Lorsqu’on parle de mobilité durable, on parle souvent d’électrique. Si ce secteur est en pleine expansion, porté par une prise de conscience citoyenne mais aussi par un terrain légal favorable en raison de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2035 en Europe. Mais le secteur fait également face à des enjeux de taille.
La crise énergétique que l’on connaît actuellement n’a pour l’instant pas modéré le dynamisme du marché des voitures électriques, dont les ventes continuent d’augmenter en 2022. L’engouement des Français n’est pas entaché et continue d’être porté par une prise de conscience écologique. Soucieux d’acquérir un véhicule plus responsable et moins couteux sur le long terme et se tourne alors vers les véhicules propres.
Si les véhicules électriques marquent un tournant important dans la lutte contre le réchauffement climatique, le secteur doit encore faire face à de nombreux défis en termes d’infrastructures pour continuer sa progression. Selon le dernier rapport ChargeUp, la France se positionne seulement à la 11ème place en termes de disponibilités d’infrastructures électriques, avec 44 stations électriques pour 100 000 habitants. À titre de comparaison, les Pays-Bas ont 699 stations pour 100 000 habitants. Pour les villes, augmenter le nombre de bornes sur les parkings publics est un véritable défi structurel, mais aussi un coût, expliquant des délais de déploiement importants. En parallèle, en raison de la crise énergétique, RTE, le gestionnaire du réseau électrique Français, a émis l’hypothèse de restreindre l’accès aux bornes présentes dans les bâtiments tertiaires aux heures de pic durant l’hiver prochain, pour éviter le risque de coupure générale. Cette situation anxiogène vient ajouter des inquiétudes pour les consommateurs, qui sont pour certains déjà réticents à passer à l’électrique en raison du manque d’autonomie et de la faible implantation des bornes, rendant difficile les trajets longs, notamment dans les zones reculées.
La mobilité durable ne sera pérenne que lorsqu’elle répondra aux besoins réels des citoyens
En matière d’adoption et de pérennité de la mobilité durable, une question centrale cristallise tous les enjeux : comment préserver la planète tout en offrant aux citoyens la possibilité de se déplacer librement ? Pour séduire massivement les consommateurs et inciter à l’adoption de véhicules propres, il est nécessaire que ces derniers combinent le plaisir et la praticité de la conduite classique, des prix abordables mais aussi des designs attrayants.
De nouveaux concepts émergent pour répondre à ce besoin mais aussi pour contrer la dépendance aux bornes de recharge électriques. Dans des nombreux pays, des innovateurs, entrepreneurs et ingénieurs travaillent depuis plusieurs années autour d’un nouveau concept automobile basée sur l’énergie solaire. Ici, le but est de permettre à la batterie du véhicule de se recharger en continu via l’ensoleillement, tout en offrant la possibilité de charger sur une borne électrique en cas de nécessité. Si le concept paraît simple, la réalisation se complexifie : capacité à adopter un design attractif et sécurisé en intégrant des panneaux solaires ou encore l’optimisation de l’aérodynamisme et des fonctionnalités de conduite pour être le moins énergivore possible, de très nombreux paramètres entrent en compte.
Les premières voitures à panneaux solaires intégrés sont sur le point d’apparaître sur nos routes. Mais pour que l’automobile solaire puisse réellement s’imposer, il est impératif que des véhicules accessibles au plus grand nombre soient mis sur le marché. Si les premiers modèles d’automobiles solaire demeurent pour le moment à des prix très élevés dû à la recherche, la fabrication et au coût des matériaux, le secteur a pour objectif de proposer dans les années à venir, des modèles bien plus abordables et produits en plus grande quantité. Ce qui est aujourd’hui une innovation technologique destinée à de chanceux « early adopters » se doit de devenir une nouvelle norme disponible pour le grand public.
On assiste là seulement aux prémices d’un marché extrêmement prometteur et capable de répondre aux problématiques environnementales, au manque de bornes de recharge, mais aussi à la crise énergétique. Pour favoriser l’adoption rapide de cette nouvelle forme de mobilité, les usages devront être repensés, avec par exemple des partenariats ambitieux avec des flottes de véhicules en autopartage afin de faire découvrir au plus grand cette technologie. Les voitures solaires ne représentent pas le défi d’un seul homme, aucune entreprise ne peut conduire ce changement sociétal et environnemental seul. En matière de partenariats comme d’investissements, les fabricants d’automobiles solaire se doivent d’être soutenus par une communauté visionnaire, guidée avant tout par le progrès et la promesse d’une mobilité d’avenir durable. C’est ici la condition sinequanone du changement.
Tribune rédigée par Lex Hoefsloot, CEO de Lightyear.
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