Et si, plutôt que de courir les magasins en ce jour d’ouverture des soldes, vous faisiez appel à un personal shopper ? La jeune pousse Cleed, contraction de “the clothes you need” compte démocratiser l’accès à cet assistant, grâce au numérique. Méconnu du grand public, l’acheteur professionnel est couru des célébrités : il déniche les dernières tendance en leur évitant la cohue des boutiques. En ligne, l’intelligence artificielle comprend et anticipe les goûts de l’utilisateur qui se voit proposer des vêtements comme le mélomane découvre de nouvelles suggestions de morceaux sur les sites de musique en ligne.
Leur job : dénicher – à l’improviste, à l’avance ou à la dernière minute – l’accessoire unique qui viendra sublimer une tenue, l’élément inattendu qui illuminera une table, le dernier sac ou la dernière robe tendance. Les personal shopper parcourent les boutiques mais ne courent pas les rues. Quasi exclusivement embauchés par ceux que l’on pourrait regrouper sous l’appellation « riches et célèbres » pour leur éviter la cohue et la perte de temps des essayages en boutiques, les acheteurs professionnels risquent bien d’être remplacés par un algorithme.
La start-up Cleed, contraction de « the clothes you need » – les vêtements dont vous avez besoin – souhaite démocratiser, grâce au numérique, cet assistant personnel. Et ceci avec trois fonctions : le machine learning pour mieux connaître les goûts et les couleurs de l’acheteur et lui proposer ses futures tenues, un système de reconnaissance visuelle pour affiner la compréhension de ce qui plaît ou non, et un ‘’virtual dresser’’ ou la possibilité d’essayer un vêtement à distance en prenant une photo de soi.
Le Deezer ou le Spotify de la mode
L’idée est née d’un double constat, raconte le fondateur de Cleed, Adrien Vaissade. « L’offre est dense et la mode change sans cesse, nous avons donc du mal à définir nos propres goûts. Or, dans d’autres secteurs, comme la musique par exemple, des sites nous permettent de découvrir de nouveaux artistes en fonction de ce que l’on aime déjà. » Le jeune entrepreneur lance donc un assistant pour trouver plus facilement chaussure à son pied. Une sorte de Deezer de la mode.
Sur le site internet, l’utilisateur se soumet à un rapide questionnaire pour enregistrer ses tailles de vêtements, son budget, les éléments qu’il recherche. Pour affiner la connaissance de ses goûts dans quatre grands styles – work, casual, creative et classic – des visuels lui sont proposés. Un simple système de « j’aime / j’aime pas » sous les modèles nourrit la machine qui engrange des données sur son utilisateur. Les suggestions naîtront de cet apprentissage continu.
La jeune pousse, créée en 2017 mais dont le site vient juste d’être mis en ligne, est affiliée à plusieurs grands distributeurs : Asos, La Redoute, Yoox, Ssense et Farfetch pour le luxe. Chacun diffusant de nombreuses marques, Cleed en revendique près de 6 000 sur son site. « La finalisation d’un achat se réalise sur le site du distributeur. De notre côté, nous nous rémunérons avec un lien d’affiliation en prenant une commission de 7 à 10% sur les ventes. » La start-up développe déjà des offres en marque blanche pour développer une offre B2B.
Matching
Adrien Vaissade, qui dans une vie antérieure s’occupait d’introductions en bourse, s’occupe de la partie business de l’entreprise. Il est accompagné de Killian Palos à la technique, d’Ujjwal Verma, expert en computer vision pour l’offre reconnaissance visuelle et de Christine Lerche pour les conseils mode. « Les marques de luxe sont très exigeantes », souligne Adrien Vaissade. Cleed a donc pris la décision de ne pas intégrer de publicité sur son site dont le design épuré est signé Thomas Lin.
La petite équipe roulait en fonds propres depuis le lancement et grâce à l’accompagnement de Bpifrance, mais vise une levée en 2019 « quand nous aurons des metrics ». En attendant, Cleed veut « provoquer un matching entre le potentiel client et le vêtement ». Et doit pour cela continuer de nourrir son machine learning.
Kristen Stewart en ‘’personal shopper’’ fantomatique
En 2016, Kristen Stewart incarnait Maureen, acheteuse professionnelle pour une célébrité dans le film d’Olivier Assayas, Personal Shopper. Un métier qui révulse autant qu’il fascine l’héroïne, venue à Paris sur les pas de son frère jumeau mort. Et un prétexte pour le réalisateur de filmer son actrice sous toutes les coutures.
Vestiaire Collective, le troc du luxe
Du luxe d’occasion. Incompatible ? Pas à l’heure du numérique. En 2009, Vestiaire Collective se lance comme place de marché des articles de luxe d’occasion. La mode de la seconde main rend le luxe plus accessible. Avec plusieurs millions de membres enregistrés dans le monde et 600 000 articles, la start-up dépasse un volume d’affaires de plus de 100 millions d’euros. A Paris, New York et Tourcoing, l’entreprise dispose de hub pour effectuer les contrôles qualité et authentification des produits proposés par les internautes.
Article et encadrés publiés dans le 5ème numéro de Forbes France, en kiosque depuis décembre 2018
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