Désireux d’offrir ses lettres de noblesse à une matière première trop souvent décriée pour son manque d’esthétisme à l’état brut, Billy Chevallereau et Nadir Belghoul, à la tête du vaisseau-amiral « The French Vikings », s’évertuent à tordre le cou à ce postulat. Le tout en proposant une gamme de mobilier en béton au design soigné et épuré…tout en mettant leur savoir-faire à disposition de leurs clients avec le lancement ce samedi d’un « coffret » pour fabriquer soi-même ses meubles.
« Pourquoi le béton ? Tout simplement parce que nous avions le béton en commun. Si je travaillais sur du métal, ainsi que Nadir, nous nous serions tout naturellement tourné vers cette autre ‘discipline’ », souligne Billy Chevallereau, l’un des deux capitaines des « French Vikings », entité sortie de terre à l’été 2014. Happé par l’ennui de sa « vie précédente » dans la très chronophage galaxie financière, Billy travaille, en parallèle, sur du « petit mobilier » type lampes, vide-poches, jardinières. Mais une rencontre va bouleverser son destin. Juin 2014, lors d’une soirée estivale sous la chaleur parisienne, Billy fait la connaissance de Nadir qui, à l’époque suit des études de droits, mais qui a également une appétence toute particulière pour le béton, qu’il peaufine au sein de l’atelier de son père, en banlieue parisienne. « Nadir faisait davantage du béton ciré et industriel, bien plus abouti que le mien », précise Billy. Néanmoins, la symbiose entre les deux jeunes hommes est immédiate. Une semaine après ce premier contact, Nadir rend visite à Billy où ils échangent des heures sur leur passion commune. Un mois plus tard, les deux hommes « larguent » les amarres – et leur vie professionnelle respective – et se lancent corps et âme dans l’aventure. The French Vikings est sur rampe de lancement.
Dès lors, quel est le postulat de départ ? « Notre projet de base concernait essentiellement le petit mobilier », souligne Nadir, en l’occurrence les objets évoqués en préambule, à savoir des lampes, des jardinières etc. Mais comme dans tout projet voguant sur les mers agitées de l’entreprenariat, le fameux « retour d’expérience » est une donnée prépondérante. Et les « French Vikings » en ont rapidement pris conscience, nous y reviendrons. « Nous avons rencontré des décorateurs d’intérieurs qui ont commencé à s’intéresser à notre béton et qui désiraient en disposer, notamment sous la forme de grands plans de travail par exemple », poursuit Nadir. C’est ainsi que l’activité « projet d’exception » sort de terre. « Il s’agit, en effet, de plans de travail ou encore de grandes tables destinés à une clientèle haut de gamme et professionnelles, comme les restaurants, par exemple », développe Billy. Et de facto, le modus operandi est aux antipodes de celui utilisé pour le petit mobilier. « C’est un travail particulièrement fastidieux, le béton étant appliqué morceau par morceau avec un gros travail de ponçage, à l’instar de ce qui est réalisé pour le marbre, par exemple ». Et bien entendu, le prix n’est le même : ce type de béton avoisinant les 2 500 euros / m2.
Partager son savoir-faire
Après avoir écumé plusieurs ateliers, en banlieue et dans le XVIIIe arrondissement, Les deux hommes ont pris possession de leur nouvel antre en juillet 2016. Située à quelques encablures de Paris, à Aubervilliers et qui a nécessité de très lourds travaux que les deux hommes ont exécuté avec une certaine maestria au regard du résultat aujourd’hui. Un espace de plus de 1 700 m2 sobrement baptisé le Drakkar, du nom du bateau utilisés par les Vikings et dont la proue était souvent ornée de créatures fantastiques, le plus souvent un dragon. « Nous avions, au regard de notre activité, besoin d’un espace assez vaste », précise Billy. Avec, en filigrane, la volonté d’en faire profiter les « autres » en partageant leur savoir-faire.
« C’est dans cet état d’esprit que nous avons lancé nos premiers ateliers bétons afin que des particuliers viennent s’essayer aux techniques de fabrication et puissent repartir, à la fin de la session, avec un objet fabriqué de leurs mains ». Le premier organisé à la Recyclerie, dans le XVIIIe arrondissement remporte un conséquent succès d’estime…et d’affluence. « Pour 20 places, nous avions plus de 250 demandes », sourit Billy. Une formule qui a su trouver son rythme de croisière puisque désormais ce sont deux ateliers par semaine qui sont organisés au Drakkar. L’un en semaine, en soirée, et le second, le week-end, à partir de 14h.
Remettre le client au cœur du dispositif
The French Vikings, qui se finance sur fonds propres via un prêt bancaire de 30 000 euros et une campagne de crowdfunding ayant permis de récolter 20 000 euros, veulent continuer à renforcer la relation qu’ils entretiennent avec leurs clients. Point d’orgue de cette volonté : le lancement de la première édition, ce samedi après-midi, des « Aprèm du Drakkar », événement durant lequel plusieurs ateliers seront organisés. Un moment convivial où les participants pourront allègrement profiter du savoir-faire des « maitres de cérémonie » et repartir avec un « coffret » leur permettant de réaliser leur propre création à domicile, à des tarifs défiants toute concurrence. « Après deux ans d’activité, nous avons remarqué que nos clients avaient deux points communs : ils adorent le mobilier fait main et de bonne qualité et ils ont tous en général une situation financière confortable ou alors ils ont fait des sacrifices pour s’offrir nos produits. Nous voulons remédier à cela en rendant nos produits plus accessible », développe Billy.
Et d’ajouter. « Quand un client achète l’un de nos produits, il paie 95% de main d’œuvre ». Grâce à la promesse du « coffret » permettant de fabriquer soi-même son petit mobilier à des prix cassés. « Le Kit contient un petit moule en plastique, une bassine, une petite bâche ainsi qu’un mélange fait main. Il n’y a qu’à verser le mélange dans le moule et 18h plus tard, vous pouvez disposer d’une table, d’une lampe, d’une jardinière etc. Une lampe aujourd’hui vendue 200 euros sur notre site, vous allez pouvoir en fabriquer deux, via ce kit, pour 50 euros », explique Billy. Imparable en effet.
Développer l’écosystème
Mais Nadir et Billy fourmillent de projets et vont également annoncer officiellement, ce samedi, l’ouverture prochaine de leur incubateur situé au sein même du Drakkar. « Nous proposons d’héberger pendant six mois, six entrepreneurs créatifs disposant d’un savoir-faire manuel, pas forcément le béton, mais le bois, le cuir, le verre, la porcelaine », explique Nadir. Une activité conseil en somme. « C’est exactement cela, nous offrons un véritable accompagnement afin de permettre à ces gens de faire en six mois, ce que nous avons mis 18 mois à construire », poursuit Billy. L’idée à terme étant de créer un véritable label « French Vikings ». Fort de cette créativité et de ce sens du partage, le Drakkar peut prendre la mer en toute sérénité.
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