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Ynsect, La Start-Up Qui Va Nourrir Les Animaux Avec Des Coléoptères

Leader mondial de l’élevage d’insectes à destination de l’alimentation animale, la start-up Ynsect, qui est parvenue à boucler le troisième tour de table de sa jeune histoire – d’un montant de 14,2 millions d’euros en fin d’année dernière, portant le total à 35 millions de fonds privés et publics -, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et continue de déployer ses ailes à la conquête de nouveaux marchés.

« Notre activité, ou devrais-je dire notre mission, est de parvenir à nourrir les animaux de la manière la plus naturelle possible, or personne n’avait pensé aux insectes, qui sont pourtant la base du régime alimentaire naturel de la plupart des animaux que nous mangeons, on a parfois tendance à l’oublier ». Forts de ce postulat, Antoine Hubert – le président – et les trois autres cofondateurs Jean-Gabriel Levon, Alexis Angot et Fabrice Berro, partent à la conquête du vaste marché de l’alimentation animale, y compris la « petfood » (nourriture pour animaux domestiques), estimé à plus de 500 milliards d’euros. « Le marché accessible pour les protéines d’insectes se situe, pour sa part, entre 10 et 20 milliards », précise, tout de go, Antoine Hubert.

Fondé en 2011, la start-up a pour ambition, comme évoqué en préambule, de s’attaquer au marché de l’alimentation animale… mais s’est également ouverte de nouveaux horizons. En effet, grâce à un lobbying d’une efficacité redoutable auprès des instances européennes via le syndicat européen des producteurs d’insectes, présidé par Antoine Hubert, Ynsect a enregistré une victoire non négligeable avec la légalisation par Bruxelles, en décembre dernier, de l’usage des protéines d’insectes dans l’alimentation des poissons d’élevage

Chiens, chats et désormais poissons

Un texte qui entrera en vigueur à l’horizon juillet 2017. Une excellente nouvelle pour une « jeune pousse » qui peut se targuer d’avoir déjà levé, au terme de trois tours de table menés sans coup férir, 35 millions d’euros… en commençant à peine à livrer ses premiers clients. Croquettes pour chiens, chats, nourriture pour poissons, avant peut-être de s’attaquer, à plus long terme, au marché de la volaille et du porc, dont l’alimentation à base de protéines animales est toujours interdite sur le Vieux-Continent. « Les gens ont encore en tête le traumatisme hérité de l’affaire de la vache folle », déclare Antoine Hubert.

Dès lors, comment Ynsect s’apprête-il à révolutionner le marché de l’alimentation animale ? Grâce à un plan d’action minutieusement préparé, jusque dans les moindres détails, y compris dans la sélection des fameux insectes. « Premier étage de la fusée » : l’année 2014 et la première levée de fonds d’un montant relativement modeste, 1,8 million d’euros, qui a permis de jeter les bases d’un projet savamment peaufiné dans les travées du Genopole d’Evry, centre névralgique des biotechnologies franciliennes.  

Grandes ambitions

Deuxième étape de la feuille de route mise sur orbite par l’intermédiaire d’un second tour de table auprès d’un fonds singapourien, New Protein Capital : la construction d’une usine aux confins des brumes jurassiennes, nichée au cœur du parc d’activité du Grand Dole. « Un Show Room complet qui commence tout juste à atteindre son rythme de croisière et qui a livré les premiers clients », se félicite Antoine Hubert.

Mais les ambitions de la start-up ne s’arrêtent pas là, et la troisième levée de fonds, réalisée fin 2016 d’un montant de 14,2 millions d’euros auprès du Fonds Ecotechnologies, géré par Bpifrance dans le cadre des actions du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), est là pour en témoigner. Objectif : préparer la construction de la première grande installation industrielle et commerciale sur le territoire français. Un projet d’envergure pour la jeune pousse aux 50 salariés « L’usine du Jura est trop petite pour être rentable à ce stade, nous ne pourrons y produire que quelques centaines de tonnes quand la nouvelle installation nous permettra d’en écouler, nous l’espérons, plus de 20 000, devenant ainsi la plus importante unité de production d’insectes du monde », explique le fondateur. Ouverture du site prévue à l’horizon 2019. Une structure qui étendra sa zone d’influence jusqu’au nord de l’Europe, où elle contribuera à l’alimentation des saumons.

 

Quels insectes ?

Si l’argent est le « nerf de la guerre », la sélection des protéines d’insectes n’a également pas été laissée au hasard. « Nous avons réalisé de nombreux tests afin de sélectionner le meilleur produit. Papillons, blattes, termites, scarabées, mouches… Au final, c’est le ver de farine coléoptère Tenebrio Molitor qui a été retenu comme le plus pertinent », souligne le président. Cette espèce est, en effet reconnue, à ce jour, comme l’une des seules montrant d’importants effets bénéfiques sur la croissance et la santé des animaux quand elle est substituée à la farine de poissons dans leur régime alimentaire.

« Le Tenebrio est également mangé par l’homme dans certaines régions du monde », précise également Antoine Hubert. A ce titre, le choix d’un fonds singapourien, afin de s’ouvrir une fenêtre sur l’Asie où Ynsect lorgne également de nouveaux marchés, n’est évidemment pas anodin. De là à se tourner vers une clientèle « humaine » ? Il n’y a qu’un pas que le président d’Ynsect… ne franchira pas… pour le moment. « Ce n’est pas notre sujet. Nous avons aucune certitude que ce marché décolle, tandis que le potentiel de nos marchés de prédilection – petfood et aquaculture – n’est plus à prouver ». Ambitieux mais raisonnable, Ynsect poursuit son chemin vers les sommets.

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