Des hommes blancs gèrent la Silicon Valley. Dans les entreprises du web et de la tech, peu de place pour la diversité et l’égalité, notamment aux postes techniques et de direction. C’est ce qui ressort des différentes statistiques révélées par les entreprises elles-mêmes.
Le 29 juin dernier, Google dévoilait son rapport annuel de la diversité : le géant du web est passé de 21 à 25% de femmes aux postes de direction et de 68 à 56% de salariés blancs. Le tout, en trois ans. Depuis quelques années, les critiques affluent contre les géants du web : En 2015, Ellen Pao, directrice de Reddit, accusait son ancien employeur, le fonds d’investissement KPCB de sexisme. En janvier, une enquête était ouverte pour inégalités salariales contre Google. En février, les révélations d’une ingénieure de Uber provoquaient une enquête interne pour harcèlement sexuel. Et la semaine dernière, des accusations de sexisme et de harcèlement sexuel émanaient de femmes entrepreneures contre plusieurs grands investisseurs.
Depuis 2014, les géants du web et de la tech aux Etats-Unis sont invités à publier leurs statistiques ethniques et de genre. Si en France il est possible, au nom de la loi sur la parité, de révéler les pourcentages de femmes et d’hommes à l’Assemblée ou dans les conseils d’administration, les statistiques ethniques restent, elles, interdites. Ce n’est pas le cas aux Etats-Unis où celles-ci sont perçues comme une manière de lutter contre les discriminations. Et il y en a besoin. 30% de femmes et 37% de personnes non blanches. Au mieux. En 2014, le Wall Street Journal publiait le même genre d’étude, proposant un classement des entreprises à plusieurs entrées : les postes de direction ou les postes techniques, et femmes vs hommes, minorités vs blancs. La dernière mise à jour de 2016 place Linkedin en tête avec 30% de femmes et 37% de diversité aux postes de direction, et eBay avec 24% de femmes et Yahoo ! avec 69% de minorités aux postes techniques.
En avril dernier, la start-up Blendoor analysait 138 grandes firmes américaines de la tech sur la place des femmes et des minorités ethniques, l’égalité salariale, handicap et l’intégration des LGBT. Avec 30% de femmes et 13% de diversité aux postes de direction, Salesforce obtenait 82/100, venaient ensuite Apple, HP et Twitter avec 81/100. Dans les plus mauvais scores, Netflix avec 16% de femmes et 5% de minorités aux postes de direction.
Uber
Pour la première fois, en mars dernier, Travis Kalanick, alors encore patron de Uber, rendait public un rapport sur la diversité au sein de son entreprise. Aux Etats-Unis, où Uber embauche 6 000 personnes (12 000 dans le monde), 64% des salariés sont des hommes. Surtout, ces derniers occupent les postes de direction à 78%. Côté diversité, l’entreprise est à 50% blanche, les hispaniques n’occupant que 2% des postes et les noirs 1% seulement, alors qu’ils représentent 14% de la population américaine. Cette soudaine appétence pour la transparence tombe un mois seulement après l’ouverture d’une enquête interne pour harcèlement sexuel après les accusations d’une ancienne ingénieure, Susan J. Fowler qui révélait dans un post de blog les agissements d’un supérieur.
« L’enquête n’est pas complète, mais à ce stade, le ministère a reçu des preuves convaincantes d’une discrimination très importante contre les femmes dans les postes les plus communs au siège de Google. » C’est ce que révélait au tribunal de San Francisco la directrice régionale du Department of Labor chargée d’enquêter sur les pratiques du géant de l’Internet après l’ouverture d’un procès en janvier, parlant même de « disparités de rémunération systématiques » au sein de l’entreprise. Et dans le recrutement, la féminisation avance timidement chez Google. Le 29 juin dernier, l’entreprise dévoilait son rapport annuel. Google est ainsi passée en trois ans de 17 à 20% de femmes techniciennes et de 21 à 25% de femmes aux postes de direction. Côté diversité, Google embauche 56% de salariés blancs, contre 68% en 2015, dont 35% d’asiatiques. Et seulement 2% de noirs.
Conscientes de ces critiques, les entreprises de la tech tentent de s’améliorer : Google annonçait 150 millions de dollars en 2015 pour promouvoir la diversité, Facebook 15 millions pour Code.org qui permet de faciliter l’accès aux métiers de l’informatique, et Uber avance 3 millions sur les trois prochaines années. Mais l’investissement ne fait pas tout. Pour contrer l’argument des entreprises selon lequel il n’y aurait pas assez de candidats issus des minorités, une ancienne étudiante de Datmouth, Kaya Thomas, aujourd’hui développeuse, répliquait : « nous sommes là, mais vous décidez de ne pas nous voir. » Dans son texte « Talents invisibles », la jeune femme afro-américaine invite les entreprises à recruter différemment, en n’allant par exemple par chercher les talents dans les entreprises les plus prestigieuses, et donc les plus discriminantes.
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