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Thierry Lepercq, Un Temps D’Avance

© SolaireDirect

Le fondateur de l’énergéticien Solairedirect a réussi le prodige d’intégrer sa société dans le giron d’un grand groupe, en l’occurrence Engie, tout en conservant son esprit « start-up » et sans se départir de sa volonté d’innover, encore et toujours.

« J’ai besoin de vous pour m’aider à faire évoluer mon groupe». Ces propos, en date du 9 mai 2015, émanent de celle qui est en passe de prendre les rênes d’Engie, Isabelle Kocher. Alors directrice générale déléguée du groupe, elle sent le potentiel de Solairedirect, qui est déjà un acteur de référence dans la production d’énergie solaire dirigé d’une main de maître par l’ambitieux Thierry Lepercq. Ce dernier n’a pas eu à peser le pour et le contre très longtemps. En effet, le deal sera scellé en huit jours pour une somme légèrement inférieure à 200 millions d’euros. « Ma première rencontre avec Isabelle Kocher remonte au 14 avril 2015, lors d’un colloque de l’ADEME » se rappelle celui qui est alors à la tête de la florissante PME et qui revêtira, à la suite de cette opération menée tambour battant, le costume de directeur adjoint d’Engie en charge de la recherche et de l’innovation et intégrera également le comité exécutif du groupe.

 « Le courant » passe rapidement entre les deux protagonistes, Thierry Lepercq se montrant particulièrement séduit par la « vista » de la dirigeante. « Lors de son exposé sur la stratégie ‘énergies renouvelables’ d’Engie, j’ai tout de suite compris que nous étions sur la même longueur d’onde et que nous partagions une vision commune, à savoir celle d’un solaire devenu compétitif », se rappelle celui qui se définit comme un entrepreneur « mais pas un entrepreneur né » s’empresse-t-il d’ajouter, n’étant pas issu du « sérail » et « d’une famille d’entrepreneurs ». Rétrospectivement, toutefois, il estime que ce parcours dans le milieu de l’énergie sonnait comme une évidence. « J’avais, en effet, un certain atavisme pour l’énergie au sens large, mon père, qui était officier de marine, avait ensuite fait toute sa carrière dans le parapétrolier tandis que mon grand-père maternel était directeur de l’équipement chez EDF et a contribué à la construction de nombreux barrages en France dans les années 1960 ainsi que les premières centrales nucléaires ».

« Formation » financière américaine                         

Hormis cette « filiation symbolique », rien ne prédisposait pourtant Thierry Lepercq à endosser le costume de PDG fondateur de Solairedirect. Après des études classiques, et son diplôme d’HEC en poche, le jeune homme franchit le Rubicon et choisit de tenter sa chance aux Etats-Unis. Nous sommes alors en 1986. « Une première année en Caroline du Nord où j’ai enseigné le Français et suivi un parcours de sciences sociales puis ma première année de travail « professionnel » au sein d’une banque américaine baptisée Bankers Trust qui sera ensuite rachetée par Deutsche Bank ». C’est d’ailleurs à cette occasion que Thierry Lepercq se plonge, et se passionne, pour le monde du LBO (Leverage Buy-Out). « C’était une période résolument faste en termes de LBO », se souvient celui qui travaille sur la plus grosse opération de l’époque, à savoir celle de Burlington Industries avec Morgan Stanley. Montant de la transaction : 2,4 milliards de dollars. L’aventure américaine s’achève un an plus tard, en 1988, date à laquelle Thierry Lepercq regagne la « mère-patrie ».

Après avoir accompagné, un temps, des entrepreneurs toujours dans le thème du LBO, Thierry Lepercq intègre la banque Arjil, jusqu’en 1994, qui appartenait à l’époque au groupe Lagardère où il est en charge des fusions-acquisitions. Avant de rejoindre Oddo qui, avec l’avènement de la bulle technologique, se fait une spécialité dans l’introduction en Bourse de sociétés de logiciels ou de télécoms. Parmi la kyrielle d’opérations menées, l’une d’entre elles marquent indéfectiblement Thierry Lepercq et va faire office de « révélation », à savoir l’IPO de l’opérateur télécom Omnicom. « C’était une société fondée par un trio d’entrepreneurs qui lève de l’argent auprès de capital-risqueurs en 1996 et que j’introduis en bourse en 1997, contre l’avis général. Tout le monde pensait que j’étais fou d’introduire une société aussi jeune », se souvient Thierry Lepercq. L’opération s’avère être un véritable succès. Omnicom est, par la suite, rachetée en 1999 par le groupe américain GTS pour un montant avoisinant les 210 millions de dollars (1,3 milliard de francs à l’époque).

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