TRANSPORTS | « On est bientôt arrivé ? » : Qui n’a pas entendu cette question au moins une fois lors d’un voyage en famille ? Cette question est désormais au cœur du débat sur la transition écologique, notamment concernant la fin des véhicules polluants alimentés par des combustibles fossiles.
Les transports contribuent aujourd’hui à un cinquième des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie dans le monde, la grande majorité provenant de plus d’un milliard de voitures, de camions, de bus et de véhicules à deux ou trois roues fonctionnant au pétrole. Ce n’est pas une mince affaire que de mettre le monde sur la voie d’une réduction de ces émissions à une vitesse et à une échelle compatibles avec les objectifs climatiques.
Fin 2015, la ClimateWorks Foundation et un certain nombre de partenaires se sont réunis pour tester une idée : la philanthropie comme catalyseur des conditions pour faire basculer le marché vers des véhicules plus propres. Cette collaboration mondiale visant à accélérer le marché, désormais connue sous le nom de Drive Electric Campaign, soutient la recherche, implique les décideurs politiques et les entreprises, et s’associe à des communautés telles que les travailleurs, les experts en santé, et ceux qui ont été touchés par la pollution des pots d’échappement depuis bien trop longtemps.
Lorsque les équipes de la ClimateWorks Foundation ont commencé à redoubler d’efforts il y a sept ans, ils savaient que l’ambition était la voie à suivre pour transformer les idées en actions. À maintes reprises, ils ont pu constater que l’ambition et la politique peuvent galvaniser les investissements à grande échelle dans le domaine des transports électriques.
Comme pour tout voyage, ils avaient besoin de repères ou d’indicateurs pour savoir s’ils étaient sur la bonne voie. L’une des façons d’envisager le passage de la combustion polluante aux véhicules électriques (VE) propres est d’adopter le prisme de la théorie de l’innovation, c’est-à-dire d’étudier les schémas et la vitesse de diffusion des nouvelles technologies dans la société. En d’autres termes il faut trouver le stade à partir duquel le marché va au-delà des premiers adeptes pour atteindre le marché de masse nécessaire à un impact à grande échelle.
Si l’on considère ce qui est nécessaire pour une planète vivable, on constate qu’une courbe d’adoption accélérée est essentielle pour éviter les pires conséquences de la crise climatique. En collaboration avec des partenaires experts, la Drive Electric Campaign a élaboré des modèles de ce que devrait être la courbe d’adoption pour un monde prospère.
Un indicateur est alors apparu : l’année où 15 % des nouveaux véhicules vendus seront des modèles électriques à zéro émission. Même s’il n’est pas parfait, ce point de basculement indique que les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés et confiants dans la technologie, que les infrastructures sont de plus en plus disponibles et que les investissements dans la production de véhicules et la chaîne d’approvisionnement sont de plus en plus importants.
Quand cette étape sera-t-elle atteinte ? La Drive Electric Campaign s’est fixé l’objectif audacieux d’atteindre une part de marché moyenne de 15 % en 2026 sur les plus grands marchés automobiles : la Chine, les États-Unis, l’Europe et l’Inde. Ensemble, ces marchés représentent plus de 70 % de la demande mondiale actuelle de véhicules. Au moment où l’objectif a été fixé, la part de marché mondial moyenne des VE était inférieure à 1 %, et d’autres prévisions estimaient qu’un niveau d’adoption du marché aussi ambitieux ne serait pas atteint avant des décennies.
En début d’année, la ClimateWorks Foundation a collaboré avec le réseau mondial de partenaires de la Drive Electric Campaign pour discuter des progrès réalisés en vue d’un avenir 100 % VE. En 2022, la moyenne des ventes de nouveaux véhicules de tourisme électriques sur les quatre marchés clés a franchi le seuil des 15 %. Cette étape a été franchie avec une avance remarquable de quatre ans sur les objectifs initiaux de la fondation.
Il y a de quoi se réjouir et c’est tout à fait encourageant. Cependant, comme pour toute chose, le diable se cache dans les détails. Si la moyenne des quatre principaux marchés a dépassé l’objectif de 15 %, il existe de grandes différences entre les marchés, tandis que d’autres segments, comme les camions, sont toujours à la traîne.
Les données relatives aux ventes montrent comment faire évoluer les marchés vers un avenir respectueux de l’environnement grâce à des politiques fortes. L’Europe et la Chine ont mis en place des politiques ambitieuses telles que des normes en matière de dioxyde de carbone et des exigences en matière de ventes de véhicules à émissions nulles pour stimuler le marché. Ces politiques incitent les fabricants à développer et à proposer des modèles de VE plus abordables, tout en donnant confiance aux autres pour qu’ils investissent dans la recharge des VE et dans la chaîne d’approvisionnement.
Les États-Unis, qui ont souffert de quatre années de politiques laxistes, voire antagonistes, sous Donald Trump, ont commencé à rattraper leur retard l’année dernière avec le rétablissement de normes plus strictes en matière de dioxyde de carbone pour les voitures, des milliards d’investissements et d’incitations dans les VE. Les États-Unis ont également adopté de nouvelles politiques audacieuses telles que les plans Advanced Clean Cars et Advanced Clean Truck.
En Inde, un avenir accéléré pour les VE semble plus prometteur que jamais en raison des progrès incroyables réalisés grâce au soutien national et aux politiques au niveau des États. À l’heure actuelle, 90 % des États indiens ont adopté une politique en matière de VE ou sont sur le point de le faire, et cela fonctionne. Des États et territoires de premier plan comme Delhi, Uttar Pradesh et Maharashtra commencent à voir une augmentation significative de l’adoption des VE pour les voitures, les deux-roues, les trois-roues et les bus.
Il est important de noter que ces politiques, et l’accélération du marché qui en résulte, se produisent précisément dans les régions où les partenaires de la Drive Electric Campaign sont les plus actifs. Le réseau de la ClimateWorks Foundation s’emploie à renforcer la volonté politique, à impliquer les décideurs gouvernementaux et les chefs d’entreprise et à fournir une assistance technique sur les actions les plus efficaces.
La ClimateWorks Foundation constate également des progrès et une réelle volonté d’instaurer un avenir de transport sans émissions au Chili, au Costa Rica, au Kenya et dans de nombreux autres pays au-delà des quatre plus grands marchés de véhicules. Les partenaires de la Drive Electric Campaign travaillent aujourd’hui dans plus de 100 pays pour aider à « sauter » le pas de la transition des véhicules à combustion de pétrole vers des transports électriques plus propres.
Alors non, on n’est pas encore arrivé. Le fait d’avoir franchi cette étape montre qu’un effort philanthropique coordonnépour changer la donne en matière d’ambition, de politique et d’investissement fonctionne. Il faut maintenant renforcer et étendre ce travail plus largement, afin de garantir que les avantages de la transition vers des transports électriques beaucoup plus propre puissent être appréciés par tous.
Article de Forbes US – Auteur : Anthony Eggert
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