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La Plate-Forme WeMaintain S’Attaque À La Maintenance Des Ascenseurs

D’un côté, les clients – syndic de copropriété, Foncière, property, bailleurs HLM – veulent avoir une visibilité sur l’état de leur parc d’ascenseur, leur maintenance et leurs factures. De l’autre, les techniciens se lancent à leur compte et voient leur rémunération décoller. La jeune pousse WeMaintain vient de lever 1,8 millions d’euros pour développer sa plate-forme de maintenance professionnelle des ascenseurs. Avant de se lancer sur d’autres machines. 

Un ascenseur, ça monte et ça descend. On en fait des films, on en fait des blagues, mais généralement, ses utilisateurs l’empruntent chaque jour, voire plusieurs fois par jour, presque machinalement (ou pour certains avec angoisse). Elément central de nos modes de vie urbains – voire premier moyen de transport au monde – on l’oublie, sauf quand il tombe en panne.

La start-up WeMaintain se sert du numérique pour remettre le technicien au centre de la gestion des ascenseurs. « Nous voulons remettre la chaîne de valeur à plat en permettant au technicien de devenir indépendant », explique Jade Francine, la cofondatrice de la plate-forme qui se présente sous la forme d’une application mobile pour les techniciens, et d’un site internet pour les clients. « Aux Etats-Unis, le métier de technicien d’ascenseur est le mieux payé, alors qu’en Europe et en Asie, les techniciens ne captent pas la valeur. Ils gagnent 25 000 euros par an, font un métier difficile, sont envoyés sur différents endroits et ne suivent donc pas leurs ascenseurs. »

Des techniciens formés et compétents

La jeune femme de 28 ans aime citer Jeff Bezos, patron d’Amazon : « Leurs marges sont nos opportunités ». Et aime encore plus appliquer la maxime. La start-up WeMaintain trouve donc la parade en automatisant les fonctions de contre-maître et de commercial que l’on retrouve dans les petites agences de maintenance, et transforme les techniciens en patrons, grâce à l’application et à un suivi pas à pas. « Les objets connectés permettent d’envoyer des informations sur l’état des ascenseurs, mais derrière, il y aura toujours besoin d’un technicien formé et compétent pour prendre soin des appareils et les réparer. »

Attablée devant un grand café, Jade Francine, française d’origine indienne formée à Sciences po Lille, raconte comment elle s’est retrouvée à lancer sa plate-forme numérique de maintenance d’ascenseurs, dont l’acteur principal est le technicien. 

Jade Francine

« J’ai le profil de la bonne élève. J’ai donc fait Sciences po avec pour objectif d’entrer dans la haute fonction publique », raconte la jeune femme dans un grand sourire. Et puis, le déclic. « Je découvre des énarques en conférence, et là, je me suis dit que ce n’était pas du tout fait pour moi ! »

Bonne élève. En parallèle de Sciences po Lille, elle suit un cursus de droit à la Sorbonne et part en Master de droit chinois à Pékin, puis intègre un cabinet d’avocat français qui suit les entreprises en Chine. En 2015, la jeune femme découvre le monde des entreprises, e notamment des entreprises de la tech, très nombreuses à venir s’installer en Chine. « J’ai aimé suivre ces personnes tout en ayant la frustration de n’être que de conseil », souligne Jade Francine.

Innover dans le monde des ascenseurs

Sa rencontre avec Benoît Dupont est déterminante. Après avoir travaillé dix ans chez Otis ( un des quatre  ascensoristes sur le marché), dont cinq en Chine, le jeune homme a repris des études, pour déterminer l’impact du numérique sur son industrie. « Il s’est rendu compte qu’il y avait peu d’innovations, hormis celles destinées à augmenter le chiffre d’affaires », raconte Jade. Ensemble, ils développent en Inde une première version de leur plate-forme dès février 2017 et sont rejoints en mai par Tristan Foureur. Les trois entrepreneurs décident de rentrer à Paris pour lancer la solution dès le mois de juillet. Tout sera fait pour le client, et pour le technicien. 

« Pour les clients, le fonctionnement de leur ascenseur est opaque. Ils savent à peine si et quand le technicien passe », se désole Jade Francine. « Ils trouvent que les prestations prennent trop de temps, et les factures sont trop élevées. » Mot d’ordre de WeMaintain : la transparence. Tout est donc indiqué sur le site, la date de passage du technicien, le tarif de l’abonnement annuel (sur lequel l’entreprise récupère une commission), les réparations effectuées… L’entreprise est accompagné par Axa pour l’assurance, élément qui rassure les clients.

Empowerment

« Les entreprises de maintenance voient souvent le numérique comme un outil de contrôle des salariés, mais pas comme un outil d’empowerment », a constaté la jeune entrepreneure. Sa start-up redonne donc le pouvoir à ceux qui créent la valeur, les techniciens. « Nous passons beaucoup de temps en amont avec eux pour qu’ils prennent la mesure du changement de vie qui les attend, puis nous les accompagnons pour la démission et pour monter leur propre entreprise », explique Jade Francine. WeMaintain propose ainsi un contrat avec accompagnement sur les thématiques de l’assurance, de la banque, de la mutuelle, de la comptabilité, de la sécurité…

Pour l’instant, une dizaine de techniciens les ont rejoint et une vingtaine de clients. L’entreprise vient de lever 1,8 millions d’euros et espère se déployer en France puis en Asie.

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