Tribune rédigée par Antoine Sire, directeur de l’engagement chez BNP Paribas, membre du Comex.
Inquiète pour l’environnement, les inégalités et les territoires, la société civile attend aujourd’hui que les entreprises participent à la recherche de solutions. En 2015, l’Organisation des Nations Unies a adopté 17 objectifs de développement durable qui sont rapidement devenus d’excellents guides pour l’action, non seulement pour les Etats ou les ONG, mais aussi pour de nombreux investisseurs et entreprises.
En effet, si les investisseurs institutionnels gèrent avec une légitime prudence les masses d’argent considérables de millions de retraités d’aujourd’hui et de demain, ils savent qu’ils ne peuvent plus faire abstraction des besoins des générations futures. Pour les entreprises, les problématiques Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) et leur financement deviennent centrales. Quant aux salariés, ils ne veulent plus travailler dans des entreprises qui leur proposent un emploi dont ils ne voient pas le sens.
Il y a un an, le Directeur Général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, créait la fonction de Directeur de l’Engagement d’entreprise, représentée au Comité Exécutif, traduisant la volonté de doter le groupe d’un véritable projet pour la Société Civile, qui permette de combiner notre efficacité économique avec un impact positif pour le monde qui nous entoure.
Depuis les années 1980, les entreprises ont évolué dans leur relation à la société. BNP Paribas s’est toujours efforcé d’être à l’avant-garde de cette transformation, par exemple en créant dès 1985 la première fondation d’entreprise en France. Les entreprises ont ensuite développé des départements de RSE. Celui de BNP Paribas déploie depuis plusieurs années des expertises pointues et notre politique environnementale est reconnue par de nombreuses organisations et agences extra-financières. L’entreprise est devenue « carbone neutre » pour sa propre activité dès 2017 et BNP Paribas vient d’être sacrée par Euromoney meilleure banque du monde pour la finance durable.
Le monde nous pousse à aller plus loin, à commencer par nos enfants qui nous jugent. C’est un sujet d’éthique mais aussi de business model. Avoir un impact positif, pour nous, c’est à la fois s’abstenir de financer des activités dommageables et aussi participer à l’éclosion de solutions nouvelles. Pour cette raison, nous sommes en train de faire évoluer nos processus opérationnels pour nous assurer que les critères RSE (environnement, droits humains, diversité, égalité femmes-homme…) sont bien pris en compte dans nos décisions de crédit et plus généralement notre stratégie d’entreprise.
Nous avons décidé d’inscrire les 17 objectifs de développement durable de l’ONU au sein même de notre projet d’entreprise. Fin 2017, 155 milliards d’euros de nos encours de crédits concouraient directement à la réalisation d’un de ces objectifs et notre objectif est d’atteindre 185 milliards d’ici 2020. A ceci s’ajoutent tous les instruments financiers que nous structurons et plaçons pour le compte de nos clients, à commencer par les Green Bonds, marché sur lequel nous occupons une position de leader.
Nous avons en outre identifié 4 thèmes prioritaires sur lesquels nous agissons en mobilisant tous nos leviers, du commercial aux RH en passant par les achats, les politiques RSE, le mécénat financier et le volontariat des salariés. Ces thèmes sont la transition énergétique, l’inclusion des jeunes, les nouvelles formes d’entrepreneuriat et notre présence locale. BNP Paribas s’est notamment engagée dans le cadre de cet effort à offrir un million d’heures de mécénat de compétences au monde associatif d’ici 2020. Aujourd’hui, BNP Paribas satisfait déjà la plupart des recommandations publiées en France dans le rapport Notat-Senard sur le rôle des entreprises dans la société. Nous devons à la fois nous transformer et aider nos clients à mener leur propre transformation de l’engagement, comme nous le faisons en proposant des « positive incentive loans » dont le taux diminue à mesure que l’entreprise cliente atteint des objectifs sociaux ou environnementaux déterminés à l’avance, ou des Contrats à Impact Social qui permettent d’associer des investisseurs au financement d’acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire contribuant au règlement de problèmes d’intérêt général.
Quand nous mobilisons l’argent d’investisseurs sur une plateforme de prêt développée par l’ONU et le gouvernement indonésien avec le WWF pour financer une plantation d’hévéas permettant à la fois de créer 16 000 emplois, de restaurer la biodiversité et d’assurer des approvisionnements en caoutchouc durable pour Michelin, nous entrons dans une nouvelle dimension. Lorsque, en France, BNP Paribas lance Act for Impact, une démarche sans précédent pour accompagner un nouveau
Social Business sur quatre, c’est également une nouvelle façon pour la banque d’aller chercher son inspiration et ses clientèles de demain au plus près du terrain.
Nous avons décidé d’inscrire les 17 objectifs de développement durable de l’ONU au sein même de notre projet d’entreprise
De l’Andhra Pradesh, Etat que nous accompagnons pour financer le passage de 6 millions d’agriculteurs à l’agroécologie d’ici 2024, au quartier de la Bastille, où nous aidons des Social Businesses à créer l’Ascenseur, un lieu unique pour offrir aux jeunes un parcours complet d’accompagnement du collège à la vie active, les projets sont nombreux et ambitieux.
Le chemin sera long, mais une nouvelle économie positive est en train de naître. L’effort collectif que la société doit faire pour une croissance plus écologique et plus inclusive passe par une révolution des technologies et une transformation des comportements mais aussi par de nouveaux modes de financement. La transition énergétique, la restauration de la biodiversité, le développement de l’agroécologie, la création d’infrastructures et de projets de développement durables qui profitent à tous vont demander des investissements considérables. Les contours de la nouvelle économie positive se définissent en marchant. Ils supposent que nous formions de nouvelles coalitions, réunissant les entreprises et leurs salariés, les ONG, les Social Businesses et les gouvernements, bref, tous les acteurs décidés à s’engager pour un avenir meilleur.
En juin dernier, BNP Paribas a annoncé un partenariat avec l’Etat indien de l’Andhra Pradesh (50 millions d’habitants) pour développer le Zero budget natural farming (ZBNF). Cette technique ancestrale, par la combinaison de cultures diverses et d’élevage, permet de développer la productivité des exploitations en limitant l’achat extérieur de graines, d’engrais ou de produits chimiques.
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