Il y a quelques temps, je tombais sur l’article d’Antoine Amiel de Learn Assembly. Cet article fait un état des lieux de la French Tech et de la culture start-up en France. Je pense que cet article répond à de nombreuses questions sur l’engouement autour de nombreuses tendances : la couverture disproportionnée des médias sur l’actualité start-up, la question sur la levée de fonds : faut-il absolument lever ou non, la définition d’un entrepreneur, le mythe de la scalabilité…
Je ne suis pas d’accord avec tous les point évoqués mais je trouve sa vision de l’entrepreneuriat très pertinente. Entreprendre n’est pas un métier. Il ne peut être associé à une norme ou une forme d’activité. Entreprendre est historiquement un attribut humain. Pour les personnes qui prétendent être passionnées d’entrepreneuriat, êtes-vous également passionnées d’audace ou de résilience ?
L’entrepreneuriat est un abus de language pour exprimer la création d’une société, d’une innovation, d’un service ou d’une idée. Mais toute société n’est pas une société qui a pour objectif de faire de son Graal la croissance la plus rapide avec un produit scalable. Il explique :
“Une des erreurs qui a été faite est d’avoir cédé à la pensée unique en assimilant toutes formes d’entrepreneuriat au modèle de la start-up. En faisant cela, on oublie quelque chose, on donne l’impression que la start-up est devenue un synonyme d’entrepreneur. On est enfermé dans le mythe dangereux de la scalabilité. C’est comme si les acteurs de l’investissement avaient exercé une telle influence intellectuelle qu’ils ont réussi à orienter toute une génération d’entrepreneurs vers des modèles qui peut-être ne leur correspondent pas. Je ne compte plus le nombre de fois où je rencontre des start-uppers et que la première question qui est posée, c’est : « tu as levé combien ? ».”
Antoine soulève également le culte voué à la levée de fonds et le mythe de la scalabilité. Pendant plusieurs années, j’ai émis un jugement de valeur sur une bonne forme d’entrepreneuriat qui serait celle associée à une start-up. Mais c’est faux.
C’est pourquoi j’ai décidé aujourd’hui de faire l’éloge de 15 entreprises françaises avec une culture start-up qui n’ont jamais levé de fonds, qui ne sont pas communément scalables mais qui fournissent un réel service en France.
- Onogone : Société de services spécialisée dans l’intelligence artificielle
- Studio labs : Digital studio qui construit des sites internets et applications mobiles pour des clients comme Orange ou La Poste
- Le Wagon : Bootcamp formant au code. Présent dans 30 villes et 20 pays.
- Toucan toco : Entreprise spécialisée dans la data-visualisation. Ils construisent des dashboards pour LVMH, Renault-Nissan, PSA, JC Decaux ou encore EDF..
- Récital.ai : Société specialisée dans la conception d’algorithmes de machine learning et particulièrement de natural language processing
- Admission parallèle : Organisme de formation spécialisé dans la préparation des concours aux grandes écoles
- 2C finance : Cabinet de conseil financier spécialisé dans la direction financière opérationnelle déléguée et le conseil financier aux entreprises
- AlumnEye : Organisme de formation spécialisé dans la préparation des entretiens aux métiers du conseil et de la banque d’affaires
- Rocketschool : Ecole conçue sur un modèle d’alternance et spécialisée dans la formation des sales de demain
- XXII : Société de services spécialisée dans l’intelligence artificielle
- Legalstart : Société qui facilite la création d’entreprises à travers une plateforme simple et ludique.
- Ipesup : Prepa privée pour concours
- Quantmetry : Cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement des projets de data science
- 148: Agence de communication digitale
- Avolta partners : Spécialiste du conseil en M&A tech
Les avantages de l’auto-financement
- On garde son equity et le contrôle de sa société
- On évite les erreurs d’alignement de valeurs avec les fonds
- On ne passe pas de temps à faire du reporting
- Pas de valorisation démesurée
- Croissance mesurée et saine: pas de crise organisationnelle post levée
- On peut être catégorisée de TPE glorifiée et ça c’est super cool quand même
- On peut construire un produit scalable après les itérations sur des clients et lever plus facilement après quand on est rentable 😉
- La sortie est plus facile : une société de service qui fait X de chiffres d’affaires ou d’ARR (Saas) se valorise entre 0.8X et X. Une start-up Saas se valorise entre 10X et 15X. Admettons qu’un entrepreneur qui ne lève pas de fonds possède 50% de capital et génère 10m€ de CA en service au bout de 10 ans. Il pourra à la sortie dégager entre 4 et 5m€ pré-taxes avec un acquéreur à 10m€. Imaginons un entrepreneur qui lève à répétition jusqu’à valoriser sa société 200m€, il lui reste en moyenne 10% du capital. Il pourra dégager le double pré-taxes à condition de trouver un acheteur à 200m€ et de ne pas avoir de liquidation préférentielles. En France, on trouve 10 000 acheteurs à 10m€ pour 1 acheteur à 200m€. Vous êtes plus roulette ou machine à sous ?
Il y a certaines entreprises qui ont besoin de lever des fonds et je pense que le marché du financement arrive à maturité avec beaucoup de fonds disponibles : c’est une bonne chose. Une start-up a besoin d’accélérer. Chaque entrepreneur doit choisir la façon dont il veut construire sa société et la direction qu’elle prend. J’admire un Alan ou un Payfit qui veulent révolutionner des marchés ancestraux et je pense que la levée est un moyen pour eux de faire adopter leurs services très rapidement. Mais lever ne doit pas devenir une fin en soit et c’est un mode de financement qui ne correspond pas à tout le monde. Donc réfléchissez à comment vous souhaitez développer votre société avant d’entamer un roadshow.
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