moins pollué, le confinement engendre quelques effets positifs pour l’environnement. Avec la baisse du trafic routier, une baisse des polluants dans l’air a été observée en Bourgogne-Franche-Comté, dans la Loire ou encore en Drôme et Ardèche. En région parisienne, Airparif a enregistré une diminution des émissions « de plus de 60% pour les oxydes d’azote », soit une amélioration de la qualité de l’air de « de 20 à 30% »

Si la baisse ponctuelle de la pollution est la bienvenue, nous ne sommes pas à l’abri d’un effet boomerang à l’image de la fin de la crise financière de 2008 où les émissions de CO2 étaient reparties à la hausse avec les différents plans de relance des gouvernements. Ces bénéfices, encore difficilement mesurables, pourraient n’être que ponctuels si des mesures ne sont pas prises à la fin du confinement.

 

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