Cet impressionnant portrait d’un couple de rhinopithèques de Roxellane pris dans la forêt tempérée des montagnes Qinling en Chine, le seul habitat de ces primates menacés, est l’oeuvre du photographe néerlandais Marsel van Oosten, le grand gagnant du prestigieux prix du Meilleur Photographe de Nature de l’année 2018.
La 54e édition de ce concours organisé par le Muséum d’histoire naturelle de Londres, qui présente le meilleur de la photographie de nature du monde entier, a reçu 45 000 candidatures provenant de 95 pays.
« Cette image est en un sens traditionnelle, puisqu’il s’agit d’un portrait », a déclaré Roz Kidman Cox, qui préside le jury. « Mais c’est aussi un rappel symbolique de la beauté de la nature et de l’appauvrissement que nous ressentons à mesure que la nature s’appauvrit. C’est une œuvre qui mériterait d’être exposée dans n’importe quelle galerie du monde. »
Ces deux grands gagnants ont été sélectionnés parmi les lauréats de 19 catégories, dont les photographies illustrent l’incroyable diversité de la vie sur notre planète, allant du comportement animal rarement observé aux mondes sous-marins cachés.
Le concours était ouvert aux professionnels comme aux amateurs, et les photos ont été sélectionnées en fonction de leur originalité, de leur créativité, et de leur excellence technique par un jury d’experts renommés.
Blotties l’une contre l’autre dans l’ouverture d’un vieux tuyau d’évacuation, deux chouettes tachetées d’une espèce accoutumée à la vie urbaine regardent droit dans l’objectif du jeune photographe à Kapurthala, dans l’État indien du Punjab.
Une harelde boréale, photographiée sur la côte nord de la mer de Barents, en Norvège, se repose après son repas. Un ciel couvert a atténué la lumière de l’aube et a permis au jeune photographe de capturer les couleurs subtiles du plumage du canard alors que les reflets des lumières du village proche donnent des lueurs d’or aux vagues.
Kuhirwa, une jeune gorille des montagnes appartenant à la famille Nkuringo, dans la forêt impénétrable de Bwindi en Ouganda, refuse d’abandonner le corps de son petit qu’elle transporte plusieurs semaines. Son deuil rappelle les réactions face à la mort observées chez d’autres espèces.
Des éléphants caressant les os des membres morts de la famille aux dauphins essayant d’empêcher leurs compagnons de couler, il existe de nombreuses preuves crédibles montrant que de nombreux animaux allant des primates et cétacés aux chats, chiens, lapins, chevaux et même certains oiseaux, se comportent d’une manière qui exprime visiblement la peine.
Dans un trou d’eau de la réserve naturelle de Walyormouring, en Australie-Occidentale, deux guêpes maçonnes femelles, que l’on peut reconnaître à leurs premiers segments abdominaux extrêmement minces, travaillent dur à creuser la boue de la rive pour en faire des boules servant à créer des alvéoles dans lesquelles seront déposées des œufs pour leur nid tout proche.
Ce petit floe dérivant dans le chenal d’Errera, à l’extrémité de la péninsule Antarctique, offre à peine assez d’espace pour qu’un groupe de phoques crabiers se repose, et des fissures commencent à apparaître. C’est la fin de l’été en Antarctique, et la glace de mer s’y fait rare.
La côte des Squelettes orne le littoral désertique de la Namibie, où des monticules de sable sculptés par le vent se mêlent aux vagues de l’Atlantique qui viennent s’écraser contre le rivage. Un trio d’éléments météorologiques – vents violents du nord-est, rayons chauds du soleil de l’après-midi et brouillard océanique dense – n’est pas inhabituel dans cette région sauvage désolée et vide de toute présence.
Lorsque la nourriture vient à manquer sur l’île Wolf, une île isolée au nord de l’archipel des Galapagos, les pinsons de Darwin au becs acérés se transforment en vampires et les fous de Nazca et autres grands oiseaux du plateau deviennent des cibles de choix.
Les fous de Nazca se plaisent sur l’île : ses épais buissons de cactus protègent leurs nids, et l’océan tout proche regorge de poissons. Les pinsons ont pour leur part plus de difficultés à survivre, car l’endroit n’abrite aucun point d’eau permanent et il y pleut rarement. Ces oiseaux, dont les spécimens ont contribué à inspirer à Darwin sa théorie de l’évolution, doivent se contenter d’un maigre régime de graines et d’insectes, qui s’avère régulièrement insuffisant.
Les pinsons se mettent alors à picorer la base des pennes des fous de Nazca à l’aide de leurs becs tranchants, et boivent leur sang pour survivre, un comportement découlant sans doute de leur habitude de se nourrir des parasites de plus grands oiseaux. Les fous semblent tolérer la présence de ces petits vampires plutôt que de bouger et d’exposer leur œufs et leurs oisillons au soleil. Cette perte de sang ne semble pas avoir de conséquences permanentes.
Ce colibri noble, reconnaissable à sa longue queue fourchue noire et blanche et observable uniquement au Pérou, est en équilibre parfait tandis qu’il siphonne le nectar d’une fleur de kniphofia : sa queue se déploie et se referme et ses pattes minuscules ne se pose sur la tige que pour une fraction de seconde.
À la lueur dramatique du crépuscule, deux cerfs élaphe en rut se battent. Les deux combattants sont de niveau égal : aucun ne cède, et l’affrontement dégénère en un choc bruyant de bois.
Une grande membracide protège sa famille pendant que ses nymphes se nourrissent sur la tige d’une solanacée dans la réserve d’El Jardín de los Sueños en Equateur.
Contrairement à beaucoup d’autres membracides, qui s’entourent d’autres insectes (principalement des fourmis), cette espèce-ci n’est protégée que par la mère. Elle pond ses œufs sur le dessous d’une feuille de solanacée, les recouvre d’une fine sécrétion et protège la portée de son petit corps. Lorsque les œufs éclosent, ils traversent cinq stades nymphaux, différenciables par la taille, la couleur et l’ornementation des jeunes insectes.
Les rayures noires et les petites excroissances vertes des nymphes indiquent ici qu’elle mueront bientôt une dernière fois pour devenir adultes.
Leur mère dévouée veille sur elles pendant toute cette période, et se contorsionne pour affronter de potentiels ennemis à l’aide de ses épines dorsales.
Ces photos primées ainsi que 88 autres œuvres toutes aussi spectaculaires feront partie de l’exposition du concours, qui a lieu jusqu’au 30 juin prochain au Muséum d’Histoire Naturelle de Londres, avant se déplacer à travers la Grande-Bretagne, puis au Canada, en Espagne, aux États-Unis, en Australie et en Allemagne.
Les candidatures sont ouvertes depuis le 22 octobre pour la prochaine édition du concours du Meilleur Photographe de Nature, qui accepte toutes les participations sans distinction d’âge ou de talent.
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