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Sarah Ourahmoune, Du Ring A L’Entrepreneuriat

Elle a déjà été 10 fois championne de France, championne du monde en 2008 et championne olympique. Mais désormais, c’est en tant que femme d’affaire qu’elle veut battre des records. Depuis qu’elle a définitivement raccroché les gants après sa finale à Rio, Sarah Ourahmoune se consacre à sa start-up Boxer Inside. Portrait.

Pour décrocher une interview avec Sarah Ourahmoune, il faut réussir à se glisser dans son agenda surchargé. Speakeuse lors d’une conférence chez Raise (la société d’investissement de Clara Gaymard) un jour, invitée au ministère de la jeunesse et des sports le lendemain,  interviewée par le Bondy Blog quelques jours auparavant : Sarah Ourahmoune passe d’un événement à l’autre à un rythme effréné. Une cadence pourtant bien plus reposante que celle qu’elle s’imposait il y a encore quelques mois pour préparer les Jeux Olympiques de Rio. Après sa médaille d’argent, la mère de famille de 34 ans a mis fin à sa carrière de boxeuse pour se consacrer à sa nouvelle vie : celle d’entrepreneuse. Loin d’être une lubie, sa reconversion est un projet mûrement cogité. En 2012, elle rate sa qualification pour les Jeux Olympiques de Londres. La sportive décide alors de renoncer à sa carrière et se lance dans la création de sa première entreprise. « J’avais besoin de défi, de cette ambiance de compétition, de concurrence et de prise de risque  », se justifie-t-elle.

Au cours du master en communication qu’elle suit alors à SciencesPo, elle assiste à un séminaire sur l’entrepreneuriat. En écoutant des leaders comme les fondateurs de Michel et Augustin, un déclic se produit. « Je me suis dit que c’était vraiment ce que j’avais envie de faire. Comme on avait la possibilité de postuler à l’incubateur de SciencesPo, je me suis lancée », explique-t-elle simplement. En 2013, elle intègre le programme SciencesPo entrepreneur et gagne en réseau et en crédibilité. « C’est vrai que quand je me présentais au début en parlant de boxe, ça faisait un peu peur. En disant que j’ai aussi fait SciencesPo, cela crée un équilibre, les gens se disent qu’il y a le corps, mais aussi la tête et les portes s’ouvrent plus facilement », sourit-elle aujourd’hui. Avec Boxer Inside, elle propose des cours de boxe dans les entreprises et des exercices de team building. Si elle découvre un nouvel univers, la championne retrouve les mêmes valeurs que sur le ring. « Pour monter une boîte, il faut beaucoup de temps, d’énergie et de patiente. Cela nécessite aussi d’avoir de l’empathie. Quand on boxe, il faut déceler ce que ressent l’adversaire, s’il a peur, s’il est en confiance. Face à des clients, c’est la même chose. »

Des gants connectés pour séduire les débutants

Son retour à la compétition en 2014 mettra un léger coup d’arrêt à sa carrière de business women. « Je m’étais dit, je prends un peu de retard avec la préparation olympique, mais en cas de victoire ça m’aidera dans mon projet. J’étais déjà légitime parce que j’avais un beau palmarès, mais les JO permettent une très belle médiatisation. » Son pari est le bon. Avec la pluie de médailles remportées par les tricolores à Rio (6 au total), le sport, longtemps confidentiel, connaît un engouement sans précédent. En plus de l’argent olympique, Sarah Ourahmoune ajoute une corde à sa start-up en poursuivant son nouveau projet : des gants de boxe connectés. Dotés de capteurs et connectés à une appli, les gants fonctionnent sur un mode entraînement ou un mode combat. En mode entraînement, l’utilisateur peut choisir le nombre de rounds et le temps de repos et les capteurs calculent les uppercuts, les crochets et les directs. En mode combat, le score des deux adversaires s’inscrit sur un écran en temps réel. Avec cette innovation, l’athlète veut toucher les amateurs. « C’est vraiment pour ceux qui ne montent pas sur un ring, mais veulent voir leur évolution. Le but est de s’amuser en boxant, de se challenger. » Le premier prototype, doté de 12 capteurs, est en cours de finalisation et Sarah imagine déjà une commercialisation dans un an.

La start-up Boxer Inside a déjà séduit les incubateurs Paris Pionnières et Le Tremplin. Avec deux autres sportives, la championne a été sélectionnée pour participer à la première promotion des « Sprinteuse », un programme d’incubation de six mois conçu pour promouvoir les femmes entrepreneures dans le sport. « Quand on l’a reçu dans le jury, on a été super impressionné parce qu’une sportive de haut niveau, en terme d’esprit entrepreneurial, il n’y a rien de meilleur. La résilience est inscrite dans l’ADN d’un athlète », souligne Caroline Ramade, directrice générale adjointe de Paris Pionnières. Devenue addict au business, Sarah est bien décidée à ne rien lâcher. Si elle ne sait pas si Boxer Inside existera encore dans 10 ans, elle est certaine d’une chose : elle sera une serial entrepreneuse. « Les JO, je n’avais qu’une seule chance. Quand on crée sa boîte, on peut recommencer autant de fois qu’on veut », insiste-t-elle. La sprinteuse n’est pas prête de ralentir.

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