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VivaTech : l’IA partie pour durer

L’intelligence artificielle est mise à l’honneur durant ces quatre jours, au salon qui se tient à la Porte de Versailles. Les acteurs présents sur place estiment que le phénomène va s’inscrire dans la durée. 

 

Une ombre plane dans les allées du salon Vivatech. Dans un contexte compliqué pour le secteur de la tech, l’intelligence artificielle s’est imposée comme un incontournable de cette 8e édition de la grande messe consacrée à l’innovation et aux start-up. « Il n’y a pas un stand où on ne parle pas d’IA , remarque Frédéric Najman, expert IA auprès de Drilight, une start-up grenobloise qui propose des cônes connectées pour améliorer l’entraînement des sportifs amateurs. Dans notre cas, l’IA a la capacité d’apprendre du passé en collectant des milliers de données afin de proposer l’entraînement le plus adapté possible. »

Personne ne veut passer à côté du phénomène, surtout pas les multinationales qui y voient un moyen d’automatiser certaines fonctions et de réduire les coûts de fonctionnement. Le géant Français de la gestion d’eau et de déchet Suez, a créé une filiale possédant un département Data et IA il y a près d’un an. Il compte une trentaine de personnes. Pour le moment, l’intelligence artificielle est utilisée pour fournir une solution de contrôle qualité en sortie de centres de tri et d’usines. « Avant les contrôles étaient effectués de manière ponctuelle, pas systématiquement sur tous les matériaux, expose Delphine Baudat, Data Senior Manager chez Suez. L’IA nous permet de répondre à une réglementation qui se durcit et à un besoin des repreneurs clients qui veulent s’assurer de la qualité de nos déchets. » 

 

« The place to be »

L’IA avait fait déjà une entrée remarquée lors de la précédente édition de Vivatech, quelques mois après l’apparition de Chat GPT. Emmanuel Macron, présent sur les lieux, avait joué la carte de l’innovation. « Réguler sans innover ce serait comme tailler des haies que l’on n’a pas », avait-il lancé à son arrivée au salon. Alors que la Commission européenne a, depuis, mis en place l’AI Act, la France apparaît en retrait, elle qui ne veut pas brider les start-up du secteur dans leur développement. 

Les premiers résultats devraient encourager la stratégie hexagonale. Alors qu’il est devenu plus compliqué pour les startups de capter des financements, Mistral IA, qui se présente comme le concurrent français de ChatGPT, devrait annoncer une levée de fonds de 600 millions d’euros. Une autre pépite hexagonale, Holistic AI, vient de lever 220 millions d’euros. Pour favoriser l’essor de cet écosystème, le gouvernement a promis 400 millions d’investissement supplémentaire dans le cadre du dispositif France 2030. L’objectif : former 100 000 experts IA par an, contre 40 000 actuellement. L’Elysée veut également doubler les commandes publiques auprès de start-up du secteur afin d’atteindre 1 milliards d’euros d’achats d’ici 2027. 

« Comme pour toute innovation technologique, il y a 80% des fonctionnalités qui ne servent à rien mais les 20% restants vont nous permettre de faire beaucoup de choses » Antoine le Nel, vice-président de Revolut

« Pour tous ceux qui veulent investir dans l’intelligence artificielle en Europe, la France est ‘the place to be’ (l’endroit où être) », a martelé le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, sur la scène de Vivatech. Et d’ajouter : « Nous avons les meilleures infrastructures européennes : routes, autoroutes, liaisons ferroviaires, centrales nucléaires, réseaux électriques et, demain, les centres de données ». La secrétaire d’Etat au numérique avait préalablement expliqué que l’IA  pourrait faire gagner à la France « plus d’un point de croissance, soit entre 250 milliards et 430 milliards de PIB supplémentaire. »

 

« Grosse bulle » faite pour durer ? 

Faut-il voir dans cet engouement un effet de mode ? « Il y a une grosse bulle mais à l’inverse d’autre grosse bulle l’IA est faite pour durer », souligne Adrien Calvayrac, coordinateur de l’innovation en Europe de Capgemini. L’entreprise française de services numériques a annoncé en 2023 vouloir doubler ses effectifs dédiés à l’intelligence artificielle dans le monde pour atteindre 60 000 personnes et compte investir 2 milliards d’euros en trois ans sur le sujet. « Si on est arrivé à cette capacité technologique c’est parce que les premiers développement ont eu lieu il y a plusieurs dizaines d’années », pointe-il. 

Pour le vice-président monde de la banque en ligne Revolut, Antoine le Nel, le constat est un peu plus nuancé : « Comme pour toute innovation technologique, il y a 80% des fonctionnalités qui ne servent à rien mais les 20% restants vont nous permettre de faire beaucoup de choses ». Il estime également qu’«il y aura des hauts et des bas» dans le secteur. Sa néo-banque utilise l’IA depuis plusieurs années pour la gestion des fraudes et a lancé il y a un an, un chatbox et robot d’investissement intelligent.


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