L’impact carbone de nos comptes bancaires est immense. Le poids de notre épargne pourrait avoir un autre impact sur le monde. Ce sujet, porté auparavant par des acteurs alternatifs, affleure dans le monde des fintech. Les mentalités et les préoccupations évoluent, et les questions de responsabilité sociale et environnementale touchent aujourd’hui la banque. Après la mode, l’alimentation ou le voyage, c’est au tour de la finance de se mettre au vert.
« La finance sera verte ou ne sera pas. »
Le soutien que nos banques accordent massivement aux industries fossiles à travers le monde génère un bilan très lourd.
Dans un récent rapport, l’ONG Oxfam pointait du doigt l’impact dévastateur de ces financements qui permettent aux industries les plus polluantes de se développer. Elle montre que les grands établissements prêteurs contribuent à la destruction de la biodiversité en finançant, entre autres, la destruction des forêts au Brésil et en Indonésie. Ces investissements, ainsi menés, nous conduiraient tout droit vers un monde à + 4 °C d’ici 2100… Une prévision bien loin des objectifs fixés par l’accord de Paris sur le climat !
Ce constat impose une prise de conscience inévitable : l’arrêt total du financement de ces industries et la réorientation des flux financiers vers des projets et des infrastructures de décarbonation de l’économie doivent devenir la priorité absolue. En effet, face à la pollution générée par les conglomérats industriels, les petits gestes du quotidien, même s’ils restent nécessaires, ne seront pas suffisants.
Ce constat, notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, l’a fait. Il s’est exprimé en ces termes, à Bercy, le 25 octobre 2019 : « La finance sera verte ou ne sera pas. Parce que nos compatriotes n’accepteront pas d’aller placer leurs économies dans des banques […] qui ne leur garantissent pas que leur argent va à la lutte contre le réchauffement climatique. Et je ne connais pas un jeune de 20 ans qui va aller déposer son argent dans une banque qui continuerait à financer des mines de charbon, pas un. Ils refuseront tous et ils auront raison. »
Un mois plus tôt, le 23 septembre 2019, notre président, Emmanuel Macron, déclarait au sommet des Nations Unies sur le climat : « Sur le plan financier, il nous faut nous mettre en cohérence avec nos actions. Ce souci de cohérence, c’est d’arrêter de financer à l’extérieur des projets d’infrastructures carbonés. On ne peut pas dire ici, on est pour lutter contre le réchauffement climatique, pour la biodiversité, et continuer à financer dans d’autres pays des infrastructures qui polluent, qui augmentent les émissions de CO2, et qui font exactement le contraire. » Il était donc temps que des entrepreneurs s’attaquent à cet immense problème.
Et les initiatives françaises dans tout ça ?
Jusqu’à présent, du côté des start-ups, la France était restée à la traîne. Deux acteurs très engagés se partageaient la tâche de proposer une alternative vertueuse à dynamique sociale, écologique et éthique : la NEF et le Crédit Coopératif. Néanmoins, bien qu’ayant gagné en visibilité avec notamment, pour la NEF, la plateforme de financement participatif Zeste, et pour le Crédit Coopératif, une interface de banque mobile, ces deux coopératives restaient majoritairement hors des radars de la nouvelle génération. Pourtant, avec une histoire qui remonte à 125 ans, le Crédit Coopératif avait su être précurseur… Mais sans doute le monde d’aujourd’hui attendait-il de nouvelles solutions… ? Ou avait-il besoin d’allier les services d’une néobanque à l’engagement d’une banque écologiquement vertueuse ? Et c’est là que la France avait pris, relativement, du retard. Les Américains avaient vu naître Aspiration et les Allemands Tomorrow, deux néobanques qui, à peine créées, ont rencontré un succès considérable. Au premier semestre 2020, une néobanque française, baptisée Green-Got, avait enfin été annoncée et comptait, avant même son lancement officiel mi-2020, plus de 12 000 personnes sur liste d’attente, désireuses de devenir clientes. Elle a clôturé une levée de fonds en pré-seed auprès de Business Angels qui croient dur comme fer à la pérennité de l’entreprise. Green-Got n’a pas sollicité de grosses banques ou de fonds, s’assurant ainsi une indépendance unique.
La promesse qui a séduit ses clients comme ses investisseurs est la suivante : une carte et un compte pour payer et être payé avec une empreinte carbone faible, ainsi qu’un compte d’épargne pour financer les secteurs clés de la transition écologique.
Le succès de ce service made in France s’explique par l’attente d’une solution qui n’existait pas jusqu’alors : une solution qui soit écologique, mais aussi pratique et simple à utiliser. Maud Caillaux, la cofondatrice de Green-Got évoque ainsi la genèse de cette banque d’une nouvelle ère : « Nous faisons partie d’une génération qui a conscience d’être la dernière à pouvoir changer les choses, mais qui a aussi été biberonnée par des solutions digitales toujours plus pratiques, accessibles et instantanées. Ce sont ces deux mondes qu’on veut se faire rejoindre chez Green-Got : offrir la possibilité de financer la transition écologique grâce à son argent tout en vivant expérience agréable et sécurisée. »
Mettre son argent au vert : une idée d’avenir
Le choix de proposer de l’épargne est nouveau pour une néobanque. D’après Maud Caillaux, ce service est « absolument nécessaire » pour financer la transition. Elle poursuit : « Le compte courant est par définition de l’argent liquide et doit être disponible à tout moment. Il a peu d’impact et ne peut pas être investi sur des projets à long terme, ce qui est bien souvent une des caractéristiques des actifs verts… C’est pour cela que nous tenions absolument à offrir un moyen d’épargne qui permet d’être vraiment proactif dans le financement de la transition écologique. Nos utilisateurs pourront choisir vers quel secteur de la transition ils veulent diriger leur argent, et voir depuis leur application son impact : ce qu’il finance, quels projets, etc. On veut redonner le pouvoir à notre argent et redéfinir le monde qu’il est en train de construire. »
Green-Got s’assure aussi une sécurité sans faille, a minima au même niveau que les banques traditionnelles, grâce à leurs prestataires techniques. Enfin, les fonds sont aussi, comme dans n’importe quel établissement bancaire, assurés à hauteur de 100.000€ par le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FDGR).
Le sujet de la finance responsable prend de plus en plus d’ampleur. Dans un monde où chaque geste compte et où chacun prend conscience de son rôle à jouer, les néobanques porteuses d’un engagement RSE fort sont une réponse aux problématiques actuelles. Elles offrent des possibilités d’agir concrètes, au quotidien, comme sur le long terme. Épargner pour l’avenir et les générations futures n’a jamais eu autant de sens…
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