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Série d’été – Milliardaires nouveaux entrants | Bernard Charlès, un pionnier de l’industrie numérique

Bernard Charles, sur le plateau de BFM Business, en 2022

Bernard Charlès, méconnu du grand public, est pourtant l’un des dirigeants français les plus influents de l’industrie mais aussi le mieux payé. Avec une vision avant-gardiste de la technologie, cet infatigable breton a mené Dassault Systèmes au sommet de l’innovation numérique dans l’aéronautique mais également dans la santé. Un patron d’une « start-up qui a un nom de famille » aime-t-il répéter, comme pour rappeler qu’il est avant tout un créateur d’entreprise, au service dans la même maison depuis 25 ans.

 « Nouveaux entrants » : durant l’été, Forbes vous propose des portraits des nouveaux entrants dans le classement des milliardaires français publié au printemps dernier.

 

De sa vie privée, on ne sait pas beaucoup de choses. Cet homme discret qui ne fait jamais la une des médias, a suivi des études brillantes. Normalien et agrégé et docteur en mécanique de l’Institut supérieur de mécanique de Paris, sa spécialisation dans l’ingénierie de l’automatisation et les sciences informatiques, se révèlera cruciale pour ses futures réalisations. En 1983, il rejoint Dassault Systèmes où il sera nommé très vite directeur Stratégie, recherche et développement. C’est à ce poste qu’il a commencé à transformer l’industrie de l’aéronautique avec l’introduction de la maquette numérique (Digital Mock-Up ou DMU), une technologie révolutionnaire permettant de modéliser des produits complets en 3D, remplaçant ainsi les prototypes physiques. Promu directeur général de Dassault Systèmes et membre du Conseil d’administration en 1995, il orchestre l’entrée en bourse de l’entreprise. En 2000, il lance le concept de gestion de cycle de vie des produits (Product Lifecycle Management ou PLM), étendant ainsi la maquette numérique à l’ensemble du cycle de vie d’un produit.

Si aujourd’hui, Dassault Systèmes emploie 16 000 personnes dans le monde et peut s’enorgueillir d’avoir fait son entrée au CAC 40, le revenu de Bernard Charlès qui s’élève à 33 millions d’euros par an, soit 63 euros par minute, fait parfois grincer les dents. Ce à quoi, il répond que si le cours de l’action Dassault Système valorisé près de 50 milliards d’euros, a été multiplié par dix en dix ans, sa rémunération l’a été “seulement” par quatre et pour l’essentiel, versée en actions. De quoi refléter la volonté du premier actionnaire du groupe, la famille Dassault, de traiter Bernard Charlès comme un entrepreneur et un créateur d’entreprise, plutôt que comme un manager. Sous sa direction, Dassault Systèmes a diversifié ses applications au-delà de l’aéronautique, en développant des secteurs comme le médical, l’urbanisme et le commerce et de nombreuses filiales (Catia, Solidworks, Enovia, Delmia, Simulia, Biova, Geovia, Netvibes, Exalead, Meditata). Une diversification qui montre sa capacité à voir les opportunités au-delà des frontières traditionnelles de l’industrie.

En particulier le rôle crucial des technologies numériques lors de crises mondiales, qu’il voit comme essentiels pour maintenir le fonctionnement des sociétés malgré les défis. « La prise de conscience provoquée par une succession incroyable de crises et de chocs. Le Covid-19, le retour de la guerre en Europe, mais aussi les conséquences du changement climatique ont mis en lumière nos dépendances. Mais aussi le rôle positif des outils numériques, qui ont permis à nos sociétés de continuer à fonctionner, malgré les confinements. » explique-t-il au Figaro.

Dans la santé, c’est également un virage à 360 degrés que Dassault Systèmes a opéré en développant la modélisation et la simulation via des logiciels avancés : ses représentations numériques détaillées du corps humain mais aussi des processus biologiques sont au cœur de nouveaux traitements et dispositifs médicaux. « En 1999, nous avons lancé un premier programme dans la bio-intelligence qui mobilisait 250 chercheurs. Il a permis d’obtenir la représentation numérique d’une cellule humaine. À l’époque, j’étais le seul convaincu que cela allait nous permettre de changer les choses. », explique-t-il au JDD, avant d’ajouter « Nous travaillons aussi sur un jumeau numérique du cerveau qui permettra d’intervenir plus efficacement en cas de tumeurs, difficiles à localiser. ». Très récemment, Bernard Charlès a annoncé un nouveau grand plan en faveur de l’écologie et du développement durable, comme l’utilisation de cellules et matériaux recyclables dans les logiciels, qui montre son souhait de positionner Dassault Systèmes à la pointe de la technologie verte.

Officier de la Légion d’honneur depuis 2012, membre de l’Académie des Technologies depuis 2009 et membre étranger de la National Academy of Engineering des États-Unis, les contributions de Bernard Charlès à l’industrie ont été largement reconnues, et reflètent sa véritable passion pour la technologie et l’innovation. Grâce à sa vision révolutionnaire, le secteur industriel est entré dans une nouvelle ère d’innovation numérique et a contribué à redéfinir les standards de la conception et de la fabrication à l’échelle mondiale.

Bernard Charlès en cinq dates clés :

1983 : Arrivée chez Dassault Systèmes

1988 : Nommé directeur Stratégie, Recherche et Développement, il lance la maquette numérique (DMU), révolutionnant la modélisation 3D et remplaçant les prototypes physiques par des versions virtuelles.

1995 : Il devient directeur général et membre du Conseil d’administration et ouvrant une nouvelle ère de croissance et de reconnaissance internationale de Dassault en l’introduisant en bourse.

2000 : Lancement du concept de gestion du cycle de vie des produits (PLM), il étend la maquette numérique à l’ensemble du cycle de vie d’un produit, de la conception à la maintenance.

2016 : Nommé vice-président du Conseil d’administration, il continue de guider l’entreprise vers de nouveaux horizons, notamment dans le secteur de la santé et de l’urbanisme.

 

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