Les températures mondiales dépasseront probablement la limite de 1,5°C fixée par l’accord de Paris sur le climat au cours des 20 prochaines années, à moins que des mesures rapides et radicales ne soient prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon une évaluation complète de la science du climat réalisée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la principale autorité mondiale en la matière.
Principaux faits
- Des changements climatiques « sans précédent » se sont produits au cours de centaines de milliers d’années, a averti le groupe d’experts du GIEC, et la planète était probablement plus chaude au cours de la dernière décennie qu’au cours des 125 000 dernières années.
- Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère n’ont jamais été aussi élevés depuis deux millions d’années, selon le rapport, tandis que l’agriculture et les combustibles fossiles font grimper les niveaux d’oxyde nitreux et de méthane à des niveaux jamais atteints depuis 800 000 ans.
- « Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres », indique le rapport, qui attribue la responsabilité de la crise climatique de manière bien plus certaine et claire que ne l’a fait le groupe auparavant.
- Même dans le meilleur des cas, certains changements, dont l’élévation du niveau de la mer, sont irréversibles pendant des millénaires.
- Selon le GIEC, il est possible d’empêcher une hausse supérieure à 1,5°C si des mesures drastiques et immédiates sont prises.
- Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà toutes les régions de la planète, selon le rapport, et les inondations extrêmes, les sécheresses, les incendies de forêt, les vagues de chaleur et les tempêtes sont tous destinés à augmenter en fréquence et en gravité si le réchauffement se poursuit.
Le contexte
Le rapport représente la vision la plus récente et la plus globale de la science du climat à l’heure actuelle. Il montre que les gaz à effet de serre provenant des activités humaines sont responsables d’un réchauffement de 1,1°C depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Il s’agit de la première révision majeure du GIEC depuis son rapport de 2013 et la science offre une image beaucoup plus certaine qu’auparavant. Les précédents rapports du GIEC ont été liés à des développements politiques majeurs comme la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1990, le Protocole de Kyoto en 1995 et l’Accord de Paris en 2013-2014. Les scientifiques sont désormais beaucoup plus sûrs de pouvoir attribuer au changement climatique des phénomènes météorologiques extrêmes, comme le dôme de chaleur aux États-Unis et les inondations en Europe et en Chine cette année, et ils attribuent plus clairement le changement climatique aux actions humaines. Si rien n’est fait pour réduire les émissions, le rapport prévient que le monde continuera à se réchauffer, que les phénomènes météorologiques deviendront plus extrêmes et que le niveau des mers augmentera. Malgré certains progrès dans le respect des engagements pris en matière de réduction des émissions, le monde est encore loin de pouvoir atteindre les objectifs climatiques. Dans certains secteurs, les émissions atteignent à nouveau des sommets après avoir rapidement rebondi après une accalmie pendant la pandémie de Covid-19.
L’Amérique du Nord a été confrontée cette année à un déferlement de vagues de chaleur et d’incendies de forêt, dont le dôme de chaleur brutal qui a tué plus de 100 personnes dans l’Oregon, 30 dans l’État de Washington et près de 500 dans la province canadienne de la Colombie-Britannique. Les scientifiques estiment que des conditions aussi extrêmes auraient été « pratiquement impossibles » sans le changement climatique. Certaines parties de l’Europe connaissent également des chaleurs extrêmes – presque des records dans certaines régions – qui provoquent des incendies de forêt. Le changement climatique a également contribué à de vastes inondations en Europe et en Chine et à la tempête hivernale qui a privé d’électricité de vastes régions du Texas au début de 2021. Selon le GIEC, d’autres événements extrêmes sont également possibles, notamment des points de basculement qui pourraient entraîner des changements spectaculaires, voire un emballement. Il s’agit notamment de l’effondrement des calottes glaciaires – qui pourrait faire monter le niveau des mers de manière significative – et de la rupture des courants de circulation océanique qui influencent les régimes climatiques.
Citation importante
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a qualifié le rapport de « code rouge pour l’humanité » et de « glas pour le charbon et les combustibles fossiles, avant qu’ils ne détruisent notre planète ».
Chiffre important
14 000. C’est le nombre d’articles scientifiques que le GIEC a analysés pour son rapport.
Ce qu’il faut surveiller
Le rapport souligne la nécessité d’une action immédiate avant les grandes négociations sur le climat qui se tiendront en novembre prochain au Royaume-Uni et qui permettront de dégager un consensus sur les mesures à prendre. La COP26, organisée à Glasgow, est considérée comme une occasion importante pour les dirigeants de s’engager à lutter contre le changement climatique et comme le successeur du 21ème sommet (COP21), où l’accord de Paris a été signé.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Robert Hart
<<< À lire également : Comment William Bridge, président de Green Cross International, mène-t-il la lutte contre le changement climatique ? >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits